Sur le vif

Pays-Bas : un comité parlementaire accusé de « chasse aux sorcières » envers les musulmans

Rédigé par Lionel Lemonier | Vendredi 28 Avril 2023 à 09:00



Des associations musulmanes néerlandaises ont déposé une plainte auprès des Nations unies contre le comité parlementaire chargé d’enquêter sur l’influence exercée par les financements étrangers sur les mosquées et les associations islamiques de leur pays. The Ummah Project, l’association qui mène la bataille, a déposé un dossier de plainte de 82 pages auprès du Comité des droits de l'Homme de l'ONU, lundi 24 avril, rapporte Middle East Eye. Ils accusent les membres du comité parlementaire, mis en place en 2020, de mener une « chasse aux sorcières » à l’encontre des musulmans.

Les responsables musulmans convoqués par le comité risquaient d’être condamnés à de la prison en cas de refus de témoigner. Les vidéos de leur passage devant le comité montrent qu’ils ont subi un interrogatoire intense et sans relâche de la part des parlementaires. A un moment, l’un des témoins qui contestait la teneur des questions posées s'est fait couper son micro.

Me Samira Sabir, l’avocate qui a aidé The Project Ummah à construire le dossier d’accusation, précise que les trois hommes ont été poussés à se défendre comme des suspects, à l’encontre d’allégations hautement incriminantes alors qu’ils n’avaient commis aucun crime. Leur témoignage a été enregistré en direct et plusieurs chaines de télévision ont montré des extraits. Depuis, ces personnes et leur lieu de culte ont enregistré différentes réactions hostiles.

« Il ne s’agit pas uniquement de s’interroger sur l’utilisation d’un outil aussi pesant pour mener une enquête sur l’influence des financements étrangers. L'instrument disproportionné utilisé, dans lequel les témoins ont été interrogés publiquement sous serment comme des suspects, était complètement inutile, a fait savoir l’avocate dans un communiqué. Ces musulmans ont été été publiquement associés au terrorisme, à l'extrémisme, au blanchiment d'argent et à la malversation à travers le livestream et les chaînes de télévision. Ils étaient placés dans la position de suspects et ont dû se défendre sans avoir pu préparer quoi que ce soit et sans avoir l’espoir d’être véritablement entendus ».

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