Religions

Mosquée Montrouge : retour sur une mobilisation exemplaire

Le maire face à ses responsabilités

Rédigé par | Lundi 29 Avril 2013 à 07:00

A l’appel de l’Association Fraternité de Montrouge (AFM), près de 800 personnes ont participé à la marche, samedi 27 avril, contre l’arrêté municipal visant à la fermeture de leur mosquée, entré en vigueur le 14 avril. Le maire aux abonnés absents est mis face à ses responsabilités. Retour sur une mobilisation réussie.



A Montrouge, près de 800 personnes ont participé à la marche contre l’arrêté municipal visant à la fermeture de l’unique mosquée de cette commune des Hauts-de-Seine, en région parisienne.
« Touche pas à ma mosquée ! » A Montrouge, près de 800 personnes ont participé dans la sérénité à la marche contre l’arrêté municipal visant à la fermeture de l’unique mosquée de cette commune des Hauts-de-Seine, en région parisienne. A l’appel de l’Association Fraternité de Montrouge (AFM), propriétaire du lieu de culte, elles sont venues en nombre signifier leur indignation au traitement différencié de la communauté musulmane face aux autres par la municipalité.

Au départ de la mosquée rue Auber jusqu’à l’hôtel de ville, la manifestation - silencieuse comme voulue par les organisateurs - s’est déroulée sans aucun débordement. Tout au long du cortège, banderoles et panneaux reflétaient l’exaspération des fidèles et de leurs soutiens devant l’attitude de Jean-Loup Metton à l’égard de l’AFM mais également la volonté de trouver une issue au conflit par le dialogue.

La liberté et l'égalité revendiquées

Le « respect de l’autre devrait aussi passer par le respect de ses coutumes et de son culte », a déclaré Jamel Abdelnnasser devant l’assemblée à l’issue de la manifestation. « La communauté musulmane de Montrouge subit de la part du maire une volonté d’être réduite. Nos amis chrétiens, juifs ou d’autres confessions ont aujourd’hui des lieux de culte bien définis au sein de notre ville ! A quand un lieu de culte respecté et sans entraves pour nous autres Français musulmans ? »

« Nous sommes une petite communauté en apparence ici (…) mais grande dans nos cœurs, et nos amis ici présents pour manifester à nos côtés prouvent que notre demande n’est pas la requête de quelques marginaux mais le cri du cœur d’une partie audible, visible et bien ancrée dans notre société : la République française ! », a-t-il ajouté, sous les applaudissements. « Non à l’inégalité, non à l’injustice, non à la discrimination », surenchérit l’imam de la mosquée, Abdallah Touré, qui appuie « le message de paix et de fraternité » de l’association.

La LDH en renfort

Des élus de l’opposition ainsi que des responsables de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ont également fait le déplacement.

« S’il est du devoir de la mairie de s’assurer de l’absence de mise en danger de personnes fréquentant un lieu ouvert au public, toute religion a sa place dans la République, à partir du moment où elle ne contrevient pas à ses principes. Aucune discrimination ne peut être opérée entre les différents cultes », rappelle l’organisation dans un communiqué, invitant la mairie à accepter une conciliation avec l’AFM.

Une proposition qui avait déjà été maintes fois mise sur la table, comme en témoigne Samy Debah, président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), présent au rassemblement. Avec Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), il a incité M. Metton à accepter une médiation dès 2009, date du second arrêté contre la mosquée. Sans succès.

Vers un vote sanction en 2014 ?

Sans surprise, le maire ne s’est pas présenté devant ses administrés mécontents. Jean-Loup Metton a signifié à l’AFM son absence la veille, leur arguant avoir prévu à la même période un voyage, et aucun de ses délégués n’ont été chargés d’aller à la rencontre de l’association.

L’édile, en place depuis 1994, préfère jusque là faire la sourde oreille, refusant pour le moment de répondre frontalement aux sollicitations de la presse, dont Saphirnews. Il s’est contenté d’un communiqué, reçu à la rédaction jeudi 25 avril, dans lequel il justifie à nouveau son arrêté par « les conclusions du procès-verbal de la commission de sécurité qui, à la suite de sa visite des locaux du 13 juillet 2012 a émis "un avis défavorable à la poursuite de l’exploitation de ces locaux" en raison d’un certain nombre d’anomalies pouvant représenter un danger pour le public accueilli, en cas de panique ou d’incendie ».

Un prétexte pour asseoir une discrimination contre les musulmans selon ses détracteurs. De très nombreux fidèles ont déjà les yeux tournés vers les élections municipales de 2014. Certains brandissaient d’ailleurs leurs cartes électorales lors de la marche. « M. Metton, vous avez été élu pour être le maire de tous les habitants de Montrouge », rappelle Samy Debah. L’AFM, qui a lancé une procédure judiciaire contre le maire, est décidée à aller jusqu’au bout de sa démarche pour faire valoir ses droits. Elle n'en laisse pas moins la place au dialogue afin de laisser une chance à la paix de régner dans la commune.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur