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Sur le vif

Entre la Turquie et les Pays-Bas, le torchon brûle

Rédigé par Imane Youssfi | Lundi 13 Mars 2017 à 12:06

           


Entre la Turquie et les Pays-Bas, le torchon brûle
Les tensions diplomatiques sont vives entre Ankara et La Haye depuis samedi 11 mars. Les autorités néerlandaises ont expulsé la ministre turque de la Famille Fatma Betül Sayan Kaya, arrivée à Rotterdam par la route depuis l’Allemagne, et ont refusé l’atterrissage de l’avion du chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.

Les deux membres du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan venaient en Europe afin de mener campagne auprès de la diaspora pour le référendum du 16 avril prochain en Turquie. A l’issue de cette consultation populaire, les citoyens turcs devront dire s’ils souhaitent ou non étendre les pouvoirs de leur président. Une mobilisation d’un millier de manifestants s’est organisée devant le consulat de Rotterdam avant d'être dispersés par la police d’une manière assez musclée.

« Ils devront en payer le prix », s’est exprimé dimanche Recep Tayyip Erdogan lors d’une grande conférence publique à Istanbul. « Je pensais que le nazisme était mort, j’avais tort. Le nazisme est encore très répandu en Occident. L’Occident a montré son vrai visage », a-t-il lâché.

Des annulations et reports en cascade

Car les Pays-Bas ne sont pas les seuls à avoir interdit à des membres du gouvernement turc l'accès à leur territoire. Ailleurs en Europe, des autorités ont préféré annulé les rassemblements prévus, ce qui a été le cas en Suisse et en Autriche.

En Allemagne, le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière a quasiment interdit ces rassemblements, estimant qu’une campagne électorale turque n’avait rien à faire en Allemagne et que les ministres turcs n’étaient pas les bienvenus. Le Danemark est resté quant à lui plus diplomate en proposant au Premier ministre turc Binali Yildirim de reporter sa visite en raison de l'incident diplomatiques avec les Pays-Bas.

La position française fait grincer des dents

Seule la France a autorisé le gouvernement turc à faire campagne ce week-end sur son sol. Mevlut Cavusoglu, ministre des Affaires étrangères, a participé un meeting pour le « oui » dimanche à Metz (Moselle), en présence d'un millier de personnes.

Cette décision a été dénoncée par plusieurs candidats à la présidentielle comme Emmanuel Macron, Marine Le Pen ou encore François Fillon qui a accusé François Hollande de rompre « de manière flagrante la solidarité européenne ». La diplomatie française a indiqué, pour sa part, que sa décision était fondée sur la liberté de réunion.

Les Pays-Bas ont appelé, lundi 13 mars, leur ressortissants en Turquie à la prudence dans un nouvel avis aux voyageurs. Dans un communiqué, le gouvernement néerlandais a rappelé les tensions entre Ankara et La Haye de rester vigilants et d'éviter les rassemblements et les endroits très fréquentés. Le gouvernement, par la voix du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, a refusé par ailleurs de présenter ses excuses à la Turquie. « Vous devez encore rendre des comptes pour votre effronterie », a lancé Erdogan. La crise diplomatique entre les deux Etats n'est pas prête de s'apaiser.

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