Sur le vif

Akhenaton, nouvelle égérie de Coca-Cola : sa lettre ouverte aux critiques

Rédigé par La Rédaction | Lundi 27 Avril 2015 à 06:00



Pour chanter le bonheur, la marque Coca-Cola a choisi d’engager pour sa nouvelle campagne publicitaire le rappeur Akhenaton, membre du groupe IAM. L’artiste, qui a écrit et interprété un titre inédit intitulé « Vivre maintenant » (plus bas), a assuré qu’il reverserait la totalité de son cachet à quatre associations caritatives : Action contre la faim, la fondation Abbé Pierre, Terre des hommes Valais et l'association pour les enfants malades de Pascal Olmetta.

Peu de temps après l’annonce de ce partenariat, les critiques n’ont pas manqué de défiler sur les réseaux sociaux, à tel point que le rappeur, également à la direction artistique de l’exposition « Hip-hop, du Bronx aux rues arabes », présentée jusqu'au 26 juillet à l'Institut du monde arabe (IMA).

Dans une « lettre ouverte à des esprits plus trop ouverts » postée sur Facebook dimanche 26 avril, Akhenaton déplore devoir se justifier « à chaque fois que je fais une interview ou un morceau. Dans ce pays aujourd'hui, on ne peut plus rien dire ni faire sans être la cible d'une minorité aigrie mais très active sur le Net », lance-t-il avant d’exposer les raisons pour lesquelles il a accepté de faire la campagne Coca-Cola.

« D'abord, ils ne m'ont rien imposé artistiquement, j'ai écrit un morceau de 2 min 40 qui est une adaptation d'un titre en anglais existant. Les valeurs défendues dans ce morceau sont les mêmes que j'évoque dans le titre "Je suis en vie" issu de mon album solo sorti il y a six mois, la quête intérieure du bonheur, c'est peut-être pour ça d'ailleurs qu'ils m'ont contacté », écrit le rappeur, qui déclare avoir « évoqué (son) profond désaccord avec l'emploi de l'aspartame » dès la première rencontre avec les dirigeants de Coca Cola. « Je pense qu'ils ont apprécié ma franchise dès la première poignée de main, ils savent manifestement quel genre d'artiste ils ont invité pour faire ce titre. »

« J'essaie d'agir à mon échelle »

Akhenaton se lance alors dans un pamphlet qui devrait mettre de nombreuses personnes parmi les critiques devant leurs contradictions : « Ce qui est marrant, mon ami(e), c'est de recevoir tes critiques postées d'un ordinateur ou d'un smartphone fabriqué par des ouvriers esclaves chinois, qui donne des cancers du cerveau et qui est farci de lithium, avec de l'électricité issue de l'uranium d'Areva qui dévaste le Niger, avec une clope du géant Philip Morris au bec, et un bon verre de whisky Coca sur le bureau. Tu mets de l'essence dans ta voiture ? Elle provient de toutes les zones de conflits sur Terre. Tu fais tes courses au supermarché ? Ils écrasent leurs fournisseurs et certains paient leurs impôts à l'étranger. Tu manges des fruits et légumes ? Ils sont traités au Round up de Monsanto. Tu achètes des disques, tu as un abonnement Internet ? Certaines des multinationales qui te fournissent sont aussi des fabricants de missiles. Tu portes des baskets à la mode ? Je ne te fais pas un dessin sur la manière dont elles sont fabriquées. Tu portes des t-shirts ? Ils sont tissés avec la sueur des Ghanéens qui se font écraser par le cours du coton.

Je suis aussi dans ton cas, oui, c'est vrai, mais j'essaie d'agir à mon échelle. Je te le dis et le répète pour la millième fois, je ne suis pas un altermondialiste, ni un communiste, je suis pour un capitalisme juste et où le partage se ferait mieux qu'aujourd'hui. Je suis un enfant de cette culture qu'on appelle le hip-hop, pas un Che Guevara anonyme devant son ordi.

(…) Mon ami(e), je te le répète, mes intentions sont sincères et je fais tout avec le cœur sans calcul, même quand mon image est en danger. Ce qui me blesse, c'est que des personnes qui se proclament fans puissent en douter, influencés par la mauvaise foi de gens qui nous détestent depuis toujours. Si, après ces quelques lignes c'est encore le cas, brisez nos CDs et vous n'avez plus rien à faire dans nos concerts, je ne peux rien y changer. »


Philippe Fragione, alias Akhenaton, qui n'a rien perdu de son franc-parler, confirme qu'il n'entend pas céder aux pressions, quitte à perdre des « fans ».