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Palestine : la détermination des prisonniers en grève de la faim accroît les pressions sur Israël

Rédigé par | Lundi 14 Mai 2012 à 00:04

En entamant une grève de la faim illimitée depuis avril, un tiers des 4 700 prisonniers palestiniens ont ainsi engagé un bras de fer avec les autorités israéliennes pour que celles-ci accèdent à leurs revendications : la fin de la détention administrative, de l'isolement carcéral ou des mesures restrictives l'accès aux visites familiales A l’heure où plusieurs détenus sont « en danger de mort imminent », une question est soulevée : faudra-t-il attendre qu’il y ait des morts pour que leurs revendications soient comprises ? La communauté internationale réagit encore timidement mais la solidarité grandit en faveur des prisonniers. En France, conférences et rassemblements se multiplient aussi pour sensibiliser l’opinion publique à leur cause.



La détermination des prisonniers palestiniens en grève de la faim accroît les pressions sur Israël.
Les cris des estomacs vides des détenus politiques palestiniens en grève de la faim vont-ils enfin être entendus ? C’est ce qu’espèrent les intéressés, leurs familles et les associations de défense des droits des Palestiniens. Depuis le 17 avril, journée nationale des prisonniers palestiniens, quelque 1 600 d’entre eux se sont lancés dans cette action collective, rejoints plus tard par 400 autres détenus.

Ils entendent protester ainsi contre la détention « administrative », qui permet aux autorités israéliennes de garder indéfiniment des personnes derrière les barreaux en l'absence de procédures judiciaires pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment. Ils militent également contre l’isolement carcéral (qui peut durer des années), les mauvais traitements, l’interdiction des visites pour les prisonniers originaires de Gaza et la fin de la loi Shalit interdisant l'accès à l'éducation et à l'information. Autant de pratiques dégradantes, qui visent à détruire la santé physique et psychologique des détenus.

Une dignité à défendre au prix de leur vie

Salah Hamouri et Janan Abdou Makhoul
Au total, près de 4 700 Palestiniens sont détenus dans les geôles israéliennes, dont près de 300 en détention administrative. Cette initiative avait été lancée en janvier par Khader Adnan, le porte-parole local du Djihad islamique. Après 66 jours sans s’alimenter, il avait été libéré le 17 avril et avait été celui qui avait fait la plus longue grève de la faim de l’histoire du conflit israélo-palestinien.

Mais depuis, d’autres ont dépassé le triste record, à l’instar de Thaër Halahla, 34 ans, et de Bilal Diab, 27 ans, en grève de la faim depuis le 29 février. Malgré l'absence de preuves à charge et la dégradation de leur état de santé, la Cour suprême d'Israël a rejeté le 7 mai leur appel contre leur maintien en détention administrative. Plusieurs prisonniers ont décidé de ne plus prendre d’eau et sont désormais jugés « en danger de mort imminent ».

« La situation des prisonniers est extrêmement dangereuse. Certains d'entre eux risquent des lésions très graves, ce qui serait un désastre national que personne ne saurait tolérer », a prévenu le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dimanche 13 mai.

Face à leur détermination, la sonnette d’alarme est tirée

Ce fut tout l’objet de la conférence, organisée vendredi 11 mai par le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, dans lequel sont regroupées près de cinquante organisations pro-palestiniennes en France. Parmi les intervenants figure Salah Hamouri. Tout un symbole : le jeune Franco-Palestinien, aujourd’hui âgé de 27 ans, a passé sept ans dans les prisons israéliennes, alors même qu’il n’a cessé de clamer son innocence. Depuis son retour en France en avril, il témoigne inlassablement de sa douloureuse expérience pour sensibiliser les citoyens au sort des prisonniers palestiniens. « Notre lutte et notre combat ne peut avancer sans votre soutien », affirme-t-il.

A ses côtés, Janan Abdou Makhoul, l’épouse du prisonnier palestinien Ameer Makhoul, un militant des droits humains et directeur de Ittijah, coordination des ONG palestiniennes d'Israël, condamné à 9 ans de prison uniquement pour ses activités politiques. « Les prisonniers palestiniens aiment la vie mais ils sont obligés de jouer leur dernière carte pour se faire entendre » de la communauté internationale, a-t-elle lancé aux quelque 400 personnes venues l’écouter. « Sa responsabilité est engagée, c’est son devoir d’exercer des pressions contre Israël. »

Les pressions contre Israël s’accentuent

En Territoires occupés palestiniens, de nombreuses manifestations ont été organisées pour appeler la communauté internationale à faire pression contre Israël. A Ramallah, des dizaines de Palestiniens ont bloqué l’accès au bureau de l’ONU vendredi.

Face à ces soulèvements inédits en faveur des prisonniers, plusieurs voix se sont faites entendre. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite « extrêmement préoccupée par l'état de santé » des détenus en grève de la faim et a appelé l'Etat hébreu à leur « assurer un accès immédiat et approprié aux soins ». « Aucun traitement ni procédure médicale ne doit être entrepris sans leur consentement », a-t-elle ajouté, en référence à une éventuelle alimentation de force.

Selon Farès Qaddoura, ancien ministre et président du Club des prisonniers palestiniens, Israël serait prêt à faire des concessions et à accéder à quelques-unes des revendications des grévistes, notamment en ce qui concerne l’isolement carcéral et les visites familiales.

Mais rien n’est encore sûr. Les grévistes sont prêts à intensifier leur mouvement si rien n’est fait rapidement, quitte à y payer de leur vie. Leur détermination à faire valoir leurs droits et leur dignité inquiète Israël à mesure que la solidarité internationale grandit pour les détenus. « Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux », termine par dire Salah Hamouri sous une salve d’applaudissements.

En France, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblés à Paris pour cette cause dimanche 13 mai. Tous pressent désormais François Hollande, nouvellement élu, à prendre position sur cette question.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur