Sur le vif

L’Europe appelée à agir pour la protection des Roms

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 8 Avril 2013 à 17:38



A l’occasion de la Journée internationale des Roms, qui a lieu lundi 8 avril, Amnesty International tire la sonnette d’alarme en exhortant la Commission européenne à agir pour lutter contre les discriminations dont sont victimes les Roms en Europe.

Ces derniers restent considérés comme « des citoyens européens de seconde zone » alors que la « directive de 2000 de l'UE portant sur "l'égalité raciale" interdit clairement toute discrimination "fondée sur la race et l'ethnicité" », dénonce l’organisation internationale des droits de l’homme.

Dans un rapport intitulé « Ici et maintenant. Droits humains pour les Roms. Un coup de semonce pour l’Union européenne » et publié jeudi 4 avril, elle dénonce les nombreux préjugés et discriminations subis par une population, « au nombre de 10 à 12 millions en Europe ».

« En Europe, 8 Roms sur 10 vivent dans des familles exposées à la pauvreté, ce qui se traduit par des difficultés matérielles importantes et des problèmes de santé. Les Roms parviennent moins souvent que les non-Roms à terminer le deuxième cycle de l’enseignement secondaire : ainsi, seul un Rom sur 10 est allé jusqu’au bout de ce cycle d’études en France, en Grèce ou en Roumanie », déplore l’organisation internationale des droits de l’homme.

« La haine et les violences à caractère raciste envers les Roms sont très répandues en Europe. Dans une étude publiée récemment par l’Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, un Rom sur 5 disait avoir déjà été pris à partie », poursuit Amnesty International.

« Malgré les directives européennes de lutte contre la discrimination, les préjugés à l’égard des Roms restent vivaces en Europe », est-il remarqué. « En 2010, par exemple, la Commission a fait marche arrière, alors qu'elle menaçait initialement d'ouvrir une procédure d'infraction contre la France en raison de sa politique de démantèlement systématique des campements et d’expulsion du territoire qui ciblait spécifiquement les Roms du fait notamment d’une circulaire du 5 août 2010 », s’insurge Amnesty International.

Avec l’arrivée au pouvoir de la gauche, la situation vécue par cette population n’est pas prête de s’améliorer car, le « 14 mars 2013, le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a affiché sa volonté de mettre en œuvre une politique de fermeté en annonçant la poursuite des démantèlements des campements, sans clarifier comment les garanties ayant trait aux expulsions seraient appliquées », est-il déploré.

Dans son rapport, Amnesty International demande à l’Union européenne d’agir concrètement. [« Les Roms ne doivent pas être expulsés de force, réinstallés dans des logements isolés et inadaptés, et discriminés dans l’accès aux logements sociaux »]i, ils «ne doivent subir de discrimination dans aucun autre domaine de la vie, notamment l’emploi, la protection sociale et la santé », exige-t-elle.

Les citoyens sont invités à réclamer des solutions à la Commission en signant la pétition mise en ligne par l’organisation.

Choqué par les propos de politiciens véhiculant un « message haineux » à l’encontre des Roms, le réseau européen contre le racisme (ENAR) appelle également les autorités européennes à « prendre au sérieux le combat » contre le racisme anti-Roms.

Dernièrement, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, l’ENAR avait pointé du doigt la montée de l’islamophobie en Europe mais également la montée du racisme envers les Roms. Les discriminations subies par les musulmans, comme celles touchant les Roms, sont encore loin de préoccuper la classe politique, préoccupée en France par l'affaire Cahuzac.

Lire aussi :
Les responsables des cultes en France fermes contre les discriminations
Racisme : alerte à l’islamophobie en Europe, blâme à la France
Expulsions de Roms : une « fermeté nécessaire » pour Valls
La Voix des Roms : « Valls pourrait porter les couleurs de l’UMP en 2017 »
Après les musulmans, les Roms ? La nouvelle distraction française ne plaît pas à l'UE