Points de vue

Le dialogue interreligieux, un outil de politique étrangère au service de la paix

Déclaration sur la tolérance religieuse et l’affinité culturelle

Rédigé par El Hassan bin Talal | Vendredi 10 Février 2023 à 11:00



À l’heure où le monde fait face à des défis complexes et sinistres, parmi lesquels les guerres et le changement climatique, nous devons renforcer le droit universel et inaliénable à la dignité humaine pour tous. Il est de notre devoir collectif de nous exprimer contre l’intolérance et l’hostilité, et de plaider pour l’harmonie et l’affinité culturelle.

En 2006, j’ai eu le privilège de lancer, avec le groupe de réflexion Monday Morning basé à Copenhague, « La Campagne de la Coexistence », aux côtés de leaders mondiaux, d’experts et d’hommes politiques, pour identifier et hiérarchiser les principaux défis menaçant les efforts mondiaux déployés pour la coexistence. Autonomiser les faibles, assurer la liberté religieuse, créer des espaces publiques dédiés à la coexistence, assurer l’indépendance judiciaire et maîtriser l’agenda de la titrisation figuraient parmi les cinq grands défis.

Malheureusement, ces défis restent plus grands que jamais. Au lieu de progresser dans l’agenda de la coexistence, le discours du « nous » contre « eux » s’est intensifié et a rétréci l’espace existant et déjà étroit de la compréhension mutuelle.

L’expression publique, une responsabilité pour tous

Le Conseil de l’Europe souligne que la critique et l’expression de l’opinion ne doivent « pas inciter à la haine religieuse » et que ceux qui exercent leur liberté d’expression ont la responsabilité d’« éviter tant que possible les expressions qui offensent autrui, et ne contribuent à aucune forme de débat public ». En substance, nous devons raviver le concept de « la responsabilité de l’expression ».

Les actes de haine contre les groupes religieux sont promus par ceux qui éprouvent une profonde ignorance d’autrui, et s’inscrivent dans un cercle de blâmes et d’accusations mutuelles. Alors nous avons besoin d’une approche centrée sur les individus et basée sur « l’échange inclusif entre pairs de connaissances sur la foi et les droits de l’Homme » comme souligné dans le rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme (A/HRC/49/86) paru en janvier 2022.

Consolider la paix grâce au dialogue interreligieux

Au lieu de craindre « l’autre », nous devons devenir des partenaires en humanité.

Concentrons-nous sur le potentiel du dialogue interreligieux et de la collaboration en tant qu’outils de politique étrangère pour consolider la paix aux niveaux local, régional et international. Facilité par un cadre civilisé qui respecte les désaccords, le dialogue intra et interreligieux peut se transformer en un catalyseur d’un nouvel ordre humanitaire international. Afin d’atteindre ce but, les gouvernements, les chefs religieux et les sociétés civiles doivent harmoniser et coordonner leurs politiques.

S’attacher à des politiques basées sur les « contre ceci » et « contre cela » nous éloigne de la sécurité tout en nous rapprochant du doute, de la peur et, finalement, de la haine de l’autre. Paradoxalement, cela s’oppose directement aux véritables intérêts sécuritaires de chaque nation. Au lieu de cela, nous devons adopter la complexité culturelle et viser l’inclusion plutôt que l’exclusion.

Solidaires, la marche vers la coexistence est réalisable.

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Le Prince El Hassan Bin Talal est l'oncle de l’actuel roi Abdallah II de Jordanie. Fervent promoteur du dialogue interreligieux, il a fondé l’Institut royal d’études interconfessionnelles en 1994 à Amman.

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