Sur le vif

Violences policières : après le passage à tabac filmé d'un producteur noir, l'indignation générale

Rédigé par | Vendredi 27 Novembre 2020 à 15:55



Quelques jours seulement après l’évacuation violente d’un campement de migrants dans la capitale, et alors que la controverse ne cesse d’enfler autour d'une limitation prochaine du droit de filmer les policiers, une affaire de violences policières, révélée par Loopsider jeudi 26 novembre, fait grand bruit en France.

Dans la soirée du samedi 21 novembre, Michel Zeclerc, un producteur de musique, se fait rouer de coups par trois policiers dans son studio du 17e arrondissement de Paris pendant une vingtaine de minutes. « Avant de dire un mot, j’ai senti des mains qui me poussaient ou me tiraient et puis là ils me demandent de sortir, je leur dis que je suis chez moi. Ils sont direct assez violents. Et moi, à ce moment-là j’ai peur. Je me demande ce qui se passe, je ne comprends pas », a confié la victime. « Je me demande même si ce sont des vrais policiers à ce moment-là. »

« Sale nègre », « Ta gueule », « On va te défoncer »… Les policiers sont également accusés d’avoir tenu des propos racistes. Provocations auxquelles la victime a choisi de ne pas répondre. « Je ne voulais pas avoir de gestes virulents qui allaient jouer contre moi par la suite. J’étais complètement conscient de ça. Il ne fallait pas que je lève les mains, que je fasse quelque chose qui pourrait s’apparenter à un geste violent », a-t-il déclaré.

Ne sachant pas qu’ils étaient filmés, les policiers ont rapporté une toute autre version des faits. Selon eux, Michel Zeclerc aurait tenté de subtiliser leur arme et les aurait frappés. Dans leur rapport, les agents l'accusent par ailleurs d’outrage et rébellion. Une version totalement contredite par les images de vidéosurveillance et celles filmées par des témoins.

La vidéo a été massivement relayée sur les réseaux sociaux, provoquant une indignation générale. Depuis, quatre policiers ont été suspendus et l’affaire a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui a ouvert une enquête contre les policiers pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique » et « faux en écriture ».

Invité au 20h de France jeudi 26 novembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il avait demandé la révocation des policiers impliqués. « Les images de l’interpellation dans le 17e arrondissement de Paris sont inqualifiables et insupportables. Si la justice conclut à une faute, je révoquerai ces trois policiers de la police nationale car ils ne seraient plus dignes de porter l’uniforme de la République », a-t-il indiqué.

Ces vidéos, pour Michel Leclerc, ont été des preuves salvatrices : « Sans ces images là, moi je suis en prison aujourd’hui. Et mes proches auraient pensé que comme le disent les policiers dans la déclaration. »


Mise à jour : Dans un long message posté sur Facebook, Emmanuel Macron a dénoncé des images « inacceptables ». « Elles nous font honte. La France ne doit jamais se résoudre à la violence ou la brutalité, d’où qu’elles viennent. La France ne doit jamais laisser prospérer la haine ou le racisme », a indiqué le président.

« Je crois en la République exemplaire : une police exemplaire avec les Français, des Français exemplaires avec les forces de l’ordre comme avec tous les représentants de l’autorité publique », a-t-il signifié.

« Ceux qui font appliquer la loi doivent respecter la loi. Je n’accepterai jamais que la violence gratuite de quelques-uns entache le professionnalisme de femmes et d’hommes qui, au quotidien, assurent notre protection avec courage », a-t-il ajouté, demandant au gouvernement des propositions visant à « réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent et pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations ».

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