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Iran : les femmes contestant le port obligatoire du voile victimes d’une « campagne cruelle »

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 19 Juillet 2019 à 09:00

En Iran, la révolte contre le port obligatoire du voile gronde auprès d'un nombre grandissant de femmes. Elles sont nombreuses à avoir franchi un cap, ces derniers mois, en choisissant d'apparaitre dans les lieux publics et sur les réseaux sociaux non voilées pour contester la législation. Un mouvement qui ne laisse pas de marbre les autorités dont les méthodes brutales sont dénoncées par Amnesty International.



Amnesty International a condamné, mercredi 17 juillet, le traitement dont des activistes contestant le port obligatoire du voile en Iran sont les cibles. Les autorités iraniennes, en réponse au mouvement « Mercredis blancs » (#WhiteWednesdays) dans le cadre duquel des femmes iraniennes publient ces derniers mois des photos et vidéos d’elles non voilées dans un lieu public, « utilisent la détention au secret, la détention à l'isolement prolongée et les menaces visant les proches pour extorquer des "aveux" sous forme de vidéo aux défenseures des droits des femmes placées en détention pour avoir mené campagne contre les lois discriminatoires sur le port obligatoire du voile », fait part l’ONG dans un communiqué.

« Comme elles se sentent menacées par le dynamisme du mouvement de défense des droits de femmes contestant les lois iraniennes sur le port obligatoire du voile, les autorités iraniennes utilisent les pires méthodes pour discréditer les personnes qui militent contre le port obligatoire du voile, pour dissuader celles qui voudraient rejoindre ce mouvement de le faire, et pour semer la peur au sein de la société », a fait savoir Philippe Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient au sein d’Amnesty International.

Selon Amnesty International, les services de renseignement iraniens forcent ces femmes détenues à faire des « aveux » dans une vidéo. Sous menace de représailles contre leurs proches, elles doivent exprimer des « regrets » pour avoir été « entrainé » dans la campagne des « mercredis blancs » par des « agents révolutionnaires de l’opposition » basés à l’étranger.

Mettre fin à une législation qui « bafoue une multitude de droits »

« Il est inadmissible qu’elles soient torturées et soumises à d’autres mauvais traitements parce qu’on veut les forcer à participer à des vidéos de propagande du gouvernement dans lesquelles elles doivent "avouer" leurs "fautes" », a signifié Philippe Luther, qui a exhorté l’Iran à « libérer immédiatement et sans condition » les femmes arrêtées pour s’être opposées au port du voile obligatoire et à « s’abstenir de diffuser dans les médias contrôlés par l’État les "aveux" qui leur ont extorqués sous la contrainte ».

Amnesty International relate ainsi le cas de Saba Kodarfshari qui, selon sa mère, a été placée en isolement pendant les 12 jours suivant son arrestation, à Vozara, à Téhéran. Pendant son isolement et avant qu’elle ne soit transférée à la prison de Shahr-e-Ray, elle a été sommée de désavouer les « mercredis blancs » contre sa libération et sous peine d’être à l’origine de l’arrestation de sa mère.

Entre le 2 juillet et le 13 juillet, Saba Kodarfshari a été « soumise à une disparition forcée », sa famille n’ayant, pendant ce laps de temps, aucune nouvelle d’elle. Ce n’est que par la suite qu’elle a expliqué avoir été placée dans la prison d’Evin, dirigée par les pasdarans, les gardiens de la révolution, placés sous l'autorité de l'ayatollah Ali Khamenei.

Des cas similaires ont été relevés par Amnesty International pour pointer du doigt le traitement réservé aux défenseures des droits de la femme en Iran, accusées de « propagande contre le régime », de « rassemblement et collusion en vue de commettre des infractions compromettant la sécurité nationale » et d’avoir « favorisé et incité à la corruption et à la prostitution ».

L'ONG en appelle à la fin de la la législation imposant le port du voile, qui « bafoue une multitude de droits, notamment les droits à l’égalité, à la vie privée et aux libertés d’expression et de croyance ».

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