Société

Non, 44 % des lycéens musulmans ne trouvent pas acceptable de « combattre les armes à la main pour sa religion »

Rédigé par | Mercredi 22 Mars 2017 à 08:00



Une étude du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur la radicalité de la jeunesse lycéenne fait du bruit depuis sa parution lundi 20 mars. Ses résultats ont été relayés auprès de la presse, alors même que l'étude est toujours en cours et qu'il repose sur un échantillon que ses auteurs, Anne Muxel et Olivier Galland, ont eux-mêmes décrit comme non représentative de la jeunesse française et délibérément biaisé (article à venir).

L’étude a été réalisée sur 7 000 élèves dans 21 lycées de quatre académies « situés dans les zones urbaines sensibles où est scolarisée une plus forte proportion de jeunes issus des catégories populaires ou issus de l’immigration, et où l’on compte en plus grand nombre des jeunes de confession musulmane », a fait savoir la sociologue Anne Muxel, dans le but de mieux comprendre les facteurs d’adhésion des jeunes à la radicalité politique et religieuse.

Prétendant tirer sa source au Figaro, une affirmation du site d'extrême droite Fdesouche a été partagée des centaines de fois dans la fachosphère : « Dans certains lycées, 44 % des lycéens musulmans pensent qu’il est acceptable "de combattre les armes à la main pour sa religion". » Or ce chiffre ne correspond pas aux lycéens musulmans scolarisés dans les lycées concernés par l’étude, comme le souligne la plateforme de journalisme collaboratif CrossCheck dont Saphirnews est partie prenante afin de traquer les fausses informations.

Le chiffre fait référence à une autre catégorie de lycéens définie par le rapport du CNRS, à savoir les élèves de toutes confessions religieuses qui cumulent les critères « absolutisme religieux » (1) – considérant à la fois qu’il y a « une seule vraie religion » et que la religion explique mieux la création du monde que la science – et « tolérance à la violence/déviance » (2). 4 % des 7 000 élèves interrogés cumulent ces deux critères. Un chiffre qui monte à 12 % pour les jeunes musulmans de l’échantillon. « On notera qu’il s’agit d’une très petite proportion en définitive, l’absolutisme radical est très loin d’être majoritaire chez les musulmans ! Néanmoins, cette tendance est de fait plus marquée dans ce segment de notre échantillon », souligne Olivier Galland, le co-auteur de l’étude.

C’est donc parmi ces 4 % de lycéens que 44 % pensent qu’il serait acceptable, « dans certains cas de la société actuelle », de « combattre les armes à la main pour sa religion ». A aucun moment, il n'est question de seuls lycéens musulmans. L'affirmation de Fdesouche est bel et bien fausse.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur