Sur le vif

En Algérie et en Tunisie, un vent de censure secoue les feuilletons télévisés du Ramadan

Rédigé par Emir Kaplan | Vendredi 15 Avril 2022 à 15:00



A chaque mois du Ramadan, les séries télévisées débarquent en force sur les chaînes de télévision arabes, rassemblant chaque année des millions de téléspectateurs, au moment où les familles se regroupent pour le repas de rupture du jeûne. Les feuilletons ne sont néanmoins pas à l’abri de polémiques.

Ainsi, la série « Hab el Mlouk » (Les cerises) a été retirée temporairement de la télévision algérienne lundi 11 avril après la diffusion d’une scène jugée immorale par des téléspectateurs. Celle-ci montrant une employée de bureau en train d’aguicher son directeur a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux où le hashtag « Où est l’autorité de régulation (de l’audiovisuel) » était en tête des sujets les plus commentés en Algérie.

L’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), l’instance de contrôle des médias algériens, a alors convoqué le directeur de la chaîne privée Ennahar, lui reprochant d’avoir diffusé « des séquences obscènes ayant suscité l’indignation de toutes les franges de la société ». Le directeur de la chaîne, Anis Rahmani, a déclaré ne pas avoir visionné tous les épisodes de la série et s’est engagé à ne reprendre la diffusion « qu’après avoir passé en revue tous les épisodes ».

La diffusion de la série a été suspendue pendant une semaine à compter du lundi 10 avril. Pendant ce temps, une autre série « Babouh Ellouh » diffusée sur la chaîne algérienne Echorouk TV a également suscité la polémique avec des séquences jugées « attentatoires à la sacralité du Ramadan », menant à la convocation de la directrice par l'ARAV. La chaîne, qui a maintenu la diffusion de la série, s’est défendue en affirmant, mardi 12 avril, les séquences en cause diffusées sur le Web n’ont rien à voir avec ce qui est diffusé sur Echorouk. Celle-ci a réitéré devant le gendarme de l'audiovisuel son engagement à supprimer tout ce qui pourrait heurter le public ou porter atteinte à la pudeur, qu’il s’agisse de « Babouh Ellouh » ou d'une autre série,

Si la série « Hab el Moulk » est suspendue en Algérie, ce n’est pas le cas en Tunisie où elle est aussi diffusée en Tunisie sur Hannibal TV sans controverse. C’est la série « Baraa » (L’innocence) sur la chaîne privée El Hiwar qui a suscité la polémique car elle aborde la polygamie et le mariage coutumier (qui se veut express, souvent temporaire), toutes deux interdites dans ce pays.

Le ministère tunisien de la Femme, de la Famille et des Seniors a rappelé dans un communiqué que ce type de mariage appelé orfi est « une violation criante de la civilité de l’Etat, une des formes de traite de personnes, et une menace pour les droits des femmes ». Avant d’ajouter : « Le drame et l’art en général, ont pour rôle de contribuer à faire connaître les éléments du crime et à en dévoiler les fausses représentations, et ce dans le cadre du respect total des mécanismes de régulation et des règles régissant l’audiovisuel, en prime le rejet de la violence, du jusqu’au-boutisme, et de l’extrémisme, tout en veillant à la préservation de l’intérêt suprême de l’enfant. »

Lire aussi :
Ramadan et TV : à chacun son programme
Ramadan : « Le feuilleton religieux rassemble les générations »