Sur le vif

Le recteur de la Mosquée de Nanterre face à la justice

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 11 Mai 2012 à 15:03



Détournement d’argent des fidèles et des subventions de la Grande Mosquée de Paris. C’est ce qui est reproché à Mohamed Boudjedi, le recteur de la Mosquée de Nanterre. Il comparaissait jeudi 10 mai au tribunal correctionnel de Nanterre pour « abus de confiance » et « blanchiment de fraude fiscale ».

La justice reproche à l’imam ne pas avoir déclaré 240 000 € de revenus au fisc entre 2006 à 2008 mais aussi de s’être octroyé au moins 20 000 € des dons des fidèles et d’avoir détourné plus de 26 000 € de subventions versées par la Grande Mosquée de Paris. « C’est mon salaire d’imam », a-t-il assuré. Mettant en avant sa « naïveté » devant les juges, il a expliqué penser toucher un salaire de la part de la Grande Mosquée de Paris alors que celle-ci versait des subventions (762 € par mois depuis 1997) pour le bon fonctionnement l’Association islamique des religieux de Nanterre (AIRN) dont il est le président. Les chèques étant libellés à l’ordre de l’AIRN et suivi de son nom, il a pu les encaisser.

Mais d'autres zones d’ombres persistent. « Vous déclarez 1200 € de revenus mensuel, avez 8 enfants à charge et vous avez 70 000 € d’épargne. Comment est-ce possible? » a interrogé la présidente du tribunal, Fabienne Siredey-Garnier. L’avocate de Mohamed Boudjedi a expliqué qu’il s’agissait de « trente ans d’économies » cumulées notamment grâce à des gratifications de fidèles et les cours d’arabe dispensés par l’imam et ses enfants. Un discours peu convaincant pour le tribunal.

La procureur a estimé que M. Boudjedi a « concentré les pouvoirs » et « n’a pas différencié ses finances personnelles et la cause qu’il sert ». En conséquence, elle a requis dix-huit mois de prison avec sursis et 75 000 € d’amende à l'encontre de cette figure de l'islam des Hauts-de-Seine. Le verdict sera rendu le 12 juin.

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