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Religions

Ramadan : les musulmans de Gagny aspirent à la dignité

Rédigé par | Jeudi 25 Août 2011 à 14:06

           

Imaginez prier près d’une zone de rétention d'eaux usées, d’où se dégagent des odeurs pestilentielles et se prolifèrent des rats, le tout sous une tente d’où s’infiltre parfois de l’eau lors de fortes pluies… Les musulmans de Gagny se souviendront longtemps du mois de Ramadan 2011. Ils espèrent bien un jour obtenir un lieu de culte décent, malgré les réticences actuelles de la mairie.



Ramadan : les musulmans de Gagny aspirent à la dignité
Le quotidien, depuis le 1er août, de plusieurs dizaines de Gabiniens musulmans n’est pas rose. En l’absence de lieux de culte dans la ville, un emplacement provisoire pour les prières, situé sur un bout de parking en plein air, a été accordé par la mairie (UMP) pour le mois du Ramadan. Cependant, les conditions d’hygiène et de salubrité se sont révélées indignes en raison de sa proximité avec une zone de retenue des eaux pluviales stagnantes.

« On n’a pas d’autres choix que celui de rester », nous indique le secrétaire adjoint de l’association Bilal du Chenay-Gagny (ABCG), qu’on appellera Farid.

Seules deux salles de prières existent dans la ville : une très officielle cave en sous-sol, d'une trentaine de m² ouverte depuis 1976 et qui ne peut pas accueillir les femmes ou se faire la prière du vendredi; et une officieuse salle de 80 m² ouverte depuis 1986, toutes deux situées d’un bout à l’autre de Gagny. Les musulmans souhaitant assister à la prière du vendredi ou aux prières nocturnes du tarawih pendant le Ramadan n’ont d’autre choix que de se rendre dans les villes voisines de Montfermeil et de Chelles, déjà pleines lors de ces occasions.

Une mairie peu encline à filer un coup de pouce

Parce qu'ils sont las de cette situation qui dure depuis trop longtemps, « plusieurs propositions ont été formulées auprès de la municipalité et des bailleurs pour permettre aux musulmans d’obtenir une salle de prière, mais les discussions n’ont abouti à rien jusqu’à présent. Pourtant, nous sommes prêts à acheter ou à louer une salle et on ne demande pas un aménagement de la loi de 1905 », déclare Farid.

D’autant plus que les associations cultuelles de la ville, y compris l’ABCG, se sont constituées depuis 2008 en une Union des associations musulmanes de Gagny (UAMG) pour être un porte-parole local de poids vis-à-vis des autorités, ajoute-t-il. Rien n’y fait. Souvent, la non-conformité aux normes de sécurité des salles proposées par l’Union est évoquée pour justifier le refus du maire, selon Farid.

Pour se faire entendre, un groupe de musulmans a décidé, en juin, d’occuper un passage clos inoccupé appartenant à la mairie pour en faire une salle de prière. La police fermera le passage quelques jours plus tard. À J − 5 du début du Ramadan et sans réaction de la mairie, qui devait, selon l’ABCG, trouver une salle pour les musulmans, ces derniers occupent la voirie, fin juillet, face à une école publique pendant une semaine.

Un lieu indécent qui fait fuir

C’est alors que la mairie, sans doute gênée par cette situation, leur a autorisé, le 2 août, une place sur le bout de parking de la gare de Chenay-Gagny pendant un mois. Ce n’est pas le gymnase – pourtant inoccupé en été – qu’ils espéraient, mais l’accord est scellé, le parking ayant été proposé par des fidèles. Des barrières de sécurité et l’éclairage leur sont fournis mais, contrairement à ce que l'ABCG espérait, ni barnums, ni sanitaires ne leur sont prêtés.

Seule solution de dernière minute : louer des tentes, dont une pour les prières de 80 m². Ainsi fait, jusqu'à 200 personnes peuvent venir faire leurs cinq prières quotidiennes ainsi que les prières collectives et y rompre le jeûne.

Manque de pot, la pluie s’est invitée dans la première quinzaine d’août. Ce n’est qu’au troisième jour du mois de jeûne que les responsables musulmans des lieux découvriront que l’emplacement accordé par la mairie se situe tout près… d’une zone de rétention d'eau de pluie stagnante, d’où se dégagent des odeurs « insupportables » lors des précipitations. « Tant qu’il ne pleuvait pas, on ne pouvait se rendre compte de rien », nous déclare Farid. Pire encore : les rats ont proliféré, laissant entrevoir que les conditions sanitaires ne sont pas réunies.

La mairie s'est bien gardée de leur dire près de quoi ils allaient s'installer. Contactée par Saphirnews, elle n’a pas souhaité s’exprimer en l’absence du maire. Pour le moment, aucune salle ou gymnase n’est encore accordé à l’UAMG pour l’Aïd el-Fitr et après le mois de Ramadan, les Gabiniens retrouveront leurs deux salles de prière exiguës habituelles. En l’absence d’un lieu de culte digne, l’ABCG est bien décidée à obtenir gain de cause.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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