Sur le vif

L’ONU alerte sur le danger du retour des Rohingyas exilés au Bangladesh vers la Birmanie

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 31 Octobre 2018 à 15:13



© UNICEF / UN0147302/ Patrick Brown / Novembre 2017
A l’issue de plusieurs réunions à Dacca, les responsables birmans et bangladais ont convenu, mardi 30 octobre, d’un processus de rapatriement des 700 000 Rohingyas réfugiés en Bangladesh. Les deux pays envisagent de commencer l’opération d’ici mi-novembre alors même que les Rohingyas ne sont assurés d’être en sécurité en Birmanie. L’ONU même juge que le climat en Birmanie est loin d’être propice au retour des réfugiés membres de cette minorité musulmane.

Déjà en novembre 2017, un plan de rapatriement des 700 000 Rohingyas ayant trouvé refuge au Bangladesh pour fuir les persécutions de l’armée birmane et des milices bouddhistes extrémistes, avait déjà été discuté mais la procédure était restée sans suite.

Un an plus tard, les deux pays ont, semble-t-il, trouver un accord pour une opération qui s'étalerait sur deux ans. « Nous avons montré notre volonté politique, notre flexibilité et notre disponibilité afin de commencer le rapatriement le plus tôt possible », s’est félicité un haut responsable du ministère des Affaires étrangères de Birmanie, qui a prétendu avoir « mis en place un certain nombre de mesures pour assurer que ceux qui sont rapatriés auront un environnement sécuritaire à leur retour ».

Marzuki Darusman, président de la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie, a rapporté, mercredi 24 octobre, son point de vue devant le Conseil de sécurité, lors d’une réunion appelée par des pays occidentaux sans l’aval de la Chine et de la Russie. « C’est un génocide qui est toujours en cours », a-t-il plaidé, en apportant les preuves de la persistance des autres formes de persécutions, à l’instar de la discrimination, le placement dans les camps, l’interdiction des naissances... « Les conditions de retour des Rohingyas ne sont pas réunies », a-t-il insisté.

Selon lui, obliger les Rohingyas à retourner en Birmanie reviendrait à les condamner à une mort certaine. Il a appelé de ses vœux la saisine de la Cour pénale internationale ou d’un tribunal international ad hoc pour poursuivre six hauts responsables de l’armée birmane pour crime contre l’humanité et prendre des sanctions contre la Birmanie.

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a dénoncé ce projet de rapatriement. « Il est crucial que les retours ne soient pas précipités ni prématurés. Nous déconseillons l’imposition d’un échéancier ou de cibles chiffrées pour le rapatriement », a déclaré Andrej Mahecic, porte-parole de cette organisation.

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