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Monde

Turquie : l'élection d'Erdogan à la présidence « consacre un nouvel "Etat AKP" »

Quel bilan des années Erdogan, pour quel avenir ?

Rédigé par Christelle Gence | Jeudi 14 Août 2014 à 06:00

           

Après 12 années passées à la tête du gouvernement, Recep Tayyip Erdogan a été élu président de la Turquie dimanche 10 août avec 51,65 % des suffrages, dès le premier tour de l’élection, au terme d’une campagne dont l’issue semblait jouée d’avance. Premier président élu au suffrage universel, l'homme fort de la Turquie a d’ores et déjà annoncé qu’il mènerait une « présidence active », contrairement à ses prédécesseurs. Le point sur les conséquences de son élection, le déroulement de la campagne et le bilan de ses années passées à la tête du gouvernement avec Jean Marcou, professeur à l’Institut d’études politiques de Grenoble et spécialiste de la Turquie.



Recep Tayyip Erdogan en meeting à Konya samedi 9 août, la veille de l’élection.
Recep Tayyip Erdogan en meeting à Konya samedi 9 août, la veille de l’élection.

Saphirnews : Les Turcs ont élu pour la première fois leur président au suffrage universel. Quelles conséquences pour le système turc ?

Jean Marcou : Cette élection risque de transformer le régime parlementaire turc en un régime semi-présidentiel, comme cela s’est passé en France quand le général de Gaulle a révisé la Constitution de 1958 pour permettre l’élection président de la République au suffrage universel (en 1962, ndlr). On peut s’attendre à une telle évolution, particulièrement avec l’élection d’une forte personnalité politique comme Recep Tayyip Erdoğan.

À l’origine, depuis le début de la République en Turquie, le président était élu et a toujours été élu par le Parlement. Depuis le milieu du 20e siècle, le régime politique turc est un régime parlementaire traditionnel, où le président, théoriquement, ne gouverne pas et exerce une sorte de magistrature morale, en laissant le Premier ministre gouverner avec une majorité à l’Assemblée.

Le suffrage universel pour élire le chef de l’Etat a été instauré par la réforme de 2007, résultat de la crise politique survenue la même année, qui avait opposé le gouvernement de l’AKP à l’armée. L’amendement à la Constitution prévoyant l’élection suffrage universel a été ensuite approuvé par référendum. Après les élections législatives de 2011, Recep Tayyip Erdoğan a tenté d’élaborer une nouvelle Constitution, entre autres pour transformer le régime parlementaire en régime présidentiel. Mais le projet a échoué, l’opposition rejetant une telle évolution.

Jean Marcou
Jean Marcou

Les Turcs ont-ils été intéressés par cette élection, ou l’enjeu était-il trop faible pour qu’ils s’y intéressent réellement ?

Jean Marcou : La campagne n’a finalement pas été passionnante tant l’issue du scrutin semblait jouée d’avance. Dès lors, on pouvait craindre une désaffection du corps électoral. C’est ce qui s’est produit pour les Turcs qui vivent à l’étranger qui votaient d’ailleurs pour la première fois : le taux de participation de ces nouveaux électeurs n’a pas été extraordinaire (8,2 % en France, ndlr). Or, la Turquie est un pays où l’on vote massivement. En général, le taux de participation dépasse 80 %. Il y a une vraie culture du vote. A cet égard, ce n’est pas du tout comme dans les pays arabes. En Egypte par exemple, même après la révolution de 2011 et pour les scrutins les plus importants, à peine la moitié des électeurs ont finalement voté. En Turquie, le 10 août, lors du premier tour de la présidentielle, au niveau de l’ensemble du corps électoral, on a observé un fléchissement du taux de participation (74 %) par rapport aux élections locales du 30 mars 2014 (85 %), mais pas au point de remettre en cause tant le succès de Recep Tayyip Erdogan, que le principe en lui-même de l’élection du président au suffrage universel.

Il faut dire que Recep Tayyip Erdogan, qui l’a emporté avec 51,65 % et qui a une forte habitude des campagnes électorales, a fait jusqu’au bout de nombreux meetings et déplacements sur le terrain. Le candidat de l’opposition, Ekmeleddin Ihsanoğlu, qui a finalement obtenu 38,57 % des voix, n’avait pas d’expérience politique et a manqué de mordant. Selahattin Demirtaş, le candidat kurde, a été plus offensif. Il a pris de nombreuses initiatives et lancé des idées intéressantes. C’est lui qui a mis un peu de piquant à cette campagne et cela lui a été bénéfique, puisqu’avec 9,78 % des suffrages, il fait un score très largement supérieur à ceux réalisés habituellement par les formations kurdes au niveau national (5 à 6 %), atteignant son objectif qui était de rassembler au-delà de sa sphère d’influence traditionnelle.

Quels ont été les principaux thèmes abordés pendant la campagne ?

Jean Marcou : Le thème central a été le débat : régime présidentiel ou régime parlementaire. Théoriquement, le président, tel que défini par la Constitution, est une sorte de président arbitre. Or, Recep Tayyip Erdogan a dit qu’il ne serait pas un président comme les précédents, et que dès lors qu’il était élu au suffrage universel, il serait un président qui gouverne. Son challenger, Ekmeleddin İhsanoglu, a fait campagne, lui, en expliquant qu’il serait un président de régime parlementaire, donc en fait qu’il ne s’impliquerait pas politiquement, et qu’il ne gouvernerait pas.

Erdogan, se présentant comme un président gouvernant, pouvait ainsi afficher des objectifs et un programme. Un de ses mots d’ordre a été l’annonce qu’en 2023, pour le 100e anniversaire de la fondation de la République, la Turquie serait une des dix premières économies mondiales. La campagne du leader de l’AKP a été très médiatisée, mais elle a fait apparaître des lacunes dans l’organisation de cette première élection présidentielle au suffrage universel : pas de comptabilisation du temps d’antenne sur les chaines de télévision publiques, pas de réglementation du financement des candidats... C’est là où l’on voit que le système n’est pas encore rodé. Bien évidemment, comme il est Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan a joui d’un avantage indiscutable. L’OSCE (Organisation de la coopération et de la sécurité en Europe), chargée de superviser l’organisation des scrutins en Europe, a d’ailleurs critiqué ce mélange des genres.

Un autre débat a porté sur la question kurde (avec le projet de relancer le processus de règlement en cours qui est enlisé depuis plusieurs mois). Il s’est prolongé par les traditionnels polémiques sur les identités multiples de la Turquie. Erdogan a été accusé de mener une campagne sectaire, notamment parce qu’il a mis en avant sa qualité de « Turc sunnite », laissant entendre qu’Ekmeleddin İhsanoglu, lui aussi Turc et sunnite, n’était pas un vrai Turc parce qu’il est né en Egypte, que le leader de l’opposition, Kemal Kılıçdaroglu, le président du parti kémaliste, était un alevi d’origine kurde et que Selahattin Demirtaş, le troisième candidat, était un Kurde zaza. Par la suite, le leader de l’AKP s’est justifié en disant que son gouvernement avait contribué à ce que tout le monde puisse faire état de son identité librement, mais que dès lors, il n’y avait pas de raison pour que les Turcs sunnites ne s’affichent pas ouvertement comme tels.

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Qu’en est-il des questions de politique étrangère ?

Jean Marcou : Une élection présidentielle se gagne rarement sur la politique étrangère, mais il est vrai que la situation est assez préoccupante pour la Turquie, à l’heure actuelle, avec ce qu’il se passe en Syrie et en Irak. Les questions de politique étrangère ont donc été en toile de fond de cette campagne. En réalité, c’est surtout l’opposition qui a évoqué la politique étrangère, Erdoğan ayant le plus souvent préféré se tenir en retrait à cet égard, sauf sur la crise de Gaza, dont il a beaucoup parlé et de façon très offensive, pas seulement pour des raisons internationales mais aussi pour des raisons locales, notamment parce que cela rejoignait les manifestations qui ont eu lieu en faveur des Palestiniens en Turquie.

La question de la prise d’otage à Mossoul (49 membres du consulat de Turquie et leurs familles sont détenus par l’Etat islamique depuis le mois de juin, ndlr) est un sujet très délicat pour l’AKP. L’opposition accuse le gouvernement d’avoir mal géré cette crise. Elle a développé l’idée selon laquelle Ekmeleddin İhsanoglu, au demeurant ancien secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique, qui connait très bien le Moyen-Orient, est un homme de paix, capable de régler les problèmes auxquels la Turquie est confrontée, tandis qu’Erdogan aurait mené une politique irresponsable au Moyen-Orient dont son pays risque de payer le prix. Quelques jours avant la fin de la campagne, le leader du parti kémaliste, Kemal Kılıçdaroglu, a résumé de telles critiques en conseillant aux Turcs de voter pour Erdogan, s’ils voulaient la guerre, et de voter pour İhsanoglu, s’ils voulaient la paix.

Un autre thème intervenu pendant la campagne a été celui des réfugiés syriens, qui sont déjà plus d’un million. En Turquie, les camps qui leur sont destinés absorbent à peine un quart de ces réfugiés, et beaucoup d’entre eux sont maintenant dans les villes, y compris à Istanbul. On observe de plus en plus d’accrochages entre les populations locales et ces réfugiés, voire même des actions hostiles à leur encontre, alors qu’ils sont en voie de sédentarisation, puisqu’ils n’ont pas la possibilité de rentrer en Syrie. C’est une question qui préoccupe le pays, parce que leur présence modifie l’économie et les données démographiques de certaines régions. Il y a notamment un développement du travail au noir, l’apparition de petits métiers, une augmentation des loyers dans certaines zones...

A l’heure actuelle, la Turquie craint un nouvel afflux de réfugiés, venant cette fois d’Irak, où les succès de l’EI sont en train de provoquer une nouvelle catastrophe humanitaire. Pour parer à l'afflux de réfugiés, la Turquie a prévu d’aider à l’installation de camps de réfugiés dans la région kurde d’Irak du Nord. Il y a dans cette zone près de 1,5 millions de personnes déplacées depuis la prise de Mossoul par l’EI en juin : des chiites, des Kurdes chiites, sunnites ou yazidis, des chrétiens, et également des Turkmènes. Les Turkmènes, que les Turcs considèrent comme un peuple frère, étaient en déshérence ces dernières semaines après avoir été chassés de Mossoul. Le gouvernement a été accusé par l’opposition de ne pas leur avoir prêté assistance assez vite.

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Pourriez-vous dresser un rapide bilan des années Erdogan à la tête du gouvernement ?

Jean Marcou : Cela a d’abord été une période de développement économique indiscutable, même si le phénomène est en train de se tasser et qu’il n’est pas uniquement la conséquence de la politique de l’AKP. La Turquie a réussi à maintenir un taux de croissance qui lui a permis de se développer et de se transformer profondément au cours des dernières années, puisqu’elle pointe maintenant au 16e rang mondial dans le classement du PIB global. Cela a entrainé l’accentuation du développement de nouvelles classes moyennes urbaines, qui constituent véritablement le noyau dur de l’électorat de l’AKP. L’augmentation du niveau de vie de ces classes moyennes est indiscutable.

Malgré ces développements, il y a quand même des inégalités sociales qui se maintiennent, et qui sont visibles lorsqu’on regarde l’IDH (l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement) : la Turquie ne pointe là qu’à la 69e place mondiale. De plus en plus, de comportements sociaux, sociétaux très différents se développent néanmoins, montrant l’évolution profonde du pays. A Istanbul, on relève des taux de fécondité inférieurs (1,7 enfant par femme) à celui de la France (2), alors même que dans les provinces kurdes on est à cinq ou six enfants par femme. Il y a aussi une inégalité de développement des régions qui perdure. Il y a probablement des éléments qui tiennent à la politique de l’AKP, et des évolutions de fond qui lui échappent.

Un autre aspect des « années Erdogan », c’est que le gouvernement s’est attaqué à la question kurde et a tenté de la résoudre, même si, là encore, il y a certaines incertitudes. Est-ce que cela a été fait avec la volonté d’aboutir et de régler définitivement le problème ? Ou est-ce que cela a été fait simplement avec des objectifs tactiques, notamment en tentant de démontrer que l’opposition nationaliste avait jusqu’à présent été incapable de résoudre ce problème ? La question se pose. Mais quoi qu’il en soit, son action sur la question kurde a épousé une évolution globale de la société turque, qui est beaucoup plus décrispée qu’avant sur les problèmes communautaires et identitaires. Plus généralement, on observe que le gouvernement a fait beaucoup d’effets d’annonce sur les minorités, les identités, les questions kurde, alévie ou arménienne, mais souvent il n’est pas allé au bout de son raisonnement. On peut se demander d’ailleurs s’il n’y a pas eu une stratégie de l’AKP reposant sur l’effet d’annonce, sans qu’il y ait pour autant un règlement des problèmes et un engagement d’actions véritablement concrètes. Pour tout dire, on a eu parfois un peu l’impression que la montagne accouchait d’une souris.

Le dernier problème est celui de l’évolution du système politique. L’AKP a indiscutablement contribué à le démilitariser. De ce point de vue, le parti au pouvoir a débloqué un dispositif où un régime parlementaire était sous le contrôle de l’armée, avec des gouvernements de coalition plus ou moins cohérents qui, à la fin des années 1990, paraissaient à bout de souffle. C’est d’ailleurs ce qui a permis à l’AKP d’arriver au pouvoir et d’avoir tous ces succès électoraux. Mais cela fait maintenant plus de 10 ans que l’AKP gouverne, et l’élection d’Erdoğan à la présidence est le 9e scrutin consécutif remporté par l’AKP. Malgré tout, cette évolution du système pose problème. Il s’agit notamment de savoir si l’AKP n’a pas détruit le système antérieur pour installer son propre système et créer une sorte « d’Etat AKP ».

Cet « Etat AKP » apparaît dans la rigidification à laquelle on a assisté, ces trois dernières années, avec la limitation de certaines libertés et le développement d’un conservatisme ambiant moral et religieux qui prétend interférer parfois dans les évolutions de la société turque. En dernier lieu, les événements survenus au cours de l’année écoulée - le mouvement de Gezi en juin 2013, le grand scandale de corruption en décembre 2013 (voir l'encadré plus bas), et plus récemment en mai la catastrophe minière de Soma qui a fait plus de 300 morts - ont montré les failles du nouveau système : difficulté à respecter l’Etat de droit, conduite de purges dans l’appareil d’Etat, soupçons de corruption, maintien des inégalités sociales... On peut craindre que l’élection de Recep Tayyip Erdogan, qui va être un président surpuissant, consacre ce nouvel « Etat AKP ». Voilà le bilan que l’on peut faire et les perspectives sur lesquelles on peut s’interroger.

Vous parlez d’Erdogan comme d’un président « surpuissant », certains parlent même d’autoritarisme pour le qualifier.

Jean Marcou : Oui, je pense qu’on peut s’attendre à une centralisation du pouvoir. Il sera un président élu au suffrage universel, qui aura une très large majorité au Parlement, donc il va pouvoir désigner le Premier ministre qu’il veut et va très probablement avoir une forte influence sur ce Premier ministre. Si l’on peut craindre une dérive autoritariste, c’est parce que les contre-pouvoirs qui demeurent sont relativement faibles et qu’il n’y a peu d’espoirs d’une alternance politique dans le système actuel. Tout cela n’est pas très bon pour favoriser le débat et la démocratie.

Turquie : l'élection d'Erdogan à la présidence « consacre un nouvel "Etat AKP" »

Malgré la dérive autoritariste et les enquêtes pour corruption le visant lui et son parti, comment expliquez-vous qu’Erdogan reste si populaire ?

Jean Marcou : Mobiliser des manifestants lors de mouvements sociaux et mobiliser des électeurs lors de consultations électorales, ce n’est pas tout à fait la même chose. L’histoire et l’expérience ont montré que les deux processus étaient souvent disjoints. Le mouvement de Gezi était un mouvement de protestation et de contestation de la politique du gouvernement pendant plus d’un mois, et finalement cela n’a pas abouti à un changement du gouvernement. Il n’a pas réussi à s’incarner de manière électorale. C’était un mouvement de rue et d’expression directe, qui a rassemblé de surcroît des participants très hétéroclites - cela allait des défenseurs de l’environnement aux groupes d’extrême gauche, en passant par des organisations alévies, les jeunesses du parti kémaliste, voire même des nationalistes ou des musulmans se disant anticapitalistes.

Une foison d’identités s’est manifestée pendant le mouvement de Gezi, mais tout cela ne fait pas un parti capable de remporter des élections. Inversement, je dirais que les victoires électorales d’Erdogan ne vont pas mettre un terme à l’effervescence de la société turque. L’AKP a gagné les élections locales en mars 2014 mais, deux mois plus tard, après l’accident de la mine de Soma, il y a eu à nouveau des mouvements sociaux très importants contestant le gouvernement. C’est finalement un phénomène assez classique. Ces mouvements de société ne sont pas en mesure de se traduire immédiatement sur le plan électoral. En revanche, le fait qu’il y ait une majorité électorale malgré tout pour le gouvernement en place ne signifie pas que ce genre de phénomènes va cesser. Je pense au contraire qu’il va continuer en Turquie.

A l'origine du scandale de corruption en Turquie : le mouvement Gülen

Né dans les années 1970, Gülen (ou Hizmet) est un mouvement sous la prédominance d’un imam réfugié aux Etats-Unis en 1999, Fethullah Gülen. La confrérie, qui s'inspire de la pensée du penseur musulman Said Nursi, décolle véritablement dans les années 1990 et commence à jouer un rôle plus politique. Elle compte des millions de membres, notamment dans la police et la justice. Certains d’entre eux « ont été probablement derrière les grands procès pour complot lancés contre l’armée à partir de 2007-2008, et qui ont véritablement contribué à casser les pouvoirs de l’armée et les pouvoirs des élites kémalistes sur le système » pour Jean Marcou. Auparavant, elle avait contribué à la formation de nouvelles élites grâce à un système de formation et de bourses, pour remplacer les élites kémalistes en place.

Alors que la confrérie, liée au quotidien le plus vendu de Turquie Zaman, avait soutenu l’AKP et contribué à son accession au pouvoir en 2002, elle a adopté une position plus critique à son égard depuis que le parti domine la vie politique turque. Devenue très puissante, la confrérie « a commencé à faire au gouvernement ce qu’elle avait fait à l’armée », et est entrée en conflit avec Erdogan après la fermeture d'école du mouvement. En décembre 2013, le procureur général d'Istanbul, membre présumé du Hizmet, déclenche la grande affaire de corruption. Depuis, Erdogan, qui estime que le scandale qui a touché ses proches collaborateurs est le fait de Gülen, « a mené une lutte sans merci contre cette confrérie, qu’il qualifie dans ses discours "d’Etat parallèle". Il est d’ailleurs à l’heure actuelle encore en train de purger la police. Mais cette lutte contre "l’Etat parallèle" sert aussi l’autoritarisme en permettant une sorte de "nettoyage" de la police et de la justice, ce qui est assez inquiétant pour l’avenir », explique Jean Marcou. Fethullah Gülen nie être derrière l'affaire mais Erdogan est décidé à mettre la main sur cet homme, dont il réclame l'extradition.






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