Sur le vif

Rohingyas : Amnesty International retire à Aung San Suu Kyi son prix le plus prestigieux (vidéo)

Rédigé par Benjamin Andria | Mardi 13 Novembre 2018 à 14:04



Dans une lettre ouverte adressée à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi dimanche 11 novembre, le secrétaire général d'Amnesty International, Kumi Naidoo, a informé de l’intention de son organisation de défense des droits humains de lui retirer la plus prestigieuse distinction qu’elle lui a offerte neuf ans plus tôt : le prix d'Ambassadrice de la conscience.

Amnesty International déplore de ne plus retrouver en cette dirigeante birmane le « symbole d’espoir, de courage et de défense inépuisable des droits humains, non seulement pour le peuple du Myanmar, mais aussi pour les citoyens du monde entier » qui lui a valu le prix d’Ambassadrice de la conscience. « Au lieu de cela, nous sommes à la fois inquiets et déçus par votre trahison manifeste et persistante des valeurs fondamentales que vous avez défendues pendant des décennies », a ajouté Kumi Naidoo.

Pour cette organisation internationale, le fait que Aung San Suu Kyi ait « choisi d’ignorer et d’excuser la violente répression et les crimes contre l’humanité commis par l’armée contre les Rohingyas et les minorités dans l'État kachin et le nord de l'État chan » n’est pas conforme aux valeurs insufflées par la distinction, d’autant plus que son « bureau s’est employé à soustraire l’armée à un examen international et à l’obligation de rendre des comptes ».

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Amnesty International lui reproche également les « discours de haine » formulés par les membres du gouvernement birman à l’égard des minorités et l’usage de « lois répressives » pour « emprisonner des défenseurs des droits humains, des journalistes et des militants pacifiques ». « En tant qu’organisation ayant œuvré sans relâche » pour la libération d’Aung San Suu Kyi, elle regrette que cette première dirigeante birmane n’ait pas aboli ces lois.

Depuis la persécution massive des Rohingyas que l’ONU a décrite comme un « nettoyage ethnique », nombre de pays et d’instances ont tourné le dos à Aung San Suu Kyi. Après dl’université d’Oxford qui a retiré de ses murs le portrait de la présidente de Birmanie en novembre 2017, l’Université Carleton d'Ottawa lui a également retiré le doctorat honorifique qui lui a été discerné.

Au Canada, le Parlement a voté, en septembre dernier, à l’unanimité le retrait de la nationalité symbolique accordée à Aung San Suu Kyi en 2007, une mesure que le Sénat canadien a aussitôt approuvée. Le musée de l'Holocauste de Washington lui a retiré en mars 2018 le prix « Elie Wiesel » pour son combat en faveur des libertés. La ville d’Edimbourg, en Ecosse, a également retiré en août 2018 son prix de la liberté.

Néanmoins, jusqu'à présent, elle garde, entre autres, sa Légion d'honneur remise par la France en 2012, son titre de citoyenne d'honneur décernée par la Ville de Paris depuis 2004, mais aussi le prix Nobel de la paix qui lui a été remis en 1991. Le secrétaire du comité Olav Njølstad a déclaré à l’AFP que « les statuts du prix Nobel de la paix » ne « permettent pas » le retrait d’un titre accordé à un individu. « Il est important de se rappeler qu'un prix Nobel, qu'il s'agisse de physique, de littérature ou de paix, est décerné pour des efforts ou des réalisations du passé », a-t-il signifié.