Sur le vif

Manifestations et incidents après le tabassage d’un lycéen par la police (vidéo)

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 25 Mars 2016 à 15:00



La vidéo d’un lycéen frappé violemment par des policiers en marge des mouvements sociaux contre le projet de loi Travail a agité les réseaux sociaux jeudi 24 mars. À l’appel du syndicat étudiant FIDL, un rassemblement a eu lieu à Paris devant le lycée Henri Bergson, à 8h vendredi 25 mars.

La mobilisation a dérapé, deux heures plus tard, en marge de la manifestation lorsque des jeunes se sont rendus devant le commissariat central du 10e arrondissement pour y brûler des fumigènes, renverser des poubelles et des barrières et jeter des projectiles contre la façade du bâtiment.

C’est ensuite le commissariat du 19e qui a été la cible d'émeutiers. Ils ont jeté des pierres contre l’immeuble où étaient retranchés les policiers. Le slogan « Mort aux flics » a été tagué sur la façade.

La veille, Adan, 15 ans, manifestait devant le lycée Bergson dans le 19e arrondissement de Paris lorsque les policiers ont chargé. « Ils ont commencé à nous courir après, a raconté le lycéen au micro de France Info. Je me suis arrêté. Il y en a un (qui) m'a foncé dessus, il m'a frappé à terre. » La suite, on peut l’apercevoir dans la vidéo qui a circulé. Le jeune se relève sous l’injonction d’un des policiers avant de recevoir un coup de poing violent le propulsant au sol.

« Il m'a mis un poing, je l'ai senti passer », témoigne Adan. Les images montrent des tâches de sang jonchant le sol suite à la chute. Le lycéen affirme que l’agent lui aurait ajouté : « C’est pas fini, tu verras au commissariat ». L’élève de seconde est effectivement emmené au poste mais ni ses parents ni un médecin ne seront prévenus par les policiers.

La fédération des parents d’élèves du lycée Bergson a publié un communiqué questionnant l’intervention de la police. « Alors qu'ailleurs à Paris, ce type de blocus, caractéristique de la mobilisation lycéenne, ne provoque pas d'intervention policière, nous découvrons avec stupeur que policiers et CRS interviennent devant le lycée Bergson. L'intervention a été brutale. Plusieurs élèves ont reçu des coups de matraque, subi des jets de lacrymogène et ont été frappés. Certains de ceux qui fuyaient ou observaient de loin ont été rattrapés et ont de même subi des violences », fait-on savoir.

Une enquête de l'IGPN, la police des polices, a été diligentée par le préfet de police de Paris, à la demande du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, pour donner suite à la violence policière subie par Adan. « Aucun amalgame ne saurait être admis entre les lycéens qui exercent leur droit de manifester et quelques casseurs opportunistes. Les policiers qui protègent au quotidien notre sécurité ne sauraient pas davantage être réduits au geste inacceptable commis par l’un d’entre eux hier », a-t-il déclaré. Une enquête confiée à l'IGPN a également été ouverte par le parquet de Paris pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique.

Mise à jour vendredi 13 mai : A l'issue d'une audience au tribunal correctionnel de Paris jeudi 12 mai, le policier sera jugé le 10 novembre. L'interdiction d'exercice qui a été signifiée au fonctionnaire après la médiatisation de l'affaire a toutefois été levée. Si la voie publique lui est interdit, il pourra retravailler au bureau.

Lire aussi :
Contrôles au faciès : un rapport pour alerter le gouvernement sur les maux du déni
L’État français justifie le contrôle au faciès des Noirs et Arabes
Marche de la Dignité : « Le prix de notre dignité est de se souvenir et de lutter »