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Al Burda : ôde à la gloire du Prophète de l’islam, l’éloquence au service de la foi

Coup de cœur de Chems-eddine Hafiz

Rédigé par Chems-eddine Hafiz | Samedi 14 Décembre 2013 à 07:55



Un vers du poème al-Burdah sur les murs de la mosquée al-Busiri, à Alexandrie (Egypte).
Le Prophète Muhammad – que la paix et le salut soient sur lui – est célébré à chaque instant par les musulmans, qu’ils soient dans une attitude de sacralité et de dévotion ou tout simplement dans la quotidienneté de leur vie.

Chaque musulman, profondément attaché à l’Envoyé de Dieu, le Bien-Aimé d’Allah aux qualités sublimes, magnifie en permanence ses actes comme miséricorde à l’humanité.

Le Saint Prophète Muhammad – que la paix et le salut soient sur lui – est cité comme un exemple parfait pour les croyants : « En vérité, dans le Prophète d’Allah vous avez un excellent modèle » (Coran, s. 33, v. 21).

Ce qui fit dire au philosophe allemand Goethe : « Et c’est une œuvre immense que Mahomet a accomplie, par le seul concept de l’Unique, il a soumis l’Univers entier. » Voltaire, Lamartine, Victor Hugo le dirent également à leur manière.

De nombreux imams, poètes et lettrés musulmans ont utilisé leur virtuosité pour glorifier l’annonciateur et le guide, utilisant la beauté de la langue arabe pour louer les qualités intrinsèques à l’humanité universelle avérée de celui qui scella le cycle de la révélation.

En 1980, le recteur de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris, le Cheikh Hamza Boubakeur (1912-1995) fit connaître le poème Al-Burda (Le Manteau) de Sharafu-d-Dîn Al-Basiri (1211-1295), imam de son état, vivant en Égypte qui mit sa parfaite connaissance de la langue arabe et son éloquence au service de celui qu’il estimait être « la plus parfaite de toutes les créatures de Dieu ». Sharafu-d-Dîn Al-Basiri, descendant de la tribu maghrébine des Sanhâja, s’était déjà fait connaître auparavant par un poème sur le Prophète.

C’est cette belle traduction* que je vous propose de lire, publiée par une maison d’édition algéroise Mille-Feuilles et à Paris par Maisonneuve et Larose en 1980. Al-Burda a déjà été traduit pour la première fois en français en 1894 par le professeur de lettres René Basset, enseignant à l’université d’Alger (Éd. E. Leroux, Paris).

Théologien réputé, traducteur et commentateur avéré du Saint Coran, Si Hamza Boubakeur utilisa son immense érudition pour faire connaître aux non-arabophones l’une des plus fameuses Qasîda (poème) religieuse. Et là encore, il ne se contenta pas de nous reproduire un poème mystique magnifique, il s’aventura avec succès dans des explications pertinentes et des rappels historiques forts détaillés, donnant une force encore plus exaltante au texte d’Al-Basiri.

Cette traduction est lue avec délectation car la double culture arabophone et francophone de Si Hamza Boubakeur donne un sens particulier à ce poème.

Citer Le Misanthrope de Molière pour dire que « les hommes, la plupart, sont étrangement faits ! Dans la juste nature, on ne les voit jamais » facilite aux lecteurs de culture française l’accès à un texte pour lequel ils peuvent ressentir une certaine forme de dépaysement.

Le manteau du Prophète avait, semble-t-il, été évoqué une première fois par un poète arabe du VIIe siècle, Kab ibn Zouhayr, qui s’était dans un premier temps moqué de la religion musulmane. Pour corriger sa méprise, il se convertit à l’islam et rédigea un poème en l’honneur de Muhammad – que la paix et le salut soient sur lui.


Chems-eddine Hafiz, avocat au barreau de Paris, est co-auteur de Droit et religion musulmane (Éd. Dalloz, 2005) et auteur de De quoi Zemmour est devenu le nom (Éd. du Moment, 2010).

* Sharafu-d-Dîn Al-Basiri, Al Burda. Le manteau : poème consacré à l'éloge du Prophète de l'islam : Dieu le bénisse et le sauve, texte arabe traduit et commenté par Cheikh Hamza Boubakeur, Ed. Maisonneuve et Larose, 1980, 74 p.