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Points de vue

L’islam : religion ou idéologie ?

Par Abdelhadi Mifdal*

Rédigé par Abdelhadi Mifdal | Jeudi 18 Avril 2013 à 00:00

           


L’idéologie est l’action de construire une pensée globale autour de la représentation du monde et de son mode de fonctionnement, une représentation qui se veut rationnelle et objective et derrière laquelle se cachent des intérêts de nature politique, religieuse ou philosophique, voire tout simplement un besoin de satisfaction matériel ou biologique. Une représentation qui n’est que l’image d’un certain nombre de préjugés ou d’idées préconçues.

Avec cette définition, la religion – n’importe laquelle – peut être classée dans le rang des idéologies, parce qu’elle nous parle de la représentation du monde, définit le rapport de l’homme avec Dieu, et de l’homme avec son environnement.

Mais quelle place a le questionnement ou l’entendement dans ces religions ? Peut-on imaginer une idéologie éclairée qui autoriserait l’entendement et le questionnement pour l’être humain ? Une idéologie qui éviterait à l’homme d’uniquement reproduire et prendre à son compte du prêt à penser ?

L’exagération et l’excès de confiance sont souvent les précurseurs de cette manière de penser, et les premiers responsables d’une certaine radicalisation au niveau de la communication tout simplement. Le côté simpliste et prêt à porter des idées fournies aux dépens d’une critique scientifique et intellectuelle permet à cette idéologie de trouver des adeptes auprès de populations moins instruites et en manque de savoir.

Pour répondre à la question : la religion est-elle une idéologie de ce type ? C’est-à-dire interdisant la critique scientifique des textes et prohibant l’utilisation de l’intelligence pour comprendre la représentation du monde. Si la religion demande à l’homme de croire à l’au-delà et à des notions métaphysiques telles que le paradis ou l’enfer à titre d’exemple, on peut dire que la religion est au-dessus de l’idéologie, dès lors qu’avec cette dernière les idées doivent être associées à une réalité matérielle. Par conséquent, la religion relève l’idée ou le concept à un niveau supérieur par rapport à son niveau de mise en œuvre.

Libérer la pensée humaine

Qu’en est-il de l’islam ? S’il est vu comme étant un ordre général qui engloberait tous les aspects de la vie et qu’il a sa propre représentation et conception du monde, on peut être amené à penser l’islam comme étant une idéologie de plus et à placer dans le même rang que les autres.

En islam, nous trouverons les deux types d’idéologies : celle que l’on dit éclairée et laissant place à la raison et celle que l’on dit simpliste, où l’action de l’intellect et de l’intelligence est limitée, alors que l’islam n’a jamais exclu la diversité des traditions, des cultures, des langues, et des modes de vie.

L’islam a libéré la pensée humaine en l’incitant à découvrir et à réfléchir, et à se questionner même sur Dieu. En islam, la raison et l’intelligence sont des alliés de la foi, et n’interdit pas la réflexion et le raisonnement pour prêcher la soumission aveugle : « Il y a certes dans la création des Cieux et de la Terre, dans la succession des nuits et des jours des signes pour ceux qui sont doués d’intelligence » (sourate 3, « Al Imran », v. 190).

Les mouvements réformistes, depuis plusieurs siècles, sont un des meilleurs exemples de cette liberté de penser et de productions des idées qui permettent de mener des réflexions même sur les textes sacrés tels le Coran ou les paroles du Prophète.

Idéologisation de l’islam

Cependant, nous constatons que des mouvements dits islamiques, pour des raisons religieuses ou politiques, ont manœuvré vers une sorte d’idéologisation de l’islam pour accepter ou, au contraire, rejeter l’autre (personne, culture, idée, réflexion…).

La démarche qui aboutit à ce résultat, à savoir l’idéologisation de l’islam, peut être résumée comme suit :
1 – Insister sur le comportement et la spiritualité pour exclure la raison : de ce fait, l’adepte apparaîtrait plus religieux et serait plus crédible ;
2 – Uniformiser la pratique religieuse et la pensée intellectuelle ;
3 – Renvoyer la représentation du monde à une seule lecture, pour que les textes deviennent la seule source de savoir pour toutes les disciplines et « la solution à tous les problèmes » (économiques, sociaux…) ;
4 – Ignorer la lecture contextuelle des événements ;
5 – Développer une certaine radicalisation dans la pensée.

Pour conclure, le prêt-à-penser et l’idéologisation de la religion nuiraient à l’intégration de celle-ci et radicaliseraient ses adeptes.


* Abdelhadi Mifdal est enseignant.





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