Sur le vif

Départementales : la présence d'une candidate voilée divise LREM, accusée de faire le jeu de l'extrême droite

Rédigé par | Mardi 11 Mai 2021 à 13:55



À Montpellier, la présence d’une femme apparaissant voilée sur une affiche de campagne électorale en vue des élections départementales secoue La République en Marche (LREM). Stanislas Guerini, délégué général du parti, a menacé de retirer son soutien aux deux marcheurs Hélène Qvistgaard et Mahfoud Benali, candidats pour le canton Montpellier 1, s’ils ne modifiaient pas le visuel sur lequel apparaît la suppléante Sara Zemmahi.

« Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale. Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera leur soutien », a menacé l’élu sur Twitter lundi 10 mai.

Pour enlaidir le tableau, sa réaction fait suite à un tweet du vice-président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. Ce dernier avait relayé l’affiche des candidats sur son propre compte en interpellant directement la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. « C’est cela la lutte contre le séparatisme Marlène Schiappa ? », se demandait-il, en faisant allusion au voile de la jeune ingénieure.

Les réactions dénonçant la position du député de Paris ne se sont pas faites attendre, y compris au sein de son propre parti. « Écarter cette candidate serait une discrimination. La loi protège les convictions religieuses et la liberté de les afficher en campagne électorale. La jurisprudence est tout aussi claire. Puis les électeurs décident. Le mépris du droit, c’est l’agenda du RN. Pas le nôtre », s’est exclamée la députée LREM du Val d’Oise, Naïma Moutchou. Même son de cloche du côté de ses collègues Cécile Rilhac et Stella Dupont.

« Je suis en désaccord total avec ces propos tant sur le fond que la forme. La légalité et la liberté de conscience prévalent. Les électeurs disposent. Quant à relayer un cadre du FN, c’est injustifiable. Ce parti, leurs opinions, leurs dirigeants, je les combats », a signifié le député de la Vienne, Sacha Houlié, lui aussi étiqueté LREM.

L’ancien député des Hauts-de-Seine, Alexis Bachelay, a également pointé du doigt une prise de position qui joue le jeu du RN. « En se soumettant littéralement aux injonctions de l’extrême droite, LREM tourne le dos à sa raison d’être, qui était le refus des extrêmes. A moins d’un an de l’élection présidentielle, ce virage ne sera pas sans conséquences ! », a-t-il averti.

De nombreux tweets ont rappelé que rien dans la loi n'interdit à un candidat de se présenter avec des signes religieux dans le cadre d'une élection, ce qu'a reconnu le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Néanmoins, il a choisi de soutenir Stanislas Guerini. Le choix pour LREM est clair : « On ne souhaite pas présenter un.e candidat.e qui s'affiche sur des documents officiels de campagne avec un signe ostensible religieux. C'est une question de choix politique », a-t-il affirmé, mardi 11 mai, sur France Inter. Marlène Schiappa, qui a retweeté le message du délégué de LREM, n’a pour sa part fait aucun commentaire.

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