Sur le vif

Une pétition « pour une justice impartiale et égalitaire » lancée pour Tariq Ramadan

Rédigé par Benjamin Andria | Mercredi 21 Février 2018 à 13:54



A la veille de l’audience examinant de nouveau le recours de remise en liberté de Tariq Ramadan, une cinquantaine de personnalités essentiellement des mondes académique, associatif et militant appellent à « défendre les principes d'une justice équitable et le refus des instrumentalisations dans la lutte contre les violences faites aux femmes ». Parmi les signataires figurent les politologues François Burgat et Françoise Vergès, l’ex-directeur du CCIF Marwan Muhammad, le journaliste Alain Gresh, la porte-parole du PIR Houria Bouteldja, la présidente de la Fondation Frantz Fanon Mireille Fanon Mendès-France, le directeur des éditions Presses du Châtelet et Archipel Jean-Daniel Belfond, la militante altermondialiste Aminata Traoré ou encore les footballeurs Jacques Faty et Salim Kerkar.

Dans une tribune publiée mercredi 21 février sur Médiapart intitulée « Tariq Ramadan : pour une justice impartiale et égalitaire », les signataires entendent « intervenir sur le fond éthique et politique » de l’affaire, déplorant le choix de la justice d’incarcérer l’intellectuel « quand des dispositifs moins risqués pour son état de santé étaient envisageables : le port d’un bracelet électronique ou l’assignation à résidence ».

« Une telle sévérité de traitement, notamment au regard d’irrégularité manifeste de la procédure judiciaire (perte d’un élément majeur fourni par la défense), rend légitimes les inquiétudes et les questionnements sur le caractère "particulier" que revêt désormais cette affaire », estiment-ils.

« Face à cette sévérité et à cette inégalité de traitement, quel sentiment distille-t-on dans l’esprit des Français si ce n’est celui, déjà ancré, d’une justice à géométrie variable ? Quelle cause en faveur des femmes espère-t-on défendre en se montrant tout à fait intraitable à l’égard de certains et complaisant à l’égard d’autres ? », s’interrogent-ils, refusant que le mouvement initié avec #BalanceTonPorc et #MeeToo en faveur des femmes soit « instrumentalisé à des fins politiques sans rapport avec la cause des femmes ».

« Sans présager de l’innocence ou de la culpabilité de Tariq Ramadan, et dans le respect complet de la parole des plaignantes, nous défendons le droit de Tariq Ramadan à une procédure judiciaire régulière, ainsi qu’à sa libération immédiate au regard de son état de santé alarmant », arguent encore les signataires, pour qui « il est de notre devoir aujourd’hui de nous inquiéter d’un traitement judiciaire d’exception à l’endroit de Tariq Ramadan et de sonner l’alarme contre les motivations politiques qui pourraient contrevenir au bon fonctionnement de la procédure judiciaire et empêcher la vérité, quelle qu’elle soit ».

La cour d’appel de Paris tranchera jeudi 22 février sur la demande de remise en liberté de Tariq Ramadan, mis en examen depuis le 2 février pour viols et incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne.

Mise à jour jeudi 22 février : Tariq Ramadan reste en prison. Pour en savoir plus.

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