Société

Attentats de Bruxelles : les musulmans d’Europe au chevet de la Belgique

Rédigé par Samba Doucouré et H. Ben Rhouma | Mercredi 23 Mars 2016 à 16:35

Les attentats de Bruxelles ont provoqué une pluie de réactions, y compris de la part d'organisations musulmanes qui ont naturellement fait part de leur horreur face aux terribles attaques. Le tour sur Saphirnews de leurs premières déclarations en France et en Europe.



Un rassemblement spontané après les attentats de Bruxelles mardi 22 mars. © Reuters
La Belgique entame trois jours de deuil national après les attentats meurtriers du 22 mars à l’aéroport Zaventem et à la station de métro Maelbeek à Bruxelles.

Alors que les autorités belges annoncent un bilan provisoire de 31 morts et 270 blessés, des organisations musulmanes du pays se sont rapidement exprimées. L’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) a condamné « fermement et sans réserve (…) des actes d’une cruauté extrême commis à l’encontre de citoyens innocents » et déploré « ces événements dramatiques, touchant le cœur de l’Europe, mettent à mal les efforts de la société, de l’EMB et de l’ensemble de la communauté musulmane de Belgique en faveur du vivre ensemble ».

Le soutien des institutions françaises

De nombreuses institutions musulmanes en Europe ont affiché leur soutien et leur solidarité. En France, à l'instar du Conseil français du culte musulman (CFCM), l’Union des organisations islamique de France (UOIF) a rappelé que « les musulmans de France et d’Europe condamnent et rejettent ce terrorisme barbare et qu’ils sont horrifiés que leur religion soit associée par ces criminels à de tels actes ».

La Grande Mosquée de Paris, qui a communiqué sa « totale solidarité aux blessés de ce lâche, atroce et brutal massacre qui ensanglante un pays ami », dit se souscrire « aux déclarations de François Hollande et du roi des Belges : "Plus que jamais, l’unité des deux nations est la condition première et inéluctable de faire face à ce défi de guerre qu’il faut absolument relever". »

Pour l’Union des mosquées de France (UMF), « ces attentats revendiqués par le groupe "Daech" dans des termes effroyables nous rappellent, une fois de plus, que le terrorisme ne se fixe aucune limite dans l’horreur et la lâcheté. Nous devons lui opposer sans relâche, notre cohésion, notre unité et toute notre détermination ».

L'unité plus forte que la haine

L'Association internationale Soufie Alâwiyya, représentée par le cheikh Khaled Bentounes, estime qu'« à travers ces attentats meurtriers, nous sommes tous visés et touchés au plus profond de nous-même. C'est l'essence même de nos sociétés qui est atteinte. L'extrémisme violent n'a pas de religion. Face au chaos et à la violence, l'alternative est d'unir la famille humaine. » « Contre le projet de la mort, nous choisissons la vie », lancent les Scouts musulmans de France (SMF), présidés aussi par Khaled Bentounes. « Dans le destin qui nous unis et nous rassemble, en tant qu’Européens, réaffirmons ensemble notre fraternité humaine. »

Comme le Collectif contre l'islamophobie en Belgique (CCIB), le CCIF, tout en condamnant les attentats, ont mis en avant les situations tragiques et communes que traversent de nombreux pays. « A Paris, Bruxelles, Istanbul comme à Grand Bassam, les terroristes n’ont fait aucune différence entre les victimes. Notre ennemi est commun, notre lutte doit être commune. Etre ensemble, c’est encore et toujours la meilleure réponse face à la haine et à la brutalité. »

« Ces tragédies doivent être un rappel constant à nos consciences : celui de la détermination à tenir coûte que coûte notre volonté de s’unir, de rester fermes dans l'exercice du droit et la protection de nos libertés, sans verser dans l’abîme de haine et de la division, dans lequel veulent justement nous faire sombrer les auteurs de ces actes », fait savoir l'association.

« S'engager ensemble contre la violence extrémiste »

Du côté du Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB), qui rappelle que ces attaques terroristes surviennent quelques jours après les attentats d’Istanbul, son secrétaire général Shuja Shafi espère que « les assassins seront traduits en justice » et répondront de leurs actes devant la loi. Il souligne également que le but de ces « tueurs de masse » est de « diviser notre société et nous retourner les uns contre les autres », un piège auquel il faut se refuser à ne pas tomber.

« Trop souvent, nous constatons qu’après les atrocités, le contrecoup et la faute tombent sur les mauvaises personnes, ce qui alimente le discours des extrémistes qui perpétuent ces crimes. (…) C’est notre réponse face à de telles situations qui nous définit en fin de compte en tant qu'individus et en tant que communauté. Nous devons nous rappeler que c’est notre humanité qui nous sépare de ceux qui cherchent à nuire », déclare l'IMPIC, une organisation musulmane irlandaise.

En Espagne, la Junta islamica, qui « prie pour les âmes des victimes », réaffirme son « rejet absolu » du terrorisme et dénonce ceux qui « apportent un soutien idéologique ou financier à la terreur et usent du crime comme un outil pour parvenir à leurs fins ».

Le Réseau des Musulmans Européens (EMN), par la voix de son président Tariq Ramadan, en appelle à la responsabilité des États et de la société civile. « Plutôt que de répondre par l'émotion en affirmant sans pondération et de façon dangereuse "Nous sommes en guerre!" ou, dans un élan d'empathie, compréhensible mais inefficace "Je suis Bruxelles", il est l'heure de s'engager ensemble contre la violence extrémiste », indique-t-il. Le professeur à l’université d’Oxford ajoute qu’« il faut oser, tous, nous tous, regarder en face nos contradictions respectives, nos lâchetés parfois, et nos manques de courage souvent ».

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