Le mois de Ramadan 2020 n’est sans doute pas comme les autres années. Comment pouvez-vous le qualifier, vous qui avez traditionnellement beaucoup d’activités et de programmes ? Quelle est la spécificité du Ramadan de cette année ?
Rachid Lahlou : Jamais un mois de Ramadan n’aura été aussi marqué et aussi marquant. Un Ramadan marqué par l’épidémie qui a nous a tous frappés, où que nous soyons dans le monde, et par le confinement qui s’en est suivi. En tant qu’humanitaires et acteurs de la solidarité, je me permets d’adresser nos pensées ainsi que nos prières aux populations affectées directement ou indirectement par l’épidémie du coronavirus, pour que la crise prenne fin le plus rapidement possible.
Et puis c’est un mois de Ramadan marquant par l’élan de solidarité qu’il a créé : une solidarité inédite face à toutes les épreuves, celles de la pauvreté, du dénuement et de la fragilité, qui se sont fortement aggravées avec l’épidémie. Plusieurs millions de personnes en France et à travers le monde se sont retrouvées doublement touchées et affectées par la crise sanitaire et ses conséquences qui ont encore aggravé la précarité de ces populations et mis à mal les conditions de leur subsistance.
Et puis c’est un mois de Ramadan marquant par l’élan de solidarité qu’il a créé : une solidarité inédite face à toutes les épreuves, celles de la pauvreté, du dénuement et de la fragilité, qui se sont fortement aggravées avec l’épidémie. Plusieurs millions de personnes en France et à travers le monde se sont retrouvées doublement touchées et affectées par la crise sanitaire et ses conséquences qui ont encore aggravé la précarité de ces populations et mis à mal les conditions de leur subsistance.
Comment le SIF s’est organisé dans ce contexte qui est, comme vous le décriviez, particulier et contraignant à cause notamment des restrictions liées au confinement ?
Rachid Lahlou : Dès le tout début de la crise, le Secours Islamique France s’est mobilisé, que ce soit en France ou à l’international. Pour cela, je remercie toutes les équipes du SIF, en France et dans nos différentes missions à l’étranger qui, dans le cadre de notre plan de continuité de l’activité, ont redoublé d’efforts pour préserver les projets et renforcer notre action sur le terrain.
Je remercie du fond du cœur nos bénévoles et je rends hommage à leur dévouement et à leur engagement avec nous dans l’action au profit de tous nos bénéficiaires. Le contexte n’était pas facile avec l’épidémie qui se propageait encore et, malgré ça, nos bénévoles étaient là, sont toujours là, dans toutes nos actions au profit des plus fragiles.
Lire aussi : Rachid Lahlou : L’histoire du Secours islamique, « un cri d’espoir pour les nouvelles générations »
Je remercie du fond du cœur nos bénévoles et je rends hommage à leur dévouement et à leur engagement avec nous dans l’action au profit de tous nos bénéficiaires. Le contexte n’était pas facile avec l’épidémie qui se propageait encore et, malgré ça, nos bénévoles étaient là, sont toujours là, dans toutes nos actions au profit des plus fragiles.
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Plus concrètement, comment ce plan de continuité de l’activité s’est-il traduit ?
Rachid Lahlou : En France, nous avons maintenu l’ensemble de nos structures d’aide et renforcé nos dispositifs d’urgence. Nos centres d’accueil, d’hébergement d’urgence et de mise à l’abri sont restés ouverts et le sont encore.
Notre épicerie solidaire, EpiSol, et nos maraudes sociales ont continué à venir en aide aux personnes et aux familles fragilisées et vivant dans l’extrême précarité. Le SIF a procédé à des distributions alimentaires dans la région Ile-de-France et effectué, parfois en partenariat avec d’autres acteurs de la solidarité, comme le Samusocial de Paris ou d’autres organismes communaux et départementaux, des maraudes alimentaires au profit des sans domicile fixe et des personnes vivant hors toute structure d’accueil et d’hébergement.
A l’international, nous avons fait preuve d’une grande réactivité et de capacité d’adaptation aux conditions difficiles de travail sur le terrain. Le SIF a déployé un dispositif de grande envergure dans plusieurs pays, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.
Nous avons redoublé d’efforts et mis en place avec toutes nos équipes terrain des moyens supplémentaires dans le cadre de ces actions d’urgence à l’international. L’objectif : donner aux populations vulnérables, encore plus fragilisées par la crise sanitaire, les moyens de se protéger et de survivre dans un contexte de restrictions et souvent de confinement.
Dans les pays pauvres où nous intervenons, la crise sanitaire est une menace pour des millions d’êtres humains. Leurs perspectives d’avenir dépendent de l’aide humanitaire et donc de la générosité des donateurs. Le SIF est, et restera, aux côtés de ces personnes tout au long de la crise, et bien sûr au-delà, comme nous l’avons toujours été.
Notre épicerie solidaire, EpiSol, et nos maraudes sociales ont continué à venir en aide aux personnes et aux familles fragilisées et vivant dans l’extrême précarité. Le SIF a procédé à des distributions alimentaires dans la région Ile-de-France et effectué, parfois en partenariat avec d’autres acteurs de la solidarité, comme le Samusocial de Paris ou d’autres organismes communaux et départementaux, des maraudes alimentaires au profit des sans domicile fixe et des personnes vivant hors toute structure d’accueil et d’hébergement.
A l’international, nous avons fait preuve d’une grande réactivité et de capacité d’adaptation aux conditions difficiles de travail sur le terrain. Le SIF a déployé un dispositif de grande envergure dans plusieurs pays, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.
Nous avons redoublé d’efforts et mis en place avec toutes nos équipes terrain des moyens supplémentaires dans le cadre de ces actions d’urgence à l’international. L’objectif : donner aux populations vulnérables, encore plus fragilisées par la crise sanitaire, les moyens de se protéger et de survivre dans un contexte de restrictions et souvent de confinement.
Dans les pays pauvres où nous intervenons, la crise sanitaire est une menace pour des millions d’êtres humains. Leurs perspectives d’avenir dépendent de l’aide humanitaire et donc de la générosité des donateurs. Le SIF est, et restera, aux côtés de ces personnes tout au long de la crise, et bien sûr au-delà, comme nous l’avons toujours été.
Avez-vous supprimé certains programmes ou en avez-vous créé d’autres ? Comment avez-vous procédé ?
Rachid Lahlou : D’abord, les actions d’aide déjà programmées sur toute l’année, comme le parrainage d’orphelins, la sécurité alimentaire, le soutien économique, l’accès à l’eau, ont été maintenues et, pour la plupart, renforcées.
A cela se sont ajoutées des campagnes de sensibilisation aux mesures de protection contre l’épidémie et la distribution de kits alimentaires et de kits sanitaires permettant aux familles bénéficiaires de bien se nourrir dans le contexte de confinement, de pénurie et de flambée des prix des produits alimentaires de première nécessité, et bien sûr de se protéger. Dans certains pays, comme le Nigéria, le SIF a distribué des masques de protection fabriqués par des bénéficiaires de notre dispositif de soutien économique par des activités génératrices de revenus.
Ainsi, ces actions ont eu lieu au Mali, au Pakistan, en Palestine, au Maroc, au Tchad, à Madagascar, Sénégal, Somalie, Nigéria… en tout dans 14 pays. C’est considérable mais, en même temps, c’est très peu par rapport à l’immensité des besoins.
A cela se sont ajoutées des campagnes de sensibilisation aux mesures de protection contre l’épidémie et la distribution de kits alimentaires et de kits sanitaires permettant aux familles bénéficiaires de bien se nourrir dans le contexte de confinement, de pénurie et de flambée des prix des produits alimentaires de première nécessité, et bien sûr de se protéger. Dans certains pays, comme le Nigéria, le SIF a distribué des masques de protection fabriqués par des bénéficiaires de notre dispositif de soutien économique par des activités génératrices de revenus.
Ainsi, ces actions ont eu lieu au Mali, au Pakistan, en Palestine, au Maroc, au Tchad, à Madagascar, Sénégal, Somalie, Nigéria… en tout dans 14 pays. C’est considérable mais, en même temps, c’est très peu par rapport à l’immensité des besoins.
Ces actions ont-elles été maintenues pendant le Ramadan ou ont-elles subi des adaptations et des ajustements ?
Rachid Lahlou : Avec le mois du Ramadan, le SIF a pris la mesure des besoins des populations démunies et en même temps de toutes les contraintes sanitaires et logistiques pour s’adapter et mettre en place des dispositifs d’envergure et entreprendre des actions importantes.
En France, nos traditionnelles « Tables du Ramadan », qui existent depuis 12 ans maintenant et que vous connaissez très bien, ont été adaptées au contexte. C’est la mise en place du dispositif mobile « Tournée des Tables du Ramadan », qui, grâce encore une fois à la générosité des donateurs et à leur soutien, mais aussi grâce à l’engagement admirable de nos bénévoles et au travail de nos équipes, prépare chaque jour plus de 1 100 repas chauds et les distribue au plus près des bénéficiaires dans leurs structures d’hébergement, comme les hôtels sociaux et les foyers.
Depuis le début de la crise et surtout depuis le début du Ramadan, c’est le dispositif le plus important d’aide alimentaire quotidienne de toute la région Île-de-France. En moyenne, 1 100 repas chauds sont livrés chez les bénéficiaires, avant la rupture du jeûne. C’est inédit et c’est le SIF qui le réalise tous les jours.
En France, nos traditionnelles « Tables du Ramadan », qui existent depuis 12 ans maintenant et que vous connaissez très bien, ont été adaptées au contexte. C’est la mise en place du dispositif mobile « Tournée des Tables du Ramadan », qui, grâce encore une fois à la générosité des donateurs et à leur soutien, mais aussi grâce à l’engagement admirable de nos bénévoles et au travail de nos équipes, prépare chaque jour plus de 1 100 repas chauds et les distribue au plus près des bénéficiaires dans leurs structures d’hébergement, comme les hôtels sociaux et les foyers.
Depuis le début de la crise et surtout depuis le début du Ramadan, c’est le dispositif le plus important d’aide alimentaire quotidienne de toute la région Île-de-France. En moyenne, 1 100 repas chauds sont livrés chez les bénéficiaires, avant la rupture du jeûne. C’est inédit et c’est le SIF qui le réalise tous les jours.
Et à l’international ?
Rachid Lahlou : Les projets d’aide alimentaire pendant Ramadan dans tous nos pays d’intervention ont aussi été adaptés au contexte pandémique. En plus de la distribution de colis Ramadan, le dispositif de coupons alimentaires a été très largement utilisé pour répondre aux besoins des populations vulnérables de ces pays jusqu’à la fin de la période de jeûne.
Avez-vous constaté plus de solidarité et de réponses positives à vos appels aux dons durant le mois de Ramadan ou au contraire ?
Rachid Lahlou : Le mois sacré de Ramadan est le plus propice à la solidarité, au partage et à la générosité. Mais plus encore dans un contexte d’épidémie. Je pense qu’au travers de notre communication et nos actions sur le terrain, nous avons réussi à en convaincre nos donateurs, qui nous connaissent et qui savent ce que nous faisons, mais aussi le grand public qui considère désormais que le Secours Islamique France fait partie des principaux acteurs de la solidarité au niveau national mais aussi à l’international, comme il l’a toujours été.
Nous sommes parvenu à convaincre nos donateurs que leurs dons changent des vies, voilà pourquoi ils nous sont fidèles et nos bénéficiaires peuvent compter sur eux. Car, par son effet spirituel, leur don, considéré aussi comme une aumône, peut changer le quotidien et parfois même le destin des autres, ceux qui en bénéficient. Par leur don, nos soutiens contribuent au soin d’un malade, conformément à la parole prophétique authentique qui nous recommande : « Soignez vos malades avec l’aumône. » Elle nous enseigne aussi que l’épreuve qu’une personne peut subir dans sa famille ou qui touche son voisin, est expiée par la prière, l’aumône et les actes de bienfaisance.
Nous sommes parvenu à convaincre nos donateurs que leurs dons changent des vies, voilà pourquoi ils nous sont fidèles et nos bénéficiaires peuvent compter sur eux. Car, par son effet spirituel, leur don, considéré aussi comme une aumône, peut changer le quotidien et parfois même le destin des autres, ceux qui en bénéficient. Par leur don, nos soutiens contribuent au soin d’un malade, conformément à la parole prophétique authentique qui nous recommande : « Soignez vos malades avec l’aumône. » Elle nous enseigne aussi que l’épreuve qu’une personne peut subir dans sa famille ou qui touche son voisin, est expiée par la prière, l’aumône et les actes de bienfaisance.
Quel est votre message à vos donateurs alors que la fin de Ramadan se profile ?
Rachid Lahlou : Les dix derniers jours de Ramadan sont les plus sacrés, les plus chargés de spiritualité et les plus propices pour les actes de dévotion, dont la « saddaqa » et le don, qui sont éminemment des actes de dévotion. Nous comptons sur eux, mais plus encore nos bénéficiaires qui ont besoin de leur générosité et qui vivent souvent grâce à elle. Toutes ces populations démunies ont plus que jamais besoin de nous, de notre présence, de notre soutien et notre aide.
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