Sur le vif

Baby Loup : une décision porteuse d'islamophobie pour la CGT

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 16 Juillet 2014 à 13:42



Le licenciement de la salariée voilée de la crèche privée Baby Loup a été confirmée le 25 juin dernier par la Cour de cassation. Par une telle décision, « l’employeur peut désormais interdire le port du voile à ses salariés sans aucune justification qui tienne la route, et les licencier sur ce motif », dénonce la Confédération générale du travail (CGT) dans un communiqué daté de mardi 15 juillet.

Dans un climat politique où le port du voile est brandi comme un ennemi de la laïcité, le syndicat est l’un des rares à s’opposer clairement à ce jugement. « En quoi le port du voile est-il incompatible, comme le prétend la Cour de cassation, avec des "relations avec (des) enfants et leurs parents" ? Cette décision est inquiétante car elle contribue à alimenter les propos islamophobes qui inondent notre société en laissant suggérer que le port du voile puisse être un acte de prosélytisme. En quoi la pluralité culturelle et religieuse porte-t-elle atteinte à "la liberté de conscience" des enfants ? », s’interroge ainsi la CGT.

« La Cour de cassation prétend par ailleurs que le port du voile par la salariée d’une crèche porte atteinte à la liberté des parents d’éduquer leurs enfants selon leurs convictions personnelles. Cette jurisprudence aboutit à ce que l’employeur puisse décider, à son gré, d’interdire ou non les signes religieux dans son entreprise. Au final c’est l’employeur qui, par le biais du règlement intérieur, a le pouvoir de décider de l’orientation de l’éducation des enfants, en faisant prévaloir s’il le souhaite, la négation de la diversité religieuse, culturelle ou politique sur l’acceptation des différences », avance le syndicat, qui estime que « la laïcité ne saurait être utilisée pour autoriser un employeur à restreindre la liberté religieuse de son salarié ».

« Il n’est pas acceptable que l’entreprise soit considérée comme un lieu d’effacement des identités culturelles, politiques, syndicales et religieuses des salariés. Le salarié n’a pas à laisser son identité à la porte de l’entreprise », argue encore la CGT. « Espérons que cette décision ne soit que le fruit d’un égarement ponctuel des juges suprêmes dans un contexte de surmédiatisation de l’affaire et d’islamophobie ambiante », conclut l’organisation syndicale, qui ne saurait être plus claire sur son rejet d’un arrêt discriminant les femmes voilées.

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