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Monde

Nadir Dendoune, un « tocard » brillant au fond d’une cellule en Irak

La libération du journaliste exigée

Rédigé par | Lundi 4 Février 2013 à 00:30

           

Prendre des photos peut vraisemblablement mener en prison en Irak. Deux semaines déjà que Nadir Dendoune croupit au fond d’une cellule à Bagdad pour cette raison, sans inculpation. Sa famille et son comité de soutien se mobilisent pour la libération du journaliste français. Le Quai d'Orsay s'est saisi de son cas. Saphirnews vous retrace son parcours, unique en son genre.



Nadir Dendoune avant son départ vers l'Irak.
Nadir Dendoune avant son départ vers l'Irak.
« J’avais promis, il y a dix ans, aux Irakiens que je reviendrai les voir, une fois les Américains partis. Et je tiens toujours mes promesses : j’aimerais parfois être différent parce que tenir ses promesses peut vous mettre dans la merde, mais je suis un mec à l’ancienne, pour ceux qui comprennent le terme », écrivait Nadir Dendoune au Courrier de l’Atlas, le 14 janvier 2013.

Un homme qui tient ses promesses, il va sans dire. Dix ans plus tôt, le journaliste s’était rendu en Irak, au plus fort de la guerre qui opposait ce pays, alors dirigé par Saddam Hussein, aux Etats-Unis. Il décida, malgré les risques encourus, d’être un bouclier humain pendant plusieurs semaines. Cette histoire, il a choisi de la raconter dans le livre Journal de guerre d'un pacifiste : Bouclier humain à Bagdad (2005).

C’est tout naturellement qu’il décide de se rendre à nouveau en Irak, en janvier 2013, cette fois pour mener des reportages pour le compte du Monde diplomatique à l’occasion du 10e anniversaire de l’invasion américaine. Selon les informations dont on dispose, c’est après avoir pris des photos sans autorisation près d'une usine de traitement d'eau, à Bagdad, qu’il s’est fait arrêter par la police le 23 janvier. Un site considéré comme « sensible appartenant au dispositif sécuritaire » par les autorités, sans plus de précisions.

Depuis son incarcération, les nouvelles se font rares et l’inquiétude grandit au sein de sa famille et de son entourage, qui ont constitué sans attendre un comité de soutien pour sa libération. Le consul de France en Irak a pu lui rendre visite, samedi 2 février, pour s'assurer des conditions de détention et de son état de santé, mais les motifs de son incarcération restent toujours obscures. Nadir Dendoune en a vécu des aventures. Cette fois, il se serait bien passé de sa mésaventure.

Une vie pleine de défis relevés pour un « tocard »

Avant de devenir journaliste, Nadir Dendoune a eu une vie bien remplie. Du 9-3 (Seine-Saint-Denis), où il naît en 1972 et grandit, il s’envole vers l'Australie en 1993, où il y demeure sept ans. Une expérience qui va le conduire à obtenir sa nationalité australienne, qui s’ajoute à la française et à l’algérienne. En 2001, c’est carrément un tour du monde à vélo qu'il mène contre le sida, parrainé par la Croix-Rouge.

Plus fort encore, il entreprend l’ascension de l’Everest, réputé être le plus haut sommet du monde, et l’atteint en mai 2008 sans avoir fait d’alpinisme de sa vie. Un exploit que l’amateur dédicace à son département natal de la Seine-Saint-Denis et à son pays d’origine, l’Algérie, qui voit un de ses descendants – le premier du bled – briller en haut de l'Himalaya. C'est dans Un tocard sur le toit du monde (2010) que Nadir Dendoune relate cette fabuleuse expérience.

Un homme aux multiples engagements

Cet écrivain à la plume libre et indépendante est aussi l’auteur d’un livre à charge contre Nicolas Sarkozy, publié peu avant l’élection présidentielle de 2007 du nom de « Lettre ouverte à un fils d'immigré ».

L’engagement fait partie de son ADN. C’est notamment pour la défense des droits des Palestiniens que ce diplômé du Centre de formation des journalistes (CFJ) s’est engagé, au risque de se mettre à dos une classe médiatique hostile à des prises de position aussi franches contre la politique israélienne d'apartheid. Après un voyage au Proche-Orient, il réalise le documentaire « Palestine » en 2011.

Nadir Dendoune, un homme au caractère trempé, qui ne se laisse pas écraser au moindre obstacle. Nombre d'Irakiens lui sont reconnaissants pour son acte de courage en 2003. Son incarcération n’a que trop duré. Le temps est venu pour sa libération immédiate.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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