© ISTIQLAL FILMS & LES FILMS DU FLEUVE
Ce film est une leçon d’histoire. Sans hémoglobine inutile mais sans complaisance avec la réalité passée, Philippe Faucon retrace les parcours individuels d’un groupe de supplétifs algériens qui s’engagent auprès de l’armée française. Comme dans un documentaire, mais sans oublier qu’il « raconte une histoire », le réalisateur nous fait découvrir les raisons pour lesquels des « indigènes » se sont rangés du côté français.
Plus de 15 ans après un premier film sur la guerre d’Algérie intitulé La Trahison, Philippe Faucon nous montre que l’entrainement des « fellahs » (paysans) incorporés au sein d’une « harka » - une unité dont le nom vient du mot arabe signifiant « mouvement » - était sommaire. L’état-major les utilisait pour parcourir le « bled » à la recherche d’insurgés, donc en première ligne pour épargner les troupes constituées de « Français de France ».
L’action commence en septembre 1959. Nous suivons l’incorporation de jeunes maghrébins, souvent des pères de famille incapables de nourrir leurs enfants faute de sécurité suffisante pour travailler aux champs. D’autres sont poussés par un désir de vengeance après le meurtre d’un proche par les « fellaghas », un nom péjoratif donné par les militaires français aux combattants indépendantistes algériens (littéralement des « coupeurs de route » ou « bandits »). D’autres encore, anciens « bandits » ayant trahi les leurs sous la torture, n’ont plus aucun avenir dans leur propre pays. Bercés par les promesses de la hiérarchie militaire, ils comprendront petit à petit que les Français vont finir par partir et que leur sort est incertain.
Plus de 15 ans après un premier film sur la guerre d’Algérie intitulé La Trahison, Philippe Faucon nous montre que l’entrainement des « fellahs » (paysans) incorporés au sein d’une « harka » - une unité dont le nom vient du mot arabe signifiant « mouvement » - était sommaire. L’état-major les utilisait pour parcourir le « bled » à la recherche d’insurgés, donc en première ligne pour épargner les troupes constituées de « Français de France ».
L’action commence en septembre 1959. Nous suivons l’incorporation de jeunes maghrébins, souvent des pères de famille incapables de nourrir leurs enfants faute de sécurité suffisante pour travailler aux champs. D’autres sont poussés par un désir de vengeance après le meurtre d’un proche par les « fellaghas », un nom péjoratif donné par les militaires français aux combattants indépendantistes algériens (littéralement des « coupeurs de route » ou « bandits »). D’autres encore, anciens « bandits » ayant trahi les leurs sous la torture, n’ont plus aucun avenir dans leur propre pays. Bercés par les promesses de la hiérarchie militaire, ils comprendront petit à petit que les Français vont finir par partir et que leur sort est incertain.
Un mensonge d'Etat
« Je crois malheureusement que l’on peut parler de mensonge d’Etat de la France vis-à-vis des harkis, si l’on fait un relevé des déclarations faites au plus haut niveau de l’Etat entre 1958 et 1962, affirme Philippe Faucon. Le scénario est construit autour de cet évènement effectivement porteur d’une tragédie annoncée : on a armé des gens contre d’autres, qu’on a ainsi enfermés dans une situation très risquée pour eux. Puis, quand il s’est avéré que ces gens représentaient avec leurs familles un trop grand nombre de personnes à faire venir et installer en France, alors on a tenté de restreindre ce nombre. »
Lire aussi : Guerre d'Algérie : une loi de réparation en faveur des Harkis annoncée par Macron
« Le film est organisé en trois parties et court sur les trois dernières années du conflit, poursuit le réalisateur. Lorsque les harkis s’engagent, on leur explique que la France est présente en Algérie pour toujours, alors que le général de Gaulle évoque déjà en septembre 1959 le principe de l’autodétermination. En 1960, des émissaires français rencontrent des représentants du FLN, et la hiérarchie militaire envoie l’harka du lieutenant Pascal dans le bled pour soustraire ses harkis aux rumeurs qui circulent. Un peu auparavant, de Gaulle a parlé de "l’Algérie algérienne". Dans la troisième partie du film, on est en 1962. Le cessez-le-feu a été signé. Les harkis sont désarmés. Le choix fait trois ans auparavant se transforme en piège. »
Cette tragédie historique est décrite avec sobriété et aucun romanesque. Contrairement aux récits cinématographiques de guerre classiques, il n’y a pas de musique, ce qui confère toute son âpreté et sa vérité à la narration. C’est une histoire d’hommes peu instruits, pris dans la guerre, qui sentent un piège se refermer lentement sur eux. Les combats sont filmés en plans fixes, sans effets spéciaux, ce qui renforce le côté documentaire, voire testimonial du récit. Un film utile que l’on peut voir avec des jeunes afin de partager un bout encore peu connu de l’histoire de France. Pour Philippe Faucon, « il ne s’agit pas de ne pas prendre parti, mais de trouver à dire la complexité, d’éviter les simplismes, les manichéismes, d’exprimer le plus possible toutes les vérités. Ce qui n’est pas simple, car les vérités peuvent être multiples et rester en conflit ».
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« Le film est organisé en trois parties et court sur les trois dernières années du conflit, poursuit le réalisateur. Lorsque les harkis s’engagent, on leur explique que la France est présente en Algérie pour toujours, alors que le général de Gaulle évoque déjà en septembre 1959 le principe de l’autodétermination. En 1960, des émissaires français rencontrent des représentants du FLN, et la hiérarchie militaire envoie l’harka du lieutenant Pascal dans le bled pour soustraire ses harkis aux rumeurs qui circulent. Un peu auparavant, de Gaulle a parlé de "l’Algérie algérienne". Dans la troisième partie du film, on est en 1962. Le cessez-le-feu a été signé. Les harkis sont désarmés. Le choix fait trois ans auparavant se transforme en piège. »
Cette tragédie historique est décrite avec sobriété et aucun romanesque. Contrairement aux récits cinématographiques de guerre classiques, il n’y a pas de musique, ce qui confère toute son âpreté et sa vérité à la narration. C’est une histoire d’hommes peu instruits, pris dans la guerre, qui sentent un piège se refermer lentement sur eux. Les combats sont filmés en plans fixes, sans effets spéciaux, ce qui renforce le côté documentaire, voire testimonial du récit. Un film utile que l’on peut voir avec des jeunes afin de partager un bout encore peu connu de l’histoire de France. Pour Philippe Faucon, « il ne s’agit pas de ne pas prendre parti, mais de trouver à dire la complexité, d’éviter les simplismes, les manichéismes, d’exprimer le plus possible toutes les vérités. Ce qui n’est pas simple, car les vérités peuvent être multiples et rester en conflit ».
Les Harkis, de Philippe Faucon
France, 1h22
Avec Théo Cholbi, Mohamed Mouffok, Pierre Lottin, Yannick Choirat, Omar Boulakirba, Mehdi Mellouk, Amine zorgane, Alaeddine Ouali, Philippe du Janerand, Eric Paul
Sortie en salles le 12 octobre 2022
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