Religions

Les musulmans à la (re)découverte d'Abdessalam Yassine à Mulhouse

Rédigé par Mohamed Laafou | Mardi 8 Janvier 2013 à 10:00

Après Paris, c’est à la section mulhousienne de l’association Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) d’avoir organisé une cérémonie d’hommage au défunt cheikh marocain Abdessalam Yassine. Un hommage placé sous le signe de l'émotion et de la convivialité.



La mort du savant Abdessalam Yassine, en décembre 2012, a grandement ému l’association Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM), qui organise des hommages en France pour le faire connaître.
Lors d’une soirée commémorative samedi 5 janvier 2013, la section mulhousienne de l’association Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) a rendu hommage au savant Abdessalam Yassine, décédé trois semaines auparavant, le 13 décembre 2012.

Cet évènement a réuni plusieurs centaines de femmes et d'hommes, de Mulhouse et de sa région, venus passer ensemble des instants de recueillement et de spiritualité dans une atmosphère néanmoins conviviale. La rencontre a été empreinte d’émotions, dans un fond de sérénité, de chaleur humaine, d’enseignements et de recueillement, le tout parfumé par l’écoute du Saint Coran.

Après le mot de bienvenue et de reconnaissance envers les invités, la soirée a débuté par une projection vidéo retraçant la vie du savant Abdessalam Yassine.

Toute une vie proche de Dieu, proche des Hommes

Dans sa jeunesse, Abdessalam Yassine était un homme intègre, dont le parcours professionnel le mènera aux plus hautes fonctions de l’Etat, au lendemain de l’indépendance du Maroc en 1956. Il eu comme mission, entre autres, de réformer le système éducatif marocain.

A l’âge de 40 ans, il vivra une crise spirituelle. Sa quête de sens le mènera à la sainte compagnie du grand connaissant de Dieu, le cheikh Al Abbas Al Boutchichi. C’est alors que débutera l’éveil puis de l’accomplissement spirituel d’Abdessalam Yassine.

La proximité divine qu’il découvrira dans la compagnie du cheikh Al Abbas enracinera en lui le souci permanent de plaire à Dieu et de servir l’humanité.

Il disait lors d’une rencontre : « J’avais le désir de présenter au monde entier, les réalités spirituelles que nous vivions au sein de la Voie. » Il en résultera, après la mort du cheikh Al Abbas, la fondation des premiers jalons d’une pensée portant un nouveau regard sur le monde et l’islam, avec comme sources la révélation divine et la méthode prophétique. L’école « Justice et Spiritualité » est née.

Une école de pensée universelle

La pensée du savant Abdessalam Yassine, se situe dans le contexte du réveil islamique dans le monde musulman. Elle s’inscrit dans une continuité du mouvement de renouveau porté dans d’autres pays par Hassan Al Banna, Said Nursi ou Mohamed Ilyas.

La Voie qu’il trace consiste en un retour aux sources, à savoir le Coran et la sunna. L’école de pensée Justice et Spiritualité est fondée au Maroc à la fin des années 1970 et trouvera plus tard écho dans le monde entier.

A travers le monde, l’école rassemble aujourd’hui des milliers d’hommes et de femmes en quête de spiritualité et de savoir, et qui veulent participer à la construction de la société.

Au cours de la soirée commémorative organisée en hommage au savant Abdessalam Yassine, le témoignage d’un jeune converti, Jean-Marc, élève de l’école Justice et Spiritualité, a permis de se rendre compte de la portée du message porté par le savant. « L’éducateur Abdessalam Yassine m’a appris à profiter de mes journées et de mes nuits à l’image de ceux qui aspirent à Dieu ; il m’a aussi appris le sens de la fraternité, et le cheminement avec les autres élèves de l’école de pensée », raconte-il.

La parole est ensuite laissée à Latifa, qui témoigne de la place de la femme dans la pensée de l’école du savant. « Il a sorti la femme musulmane, ou la femme tout simplement, de ses harems sociaux et psychologiques, pour lui rendre son identité et sa place d’exception que lui a donnée son Créateur, et qu’a valorisée notre bien-aimé Mohammed – paix et bénédictions de Dieu sur lui », indique-t-elle à l’assistance.

Des enseignements à la portée de tous

Comme un clin d’œil au monde invisible, la parole a été donnée au savant Abdessalam Yassine à travers la projection d’extraits choisis de quelques unes de ses interventions.

Un quart d’heure d’enseignements autour duquel tous les cœurs et les consciences ont eu l’occasion de savourer et de vivre un instant la compagnie de cet homme saint. Un des invités a ainsi déclaré : « Ce sont des enseignements fondamentaux que le savant nous transmet avec simplicité et vraiment tout le monde peut les comprendre, j’ai découvert ce soir un homme très sage. »

Dans ses interventions, le savant a légué ces quelques conseils : « la bienséance et la politesse envers vos parents, même s’ils ne prient pas et ne sont pas musulmans, le conflit avec les parents est source de perte dans ce monde et dans l’autre, réconciliez-vous avec vos parents ! (…) Rompez avec la mauvaise compagnie, mais ne rompez pas vos liens familiaux car Dieu l’interdit. (…) La prière à l’heure et en groupe est le pilier principal de l’islam, (…) la bienveillance envers vos épouses et vos enfants ! Ne délaissez pas vos enfants ! Et ne soyez pas violents avec eux ! Consacrez leur un temps de qualité chaque jour, ne serait-ce que 10 minutes (…) et posez-vous la question de la signification de votre présence dans ce monde : Qui suis-je ? D’où viens-je ? Seul le Coran peut vous aider à y répondre. (…) Le souci de la rencontre avec Dieu doit être permanent. »

La cérémonie pour Abdessalam Yassine s’est terminé par un rappel de l’objectif de la soirée : rendre hommage à un grand homme, dont l’âme et les enseignements resteront à jamais gravés dans les esprits, et dont la pensée mérite d’être découverte, avec clarté, sans préjugés.

L’invocation de clôture est venue relier les cœurs de tous les participants avec le Créateur pour Lui demander Sa miséricorde. Le testament complet du savant Abdessalam Yassine, riches d'enseignements spirituels, a été remis en langues française et arabe à chaque invité, qui ont fini par partager, dans la détente, un copieux repas.