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Points de vue

De l’universalité de l’islam

Vocation de l'islam

Rédigé par | Vendredi 16 Juin 2017 à 08:45

           


Calligraphie de Nja Almahdawy.
Calligraphie de Nja Almahdawy.
La période qui a vu naître puis se propager l’islam sur trois continents se caractérise par la géopolitique des empires. Les civilisations se confrontent et des mondes plus ou moins homogènes et hermétiques s’opposent. L’altérité n’y trouve que peu de place et la domination par les armes est la règle. L’espace occupé par les religions se confond avec celles des aires géographiques et civilisationnelles.

Notre monde devenu, comme le consacre la fameuse expression, un petit village s’accompagne de la cohabitation de divers univers sociétaux et mentaux. Face à cette situation assez inédite, les religions doivent s’y adapter en montrant leur aptitude à l’universalisme. Il va de soi que l’islam a toujours été une religion universelle (auquel cas il n’aurait pas traversé les siècles), cependant cette propension à l’universel doit être remise à jour et approfondie. En effet une religion figée est une religion qui se meurt, une religion qui se confondrait avec une culture ne peut être universel.

L’universel dans le Coran

Son universalité apparaît dans la structure même de son livre fondateur qu’est le Coran. Alors même que les versets accompagnent la communauté naissante à travers les péripéties des premiers missionnaires, on ne trouve nulle trace de leurs noms, pas de chronologie et de lieux précis et il n’existe que très peu de récits détaillés. C’est seulement par la « science des causes de révélation » que l’on devine les mérites de chacun des fidèles compagnons du Prophète.

Par ce procédé, Dieu – exalté soit-Il – veut effacer les dimensions d’espace et de temps pour magnifier les nobles sentiments et les vertus humaines. Dieu se sert des circonstances et des étapes de la vie de cet embryon de communauté musulmane pour inscrire dans le marbre les vérités métaphysiques et les valeurs universelles. Les évènements ne sont pas réellement les causes de la révélation mais sont seulement des circonstances.

L’universalisme de l’islam est affirmé dans maints versets dans lesquels Dieu proclame l’unité du genre humain et sa place privilégié dans la Création. « Nous avons certes honoré les fils d’Adam » (Coran, s. 17, v. 70) ou encore « Lorsque ton Seigneur confia aux anges : je vais établir sur la Terre un vicaire (un calife)... » (Coran, s. 2, v. 31).

Le message coranique s’adresse à tous les hommes sans distinction aucune, c’est ainsi que Dieu les interpelle en les apostrophant à l’aide de l’expression « Ô vous, les hommes ! » : « Ô vous, les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez mutuellement » (Coran, s. 49, v. 13) ; « Ô hommes ! De ce qui existe sur Terre, mangez le licite et le pur » (Coran, s. 2, v. 168) ; « Ô hommes ! Adorez votre Seigneur, qui vous a créés vous et ceux qui vous ont précédés. Ainsi atteindriez-vous la piété » (Coran, s. 2, v. 21).

C’est ainsi que le Dieu du Coran est le Dieu des mondes « Rab al a’lamin », et que son Prophète a été envoyé comme « miséricorde aux mondes ». Le message coranique est incontestablement universel et rejette toute exclusivité ou peuple élu.

La prime nature de l’homme

L’islam consacre l’égalité entre les êtres humains trouvant leur origine dans un même souffle divin. Cet esprit fonde ce que le Coran appelle la « fitra » ; prime nature qui nous rappelle notre origine métaphysique et notre faculté à communier avec le Divin. « Consacre-toi à la religion, en monothéiste sincère ! C’est Dieu qui a voulu que cette croyance fût inhérente à la nature de l’homme. Et l’ordre établi par Dieu ne saurait être modifié. Telle est la religion de la rectitude, mais la plupart des hommes n’en savent rien » (Coran, s. 30, v. 30).

Dans les écritures saintes bibliques, les hommes sont qualifiés d’« enfants de Dieu » ; le Coran, quant à lui, n’utilise pas cette expression pour éviter toute équivoque et rester fidèle à l’expression très rationnelle du tawhid. Cependant, cette idée de filiation spirituelle apparait dans un hadith : « Dieu a créé Adam à son image » (rapporté par Muslim).

Les êtres humains sont ainsi dotés de qualités (toutes relatives) qu’ils partagent avec Dieu dont les attributs sont absolus : liberté, conscience et raison, douceur et bienveillance, volonté et responsabilité... En tous ces points, les êtres humains sont égaux. Tels sont l’universalisme et l’humanisme de l’islam.

Diversité du genre humain

Procès est fait souvent à l’islam pour sa dimension hégémonique, totalitaire. L’islam ne laisserait que peu de place à la diversité des croyances. Pourtant, plus que nulle autre religion, l’islam a établi la liberté de conviction et de culte : « Nulle contrainte en religion. »

La diversité du genre humain est non seulement le Vouloir de Dieu, mais c’est aussi le miracle de sa création qui nous invite à la méditation. « Et parmi Ses signes, il y a aussi la création des Cieux et de la Terre, la diversité de vos langues et de vos couleurs. En vérité, il y a en cela des signes pour des esprits éclairés » (Coran, s. 30, v. 22).

L’unité du genre humain apparaît comme le reflet de l’Unicité de Dieu. La grâce accordée par Dieu à cette humanité s’accompagne d’une épreuve, un défi. La diversité, dans l’unité du genre humain, doit être une incitation pour les êtres humains à se surpasser dans l’accomplissement des bonnes œuvres en conformité avec le projet divin et Ses attributs. « Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté, mais Il a voulu vous éprouver par le don qu’Il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les œuvres de bien. Votre retour à tous se fera vers Dieu ; Il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends » (Coran, s. 5, v. 48).

Dans cette compétition, l’origine sociale, le sexe d’appartenance ou l’ethnie importent peu, seule la dévotion hiérarchise les êtres humains ; ainsi l’affirme le Prophète de l’islam : « Ô, les hommes, votre Pourvoyeur est unique, et votre père est unique. Pas de supériorité revenant à un Arabe sur un non-Arabe, ni à un non-Arabe sur un Arabe, ni à un Blanc sur un Noir, ni à un Noir sur un Blanc. La seule (supériorité qui soit auprès de Dieu) est la piété » (rapporté par Ahmad).

Islam et diversité culturelle

Plus que par le passé, cet universalisme doit épouser toutes les formes de cultures humaines. Dans le Coran, on trouve ainsi des éléments anthropologiques qu’il ne faut pas reproduire et des principes universels qui prennent des formes et colorations différentes en fonction des cultures.

Ce relativisme culturel transparait dans le vocabulaire coranique qui ne parle pas de bien et de mal mais enjoint d’« interdire le blâmable et ordonner le convenable ».

Après avoir effectué cette mue, l’islam pourra de nouveau fertiliser la civilisation humaine dominée par un Occident triomphant par sa technique mais qui erre à la recherche d’un idéal universel et transcendant comme l’a affirmé René Guénon mais aussi le penseur algérien Malek Bennabi (L’Afro-Asiatisme, 1956) : « La puissance technique a rendu le monde petit, il faut maintenant le rendre habitable. »

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Djilali Elabed est enseignant en sciences économiques et sociales.



Djilali Elabed
Djilali Elabed est enseignant en sciences économiques et sociales et spécialiste de la pensée de... En savoir plus sur cet auteur


Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par François CARMIGNOLA le 17/06/2017 20:55 | Alerter
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1) Appareil idéologique d'une conquête militaire de l'antiquité tardive, l'universalité de l'islam se mesure essentiellement par la surface des territoires conquis par la force. Les savoirs à portée universelle furent développés en dehors des religions, et en particulier de celle là.

2) Le "nulle contrainte en religion" , est le parangon du verset du coran "moqueur de figure" cité par les frères musulmans:
http://pointdebasculecanada.ca/le-verset-2-256-pas-de-contrainte-en-religion-larme-favorite-des-freres-musulmans-pour-berner-les-elites-occidentales/

3) 5.48 est suivi immédiatement par le fameux 5.51:
"Ô les croyants! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes."
bref, la moquerie cynique et provocatrice est de mise...

2.Posté par Rahan le 21/06/2017 18:03 | Alerter
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Vous relayez les sites d'extreme droite maintenant François. La classe.
Vos écrits ont toujours autant de sens je vois.
L'universalisme se mesure par la surface des territoires conquis. Pardon mais c'est une phrase sans queue ni tete.
Réalisez-vous aussi que vous citez des textes qui relatent les batailles de l'an 700. Les antagonismes entre tribus de cette époque donc. Aucun rapport avec l'universalisme.

3.Posté par François CARMIGNOLA le 24/06/2017 18:51 | Alerter
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Si lutter contre les frères musulmans c'est être d'extrême droite, me voilà dans le camp de l'Arabie Saoudite...

Je voulais dire que l'universalisme identifié à celui d'une conquête militaire n'est pas le mien. Je vous accorde que l'indonésie fait exception, mais cela ne change rien à l'affaire: votre universalisme est d'abord guerrier.

Je vous trouve bien cavalier avec les malédiction des années 700: elles forment bien le corps de la doctrine de l'"universalisme" dont nous parlons...

4.Posté par Rahan le 25/06/2017 16:42 | Alerter
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Vous comprenez toujours autant ce que vous lisez je vois.
J'ai ecris les sites.
J'ai aussi écris que je ne voyais pas le rapport avec les conquêtes.
Le contraire de ce que vous dites donc.
L'Histoire c'est mille paramètres, des milliers meme. Et vous prenez celui qui vous arrange juste.
Comme les batailles entre tribus en l'an 700.
On impose pas. Ca ne marche jamais. S'élèvent des rebelles, des résistants.
Vous confondez Histoire, universalisme et identité. L'identité c'est celle que l'on se forge. On est pas français, on a un esprit français. Etre français ça ne veut rien dire.
Etre français c'est aimer la culture française, sa littérature, son Histoire, ses écrivains, sa cuisine....
Idem pour les autres identités. Confession et identité ne sont pas synonymes.
Idem pour les confessions. Etre croyant c'est aimer l'Histoire de sa religion, ses personnages, ses mythes, ses préceptes, ses philosophies, son dogme.......etc. Indépendamment de son identité culturelle.
Les religions ne sont pas figées. Elles sont sans cesse lues, décortiquées, discutées, il existe meme un terme pour le dire. Je ne suis pas musulman et je n'ai hélas pas retenu ce mot.
Une meme religion n'est d'ailleurs pas pratiquée de la meme manière selon les pays.
Vous abordez l'Histoire sous l'angle qui vous arrange pour faire valider votre théorie juste.
Les religions sont universelles. Les religions ne sont pas un territoire. Et inversement. Les territoires ne sont pas des religions. On peut etre de culture f...  


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