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Points de vue

Dieudonné : quand Valls et Klarsfeld menacent eux-mêmes l’ordre public

Rédigé par Alain Gabon | Samedi 11 Janvier 2014 à 06:00

           


Le lynchage politico-médiatique de Dieudonné aura encore une fois prouvé que, malgré leurs postures aussi faciles qu’hypocrites de « champions de la lutte contre le racisme », nos « élites » n’ont en réalité ni moralité ni intégrité, et ne se privent jamais de pratiquer eux-mêmes ce dont ils accusent les autres.

Prenons le cas fort intéressant d’Arno Klarsfeld.

Avocat « playboy » franco-israélien, icône de la droite caviar, archétype de « l’héritier casé » (il est le fils des fondateurs de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France ), bénéficiaire de multiples parachutes dorés de la part de son ami Nicolas Sarkozy pendant son quinquennat (l’Israélien de cœur a été nommé à la tête de l’Office de l’immigration et de l’intégration), on connaissait Klarsfeld surtout pour son inaptitude à soutenir un débat contradictoire (incapable de gagner un argument contre Robert Ménard, on se souvient qu’il lui lança son verre d’eau au visage ) et ses nominations-cadeaux par nos gouvernants, comme l’illustre son intégration en 2010 au Conseil d’État, institution qui vient par ailleurs d’interdire (sacrée coïncidence) le spectacle de Dieudonné à Nantes.

Insultes publiques aux spectateurs

Moins exotique que ses frasques mondaines et sa longue liste de privilèges d’ami des puissants, la face plus sinistre de cet homme vient d’être mise à découvert.

Ainsi, après avoir appelé le 4 janvier à manifester contre les spectacles de l’humoriste, Klarsfeld ne se priva pas d’insulter publiquement et collectivement l’ensemble des spectateurs et fans de Dieudonné, déclarant à Libération que ceux qui vont à ses spectacles s’y rendent « pour entendre casser du juif ». Les spectateurs de Dieudonné sont donc tous des antisémites et, mieux encore, se rendent à ses spectacles purement par antisémitisme et « haine du juif ».

On a là un de ces exemples bien connus et totalement prévisibles non seulement d’insulte caractérisée à des milliers de Français, mais, pire dans son cas, un bel exemple d’instrumentalisation cynique et moralement répugnante de l’antisémitisme à des fins de provocation et d’intimidation. « Ne va pas au spectacle, sinon tu es un… antisémite ! »

De la part de sionistes et archicommunautaristes comme Klarsfeld (dont le silence à propos d’actes et de paroles islamophobes est assourdissant), on connaît la chanson. Mais, dans cette affaire, l’individu se révèle aussi comme un personnage sinon réellement du moins potentiellement dangereux.

Une stratégie de désordre public ?

En effet, en appelant en cœur à des manifestations de masse contre les spectacles de Dieudonné, Arno Klarsfeld mais aussi le ministre de l’Intérieur Manuel Valls prennent sciemment le risque de provoquer eux-mêmes des troubles à l’ordre public. D’autant qu’ils ne peuvent en rien ignorer que les émotions, les colères et les haines, chauffées à blanc par deux semaines de diabolisation de Dieudonné et de ses fans, ont atteint leur sommet d’hystérie et sont maintenant à couteaux tirés.

Malgré cela, en appelant aux manifestations contre les spectacles de Dieudonné, en les encourageant et même en regrettant qu’il n’y en ait pas « davantage » comme le fait le ministre sur Europe 1, le binôme Valls/Klarsfeld n’hésite pas à jeter de l’huile sur le feu en précipitant dans la rue des Français contre d’autres Français. Ni Valls ni Klarsfeld ne peuvent en effet ignorer que, dans la situation actuelle, il y aurait risque que ces manifestations ne dégénèrent en mettant deux foules en opposition ouverte directement l’une contre l’autre.

On peut « comprendre » Arno Klarsfeld dont il n’y a rien à espérer, mais pas d’un ministre de l’Intérieur, en charge de la paix civile et de la sécurité des Français. On peut d’ailleurs se demander si, du moins de la part de Klarsfeld, cette stratégie de la tension et de la confrontation de rue, dont le côté irresponsable est évident, n’a pas en fait pour but de provoquer des troubles à l’ordre public afin de fournir le prétexte requis pour les interdictions.

La circulaire Valls cite, en effet, les deux conditions nécessaires qui autorisent l’interdiction d’un spectacle : 1) « l’existence de risques de graves troubles à l’ordre public induits par cette manifestation » ; 2) « l’impossibilité de prévenir ces troubles par des mesures de police appropriées ».

Enfin, remarquons l’hypocrisie totale des maires et préfets qui ignorent la seconde condition nécessaire à l’interdiction, à savoir que ces « troubles graves » (inexistants dans le passé et improbables dans le présent) seraient si violents qu’aucune mesure de police ne pourrait les empêcher. Ces maires, préfets et ministres prennent-ils les Français pour des imbéciles en prétendant que même des cordons de police entre les spectateurs et manifestants ne sauraient empêcher un éventuel affrontement ?

La manœuvre est donc évidente. Il s’agit, sinon de créer des troubles réels à l’ordre public avec ces manifestations anti-Dieudonné, du moins de répandre l’idée que des troubles pourraient survenir et de donner ainsi aux maires l’alibi idéal pour interdire les spectacles. C’est bien ainsi que les choses se passent.

Klarsfeld risque-t-il d’être radié du barreau ?

C’est à plus d’un titre que l’ex de Carla Bruni et ancien garde-frontière de l’armée israélienne joue avec le feu. Dans une intéressante analyse juridique de la Ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM) mais jusqu’à présent ignorée des grands médias nationaux, il se pourrait en effet qu’Arno Klarsfeld ait bel et bien appelé ouvertement à des troubles à l’ordre public dans l’espoir de justifier les interdictions de spectacles. Ce qui, en sa qualité d’avocat, lui vaudrait la radiation du barreau.

Voici en effet ce que déclare Klarsfeld dans une interview à LCI : « Il faut une manifestation devant pour que les tribunaux puissent considérer qu’il y a un trouble à l’ordre public pour que la décision du ministre de l’Intérieur et de la préfecture soit justifiée sur des bases légales. Et les bases légales, c’est un trouble à l’ordre public, et l’ordre public ne peut être troublé que si des gens manifestent pour dire : “On n’en peut plus.” » Si cela n’est pas un appel direct à troubler l’ordre public, cela y ressemble de très près !

L’analyse serrée de la LDJM souligne qu’appeler à troubler l’ordre public comme le fait Klarsfeld à mots semi-couverts permet au procureur de la République et au bâtonnier de l’Ordre des avocats de se saisir de l’affaire. De plus, « Arno Klarsfeld étant avocat, inscrit au Barreau de Paris, il est soumis aux règles déontologiques à l’instar de l’ensemble du corps de cette profession. À ce titre, un avocat ne peut – quand bien même cela se ferait hors de son rôle professionnel – appeler les gens à l’émeute ou la rébellion ».

Étant donné le statut privilégié du personnage, ses liens avec les puissants et le fait que ces puissants, tant dans les médias que dans la politique, et au sommet de l’État se sont ligués comme un seul homme pour détruire Dieudonné, il n’y a, dans ce contexte, aucune chance pour que cette affaire soit examinée comme elle devrait pourtant l’être.

Des individus comme Arno Klarsfeld peuvent se permettre impunément non seulement d’insulter autant de Français qu’ils veulent mais aussi d’ignorer les plus élémentaires des règles éthiques de leur propre profession pour servir leurs desseins et mettre des Français en danger en les jetant dans la rue les uns contre les autres.

On aura cependant compris l’essentiel de la manœuvre sinistre de cet agent provocateur – dont Valls, sur ce coup, est l’allié objectif – : susciter lui-même des troubles à l’ordre public, du moins en laisser planer la menace, puis mettre cela sur le dos de Dieudonné afin que les maires aient leur alibi pour l’interdire. Cynisme écœurant, surtout quand la manœuvre joue avec la sécurité des Français.

Alain Gabon, professeur des universités aux États-Unis, dirige le programme de français à Virginia Wesleyan College (université affiliée à l’Église méthodiste de John Wesley), où il est maître de conférences. Il est l’auteur de nombreuses présentations et articles sur la France contemporaine et la culture française.






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