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Société

La nouvelle guerre contre le voile dans le secteur privé

Rédigé par Maria Magassa-Konaté et H. Ben Rhouma | Lundi 25 Mars 2013 à 18:00

           

La laïcité telle qu'inscrite par la loi de 1905 ne convient plus à la classe politique. Alors que la loi permet jusque là le port des signes religieux dans le secteur privé, les politiques, sondages et pétitions à l'appui, sont très nombreux à vouloir légiférer vers une interdiction généralisée. Les premières victimes ne sont ni plus ni moins que les musulman-e-s, qui doivent subir à nouveau le battage médiatique autour de leurs pratiques que les politiques veulent criminaliser à tout prix.



La nouvelle guerre contre le voile dans le secteur privé
« Les Français et le port du voile ou du foulard islamique par des employées de lieux privés accueillant du public », c’est le titre du sondage IFOP réalisé pour Ouest France et dont les résultats ont été dévoilé dimanche 24 mars.

Après l’annulation, par la Cour de Cassation, de la décision judiciaire relative au licenciement d’une salariée voilée de la crèche privée Baby Loup, cette enquête avait pour but de mesurer l’opinion des Français sur le port du voile par des employées du secteur privé.

Les résultats ne sont pas pour plaire aux citoyens français de confession musulmane, dont les pratiques sont une nouvelle fois mises à l'index. Les sondés se déclarent à une écrasante majorité (84 %) opposés au port du voile par des femmes travaillant dans des lieux privés accueillant du public tels les commerces, les supermarchés, les cabinets médicaux, les crèches et les écoles privées. Seuls 12 % se montrent indifférents et 4 % favorables.

« Ces chiffres, très tranchés, sont quasi-identiques à ce que nous mesurions en octobre dernier concernant le port du voile ou du foulard islamique dans les classes d’écoles publiques auquel 89 % des personnes interrogées étaient opposées et nettement supérieurs à ce que nous enregistrions dans le même sondage concernant le port du voile ou du foulard dans la rue ("seulement" 63 % d’opposés) », rappelle l’IFOP.

De pétitions en sondages, même tendance

Les résultats de cette dernière enquête montrent, par ailleurs, qu’il y a peu de différences d'opinion à ce sujet selon le genre, l’âge et la catégorie socio-professionnelles des personnes interrogées. Ainsi, dans ce sondage réalisé du 19 au 21 mars auprès de 1004 personnes, les hommes et les femmes s’opposent à une même proportion au voile (84 %).

Cette opposition est aussi peu marquée en fonction des générations (76 % parmi les moins de 35 ans contre 86 % auprès des 65 ans et plus) ou les catégories sociales (82 % d’opposés parmi les CSP+ contre 87 % dans les milieux populaires).

L'écart est un peu plus visible du côté des orientations politiques des sondés. Si 98 % des sympathisants du FN et 92 % de l’UMP ne veulent pas être accueillis par des employées portant le voile, 77 % des électeurs de gauche suivent leur avis. Les autres sont favorables au voile (7 %) mais surtout indifférents (16 %).

« A rebours de la ligne juridique rappelée par la Cour de cassation dans le cadre de l’affaire Baby Loup, l’opinion publique est donc dans ses multiples composantes très majoritairement en demande d’une conception beaucoup plus "offensive" du principe de laïcité à la française », note l’IFOP.

Des personnalités lancent la bataille contre le voile

Les résultats de ce sondage sont sans équivoque. Dans la foulée de l'IFOP, un sondage BVA dévoilé lundi 25 mars montre que 83 % des Français sont favorables à une loi interdisant le voile dans les structures privées.

Prétextant la défense de la laïcité, une telle loi est réclamée par plusieurs personnalités comme la philosophe Elisabeth Badinter, le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Harlem Désir, l’ex-ministre UMP Jeannette Bougrab et la présidente de l’association Ni Putes Ni Soumises, Asma Guénifi. Cosignataires de la pétition intitulée « Crèche Baby-Loup : appel à toutes les consciences républicaines ! » et soutenue fièrement par Marianne, ils demandent à l’Assemblée nationale et au Sénat de légiférer pour l'interdiction le port du voile dans le monde du travail.

« Le moment est grave, nous sommes dans une heure de vérité où la laïcité en France doit absolument être consolidée et réaffirmée », interpellent-ils en s’indignant contre la dernière décision rendue dans l’affaire Baby Loup. Des députés les ont précédé puisqu'une loi dite anti-nounous voilées est à l'étude depuis janvier.

Une fois encore, on regrette que le coup de projecteur politique se braque sur les musulmanes voilées, dont la classe médiatico-politique veut leur marginalisation de la société française. Alors que le pays en crise est secoué par la montée du racisme et de l'islamophobie, les femmes voilées, et plus globalement les musulmans, deviennent des cibles de choix pour détourner l'attention des citoyens plutôt que de les amener à s'alarmer sur des dossiers socio-économiques hautement plus préoccupants pour l'avenir de la France.






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