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Sur le vif

Il y a 20 ans, Brahim Bouarram était jeté dans la Seine

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 1 Mai 2015 à 07:00

           


Un hommage à Brahim Bouarram, jeté à la Seine le 1er mai 1995.
Un hommage à Brahim Bouarram, jeté à la Seine le 1er mai 1995.
Il y a 20 ans, jour pour jour, le 1er mai 1995, Brahim Bouarram mourrait noyé. Alors qu’il profitait de la Fête du travail pour se balader sur les quais de Seine, le jeune Marocain de 29 ans, père de deux enfants, est attaqué en public par un groupe de trois skinheads. Sans bagarre ni réelle altercation, il est tout simplement jeté dans la Seine par l’un d’eux, au niveau du Pont du Carrousel, à Paris. Ses agresseurs faisaient partie du cortège annuel du Front national qui célèbre, comme chaque année, Jeanne d’Arc. Le défilé avait alors rassemblé 8 000 personnes selon la police.

Le meurtre raciste avait vite pris une ampleur politique car il intervenait entre les deux tours des élections présidentielles qui marque la fin de la présidence Mitterrand. Dans le quotidien Libération du lendemain, Jean-Marie Le Pen ne voit en ce meurtre qu’un « fait divers ». Pour lui, la mort de Brahim Bouarram n'avait « aucun rapport » avec le défilé du FN : « Ces faits se sont produits alors que la queue de la manifestation du Front national était très éloignée du pont où se sont produits ces incidents. »

De son côté, Jacques Chirac, qui sera élu président le 17 mai 1995, avait exprimé « son indignation et sa consternation devant un geste sauvage qui semble être de nature raciste ». Un « acte odieux nous rappelle une fois encore la vigilance qui s'impose devant toutes les formes de l'intolérance ».

L'accusé principal du meurtre de Brahim Bouarram, Michael Fréminet était âgé de 19 ans au moment des faits. Il est jugé trois ans plus tard en mai 1998 par la cour d’Assises de Paris et condamné à huit ans de prison ferme. Un jugement très modéré pour un acte si grave. En 2003, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, a décidé de poser une plaque commémorative, sur le quai rive droite, en la mémoire du Marocain, au nom des citoyens de Paris.

Pour le FN, le 1er mai est une démonstration de force

Si, depuis 20 ans, le 1er mai est jour de deuil pour la famille de Brahim Bouarram et de commémoration pour les militants antiracistes, ce jour reste l'affirmation de l’identité française pour les frontistes et les identitaires. En célébrant la pucelle d'Orléans, les militants du FN entendent faire preuve chaque année une démonstration de force.

La manifestation de 2015 prendra un caractère particulier car c’est la première fois, depuis l’histoire du parti, que le FN va rassembler autant d’élus. Entre les deux députés, les deux sénateurs, les 12 maires, 1 546 conseillers municipaux, 118 conseillers régionaux, les 62 conseillers généraux, sans oublier les 24 eurodéputés dont Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen… Le cortège va mettre en valeur ses nombreuses écharpes « bleu-blanc-rouge » qui représentent la République, et ainsi appuyer la stratégie de dédiabolisation du parti si chère à l’actuelle présidente du FN.

De leur côté, de nombreuses associations et organisations antiracistes et antifascistes appellent à un rassemblement de 11h à 12h au Pont du Carrousel à Paris pour commémorer la mémoire de Brahim Bouarram et celles de toutes les autres victimes du racisme. L'occasion pour eux de rappeler que, si le visage du FN a beaucoup changé, ses discours typique de l'extrême droite sont toujours les mêmes.

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