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Points de vue

Nos vacances à Gaza

Rédigé par Ziad Medoukh | Jeudi 23 Juillet 2015 à 08:00

           


Nos vacances à Gaza
La situation difficile vécue par plus de 1,8 million de Palestiniens de Gaza touche tous les domaines de leur vie sous blocus et sous des menaces israéliennes permanentes. Une situation qui s’est aggravée ces dernières années avec la multiplication des agressions israéliennes contre la population civile de cette région de plus en plus enfermée.

Au début de chaque été, les Gazaouis se posent toujours la même question : où peut-on passer les vacances cette année ?

Cette question est posée depuis l’an 2000 avec la fermeture des frontières et surtout depuis 2006 avec le blocus inhumain imposé par les forces de l’occupation israélienne contre les habitants de la bande de Gaza. Le déplacement des Gazaouis vers la Cisjordanie et vers l’étranger est impossible pour la plupart d’entre eux.

C’est vrai que les habitants de Gaza ont d’autres préoccupations, en raison de leurs difficultés économiques et de leurs souffrances quotidiennes, mais ils ont aussi le droit de passer quelques moments de détente pendant leur mois de vacances scolaires en été.

Un choix très limité

Cet été 2015, la situation est dure avec la poursuite de la fermeture des passages qui empêche les Gazaouis de passer leurs vacances à l’extérieur, et les conséquences dramatiques de la dernière offensive israélienne contre les Palestiniens de Gaza en 2014.
En général, les habitants de Gaza ne profitent pas de leur mois de congés, ils sont obligés de rester enfermés dans leur prison à ciel ouvert.

Pour la majorité des habitants, la plage restera le seul endroit pour eux où passer quelques heures par jour afin d’oublier les difficultés quotidiennes. La plage attire les familles, les jeunes et les habitants de toute la bande de Gaza qui viennent y passer des heures pour fuir la chaleur et les coupures d’électricité, mais aussi oublier le stress d’une année de travail, d’études, ou une année de souffrances.

Dans cette région sous blocus, il n’y a pas d’autres lieux touristiques et historiques, et les villages situés à la campagne au sud et au nord de la bande de Gaza sont proches des zones tampons imposées et contrôlées par l’armée israélienne qui peut tirer à tout moment sur les habitants.

Pendant leurs vacances scolaires, les enfants de Gaza n’ont pas de vrais clubs ni de structures éducatives. A part quelques associations qui s’occupent d’eux et quelques bibliothèques publiques, ils passent leur temps à jouer devant leurs maisons et dans des quartiers souvent surpeuplés, ou à accompagner leurs familles sur la plage où ont souvent lieu les colonies de vacances et les camps d’été organisés pour eux.

Les jeunes souffrant du chômage et de l'absence de perspectives passent leur temps dans les cafés ou devant leur maison à échanger sur un avenir sombre pour eux. Ou bien ils se retrouvent nombreux sur la plage, car les stades et les centres de loisirs disponibles ont été endommagés ou détruits par les bombardements israéliens.

Avec les coupures d’électricité permanentes, des familles annulent les visites familiales et préfèrent passer beaucoup de leurs journées à la plage. Même l’accès à ce seul endroit de loisir et de détente est parfois difficile et dangereux, avec la présence de la marine israélienne qui pourrait tirer à tout moment. Sans oublier les difficultés économiques empêchant des personnes de se rendre à ce seul lieu de respiration, s’ajoutent les problèmes sanitaires sur la plage. Le tourisme interne n’est pas développé à Gaza et l’accès aux quelques sites touristiques en Cisjordanie est presque impossible pour les Gazaouis depuis 2000. L’orientation vers la plage de Gaza reste donc pour eux le seul choix.

Heureusement que la mer existe dans la bande de Gaza, sinon les habitants étoufferaient. Les Palestiniens de Gaza espèrent et espèrent : ils espèrent la liberté, la paix et la fin du blocus ; ils espèrent vivre une vie normale et passer leurs vacances comme les autres.

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Ziad Medoukh est professeur et directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza.





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