Cinéma, DVD

« L’Italien » : l’Algérien qui se fait passer pour un rital

A l'affiche le 14 juillet

Rédigé par | Mercredi 14 Juillet 2010 à 07:22

Kad Merad sait convaincre en Italien. L’un des comédiens les plus « bankables » du moment joue le premier rôle de « L’Italien », une comédie sociale réalisée par son acolyte Olivier Baroux, qui raconte l’histoire de Dino Fabrizzi… ou plutôt Mourad Ben Saoud, un Franco-Algérien qui, pour réussir dans sa vie, a changé d’identité. Mais lorsqu’il est question de Ramadan, la crise d’identité vient vite.



A 42 ans, Dino Fabrizzi – interprété par Kad Merad – a tout pour être heureux. Vendeur numéro un de la concession Maserati de Nice, le directeur général (Roland Giraud) est prêt à lui céder sa place. L’amour, il le vit avec Hélène (Valérie Benguigui) depuis un an. De l’argent, il en a à gogo.

Sauf que Dino Fabrizzi n’est pas Italien. Disons qu’il l’est devenu depuis cinq ans. Il est Arabe et s’appelle en réalité Mourad Ben Saoud. Né de parents algériens et musulmans, il vit depuis son enfance à Marseille. Personne, ni même sa compagne ou sa famille n’est au courant de sa double identité, qu’il vit sereinement jusqu’au jour où son père malade lui fait tenir une promesse : faire le jeûne du mois de Ramadan à sa place. Pas simple pour Dino, qui a depuis longtemps délaissé la religion et qui va se retrouver piégé par ses propres mensonges…


Le délit de « sale nom », une triste réalité

Intégration, discriminations, crise d’identité… autant de thèmes que « L’Italien », réalisé par Olivier Baroux, partenaire de Kad Merad dans ses sketches, traite avec légèreté et humour. Sans aller à dire qu’il est autobiographique, le film fait écho d’une réalité vécue par Kad Merad, dont le père Mohamed, Algérien aussi, s’était fait appeler Rémi toute sa vie. « En grattant un peu, on s’aperçoit que beaucoup d’hommes de sa génération ont fait de même, optant pour un prénom français à un moment donné, parce que c’était plus simple lors des entretiens d’embauche », fait savoir le réalisateur.

« Kad n’a pas jugé nécessaire de changer de prénom pour faire oublier ses origines. Il a fait tomber une syllabe, ce qui est une nuance, un petit arrangement avec la réalité que je trouve plutôt intéressant », ajoute-t-il.

Pourtant, de l’avis de Kad, qui ressemble sur certains points à Dino, il a « failli faire la connerie de Mourad dans le film, changer de nom pour m’appeler François Merad, plus passe-partout » et pour éviter de jouer « l’Arabe de service » toute sa vie. Kaddour a finalement préféré ne rien changer mais décide de se faire appeler Kad : une syllabe en moins mais qui change tout de suite la perception que l’on a de l’homme, qui a réussi à percer dans le monde du 7e art, particulièrement depuis l’énorme succès du film « Bienvenue chez les Ch’tis », en 2008.

« Sans vouloir faire un film à message, l’histoire surfe sur un sujet dans l’air du temps, autour des notions d’identité, de nationalité », déclare le comédien franco-algérien. C’est le cas de le dire : l’islam et ses fidèles sont dans l’œil du cyclone depuis quelques mois en France. On ne peut dès lors que saluer la sortie de « L’Italien » sur grand écran à partir du 14 juillet.

L'avis de Saphirnews

Cette comédie sociale sur la double identité de Mourad Ben Saoud alias Dino Fabrizzi fait écho, fort à propos, au récent débat sur l'identité nationale et le voile intégral aux relents lancinants d'islamophobie institutionnalisée. Si ce film n'est pas du tout politique, il adopte sur le ton de la comédie légère, aux accents parfois très émouvants, la situation que vivent bon nombre de nos concitoyens qui, pour mieux réussir dans la vie, ont décidé de gommer une partie d'eux-mêmes. Non par complexe, mais par facilité.

Travail, amour, relation au père (« Je t'aime mon fils, je suis fier de toi » − « Tu ne me l'as jamais dit »), rôle de l'aîné (« Si vous réussissez, vous devenez des modèles »), poids du mensonge, découverte de la relation à Dieu (« Il faut qu'on se voit moins pendant les évaluations » − « Il dort jamais ton patron ? »), amitié avec le copain juif toujours à la rescousse quand il le faut et toujours de bon conseil (« La religion, c'est pas que chiant, ça pardonne »)...

Beaucoup reconnaîtront des situations pas si éloignées de la réalité.

Un film à voir absolument, entre potes ou en famille.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur