Sur le vif

Le Bangladesh veut transférer 100 000 Rohingyas sur une île déserte

Rédigé par Benjamin Andria | Lundi 1 Avril 2019 à 08:00



Le Bangladesh, qui a accueilli des centaines de milliers de Rohingyas ayant fui les exactions de l’armée birmane depuis août 2017, souhaite que 100 000 réfugiés puissent être transférés en avril sur l’île de Bhashan Char. Bien que très controversé, ce projet semble tenir à cœur le Bangladesh qui veut, cette fois-ci, aller jusqu’au bout.

Le ministre bangladais Mozammel Huq a annoncé le 13 mars que le gouvernement prévoit de « démarrer le processus (en avril), car les constructions sur Bhashan Char sont terminées ». Le Bangladesh cogitait depuis quelques années déjà sur le transfert d’une partie des réfugiés sur cette île de mangroves qui a émergé en 2006 du golfe du Bengale et qui se situe à une heure de bateau de la terre ferme la plus proche.

Ce projet a suscité, à de nombreuses reprises, de vifs commentaires de la part d’experts qui craignent une submersion complète de l’île pendant la période des moussons. Les habitants des zones côtières du Bangladesh sont plusieurs centaines de milliers à avoir péri des suites de fortes pluies lors des 50 dernières années.

Le gouvernement bangladais ont balayé les critiques. En collaboration avec des entrepreneurs chinois, il a entrepris des travaux sur l’île de Bhashan Char, notamment la construction d’une digue de 3 mètres de haut autour de l’île pour la protéger des marées hautes.

Une réponse controversée à l'extrême précarité des camps de Cox's Bazar

En août 2018, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport sur la précarité dans la zone de Cox’Bazar, aujourd’hui considéré comme le plus grand camp de réfugiés au monde. Cette organisation internationale a interpellé les autorités sur les risques importants d’inondation, de glissements de terrain et d’épidémie compte tenu des conditions de vie et de l’entassement des réfugiés.

Seulement, HRW a insisté sur le fait qu’une relocation devrait se faire avec le consentement des réfugiés et avec la possibilité pour ceux qui seront délogés de garder le contact avec le reste de la communauté à Cox’Bazar.

« Une liste de réfugiés volontaires pour aller sur cette île » est actuellement constituée par le gouvernement selon Kamal Hossain, administrateur de la zone,. Le ministre Mozammel Huq a également assuré que chaque réfugié peut revenir au camp initial à sa guise et qu’il peut rester en contact avec ses proches restés à Cox’Bazar.

L’ambassadeur américain au Bangladesh, Earl Miller, a félicité les « assurances données selon lesquelles tout déplacement vers l’île se ferait sur une base entièrement et clairement volontaire, et que ceux qui choisissent d’y aller auraient la liberté d’en repartir ». Cependant, ces mesures n’ont pas suffi à effacer les craintes. Un responsable de l’ONU a dit craindre une « nouvelle crise » pour cette population persécutée. Le projet de transfert va être suivi avec une grande attention par les associations humanitaires et de défense des droits des Rohingyas.

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