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Points de vue

Apprendre la paix

Par Fatima Adamou*

Rédigé par Fatima Adamou | Jeudi 20 Septembre 2012 à 15:10

           


Le 21 septembre marque la Journée mondiale de la paix. Une paix à laquelle le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux souhaiterait que les jeunes musulmans et chrétiens soient éduqués. Il exprimait cette réflexion dans ses vœux adressés aux musulmans lors de l’Aïd al-Fitr 2012.

Nous, musulmans, devrions-nous trouver cette réflexion, cette recommandation superflue ?

La paix définie comme le calme, la sécurité, la quiétude couvre déjà ce que représente l’islam: la soumission, la soumission aux commandements du Suprême pour trouver la paix en soi, une soumission pour vivre en paix avec tous les êtres humains, l’univers et surtout une paix dans sa relation avec le Divin.

Son enseignement ne vise qu’à apaiser les sociétés : depuis la révélation de cette religion, des régions en proie à des guerres constantes ont été pacifiées. Toutes les pratiques commandées aux musulmans ne visent que la quiétude, le calme et la paix.

La salutation adressée entre musulmans n’est que le souhait de la paix : « As salam alaykum » ; « Que la paix soit sur toi ». Nous nous souhaitons la quiétude, le calme.

La communauté ne manque pas d’enseigner les circonstances de la révélation du Coran à travers l’enseignement de la Sira, la vie du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) et son souci de justice, de tolérance et de paix. Beaucoup ont à cœur de suivre scrupuleusement son exemple.

Tout laisse donc à penser que la communauté musulmane baigne déjà dans l’enseignement de la justice et de la paix qui en découle.

Seulement force est de constater que la communauté est tourmentée en son sein. Alors qu’elle devrait être un havre de paix, un lieu de repos, un échappatoire aux difficultés extérieures aux discriminations, elle demeure un lieu de tension d’animosité.

Il n’est plus rare que des « salam » restent sans réponse. Une forme de rétention de paix. Certains êtres humains de la communauté musulmane estiment que d’autres créatures de Dieu ne méritent pas la quiétude exprimée dans le « salam ». Des groupes se forment, se méfient les uns des autres, entrent en compétition.

L’attitude négative subie à l’extérieur de la communauté et adoptée en son sein affecte la transmission de l’enseignement de l’islam. Du Coran ou de la bibliographie du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) seuls les versets punitifs sont retenus, seules les expéditions et guerres comme celles de Badr, de Khaybar sont retenues. Une culture de combat, de vengeance, de gagnant-perdant, de vainqueur-vaincu est véhiculée dans l’esprit des plus jeunes.

Cette culture « guerrière » occulte la vraie facette de cette religion, une religion de paix. Une religion qui tire son nom même de la paix.
Dans le Coran, la justice tient une place importante, de cette justice résulte la paix dans la société, dans les foyers et dans sa relation avec Dieu. Cette esprit se retrouve tout le long de la vie du Prophète et donc de la révélation du Livre saint : les alliances avec les tribus, les mariages qui ont pour but de renforcer des liens avec d’anciens peuples ennemis, le traité de Hudaybiyyah, la conquête non violente de La Mecque…

C’est donc cette culture de la paix que la communauté musulmane a besoin de réapprendre pour mieux la transmettre aux jeunes générations et la défendre convenablement.


* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.






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