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Société

Roger Garaudy, l'amoureux de Cordoue accusé de négationnisme, est décédé

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Vendredi 15 Juin 2012 à 12:18

           

Roger Garaudy est mort mercredi 13 juin à son domicile de Chennevières, dans le Val-de-Marne, à l’âge de 98 ans. Cet ancien homme politique, converti à l’islam en 1980, laisse derrière lui l’image d’un intellectuel érudit mais aussi celle d’une figure du négationnisme.



Roger Garaudy, l'amoureux de Cordoue accusé de négationnisme, est décédé
Roger Garaudy est né le 17 juillet 1913 à Marseille. Intellectuel, homme politique, enseignant : l’homme a eu plusieurs vies. Engagé dans le monde politique, ce philosophe de formation, auteur de nombreux ouvrages, a toujours recherché la spiritualité. Ses écrits ont démontré son savoir mais ont également été à l’origine de sa perte après la sortie d’un de ses livres dans lequel il délivre des thèses que l'on a traitées de négationnistes. Portrait.

Itinéraire d’un résistant

L’engagement politique de Roger Garaudy arrive très tôt. Dès l’âge de 20 ans, il adhère au Parti communiste. Engagé dans la résistance, il est arrêté en septembre 1940. Il ne sera libéré que six mois après le débarquement américain et entre au comité central du parti en 1945. Il devient député du Tarn en 1945 et 1946. A ce moment-là, il se dit « stalinien de la tête aux pieds ».

Après avoir perdu son siège de député en 1951, il le retrouve en 1956 comme député de la Seine et devient même vice-président de l’Assemblée nationale. Puis, de 1959 à 1962, il siège au Sénat et accède aux plus hautes instances du PCF en 1956.

Mais après mai 1968 et l’invasion, en août, de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, M. Garaudy ne se reconnaît plus dans le communisme et critique ouvertement l’idéologie du parti. En 1970, il est exclu du PCF.

Philosophie et islam

L’évolution de la pensée de Roger Garaudy peut s’expliquer par le fait que c’était un intellectuel qui s’est toujours posé des questions existentielles. Il était d’ailleurs agrégé de philosophie, a enseigné cette matière et a par la suite décroché un doctorat de philosophie à Moscou.

Né dans une famille athée, il a pourtant un sens de la spiritualité qui l’amène à se convertir, dès l’âge de quatorze ans, au protestantisme. Il devient par la suite catholique puis son cheminement intérieur le conduit à se convertir à l’islam en 1980. En 1981, il signe l’ouvrage Promesses de l’islam (Ed. du Seuil), puis Biographie du XXe siècle (Tougui, 1985) ou encore Vers une guerre de religion ? Débat du siècle (Desclée de Brouwer, 1995) ou L'Islam et l'intégrisme (Le Temps des cerises, 1996).

Auteur prolixe de quelque 70 ouvrages, il crée également la fondation Roger Garaudy, en Espagne, à Cordoue. Dans la Tour de la Calahorra, il rend hommage à l’islam, qui à la fin du Moyen Âge tenait une place importante dans ce coin du globe.

Condamné pour négationnisme

Roger Garaudy apparaît donc comme une grande figure intellectuelle en France. Mais après décembre 1995, date à laquelle il publie Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, ce n’est plus le cas. Dans cet ouvrage, réédité en 1996, il remet en doute l’existence des chambres à gaz. Sur le plan médiatique, il devient alors une figure du négationnisme et suscite la polémique.

« Le judaïsme n'est pas mis en cause, mais la politique israélienne », explique-t-il pourtant. Son ami, l'abbé Pierre, également opposé au « lobby sioniste international », le soutient. Finalement, le livre de Roger Garaudy est interdit en France et, en 1998, il est condamné à une peine d'amende et d'emprisonnement avec sursis pour « contestation de crimes contre l'humanité ».

Roger Garaudy disparaît alors de la scène publique française et devient l’invité privilégié des dirigeants des pays arabes du Proche- et du Moyen-Orient. Les jeunes générations musulmanes connaissent à peine son nom et son œuvre. Seul un cercle d'amis et d'intellectuels est resté proche, reconnaissant en lui l'intellectuel fécond et l'homme spirituel.

Un hommage funéraire lui sera rendu lundi 18 juin, à 15 h, au crématorium de Champigny-sur-Marne.






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