Religions

Hajj 2013 : un pèlerinage plein d'imprévus pour les agences

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Jeudi 5 Septembre 2013 à 00:38

Tout musulman pratiquant veut faire son pèlerinage à La Mecque. Toutefois, les pèlerins du Hajj seront moins nombreux cette année 2013 suite à la décision des autorités saoudiennes de réduire leur nombre. En France, les agences de voyage qui proposent ce voyage religieux ont dû se réorganiser. Surtout, elles restent sous pression face aux imprévus, monnaie courante dans leur activité. Des agences témoignent auprès de Saphirnews des contraintes auxquelles elles doivent faire face pour proposer aux fidèles le voyage de toute une vie.



La Kaaba à La Mecque.
Les travaux s'opèrent à plein régime autour de la Grande Mosquée de la Mecque (Masjid al-Haram), près de la Kaaba, où des milliers de fidèles musulmans affluent pour effectuer le Hajj, le cinquième pilier de l’islam. Le lieu sacré étant en plein chantier, les autorités saoudiennes ont décidé de réduire, cette année, le nombre de fidèles autorisés à effectuer le grand pèlerinage, qui se tiendra au mois d’octobre.

Le nombre des pèlerins venant de l'étranger a été réduit de 20 % pour chaque pays et celui des fidèles du royaume de 50 %. Conséquence : dans de nombreux pays musulmans, cette décision a suscité de nombreuses déceptions chez les personnes qui comptaient effectuer leur Hajj cette année. En France, les agences qui proposent ce voyage ont dû revoir leur organisation.

90 visas en moins

C’est le cas de l’agence Star Travel International. Tous les ans, le quota de visa qui lui est attribué est de 450 mais avec la réduction de cette année, ce sont 360 visas qui pourront lui être délivrés par les autorités saoudiennes. « Nous avons 90 visas en moins. Ce n’est pas négligeable », commente Saer Said, l’un des responsables de l’agence, qui a 11 ans d’activités derrière elle.

Au courant de la décision prise par l’Arabie Saoudite, il y a « deux mois », Star Travel a heureusement pu annuler les contrats qu’elles avaient signé par avance avec les hôteliers sans pertes financières. Au final, la réduction du nombre de pèlerins lui coûtera tout de même un manque à gagner par rapport aux années précédentes. Un manque qui a son poids car l’offre pèlerinage équivaut à 50 % de l’activité de cette agence de voyage.

Toutes les autres agences qui proposent le Hajj subissent ce sort comme Méridianis, qui voit son quota descendre à 700 visas ou Ariane Voyages, qui se retrouve avec moins de 400 visas au lieu d’un peu plus de 500. Mais la réduction des quotas n’a pas causé d’autres « préjudices » car les autorités saoudiennes ont « prévenu à l’avance », indique également Salim, d’Ariane Voyages.

Une Omra « catastrophique »

Si la baisse du quota alloué aux agences pour le Hajj 2013 a pu être anticipée par les agences, cela ne fut pas le cas pour la Omra cet été.

« La Omra a été catastrophique », témoigne Sihaam Bouzekri, agent de voyage à Méridianis. « Du jour au lendemain », le « système » a été bloqué, explique-t-elle. Sans prévenir, les autorités saoudiennes ont tout simplement décidé de réduire le quota des pèlerins. Les agences qui avaient déjà vendus des forfaits à des clients ont dû les annuler à la dernière minute. Chez Ariane Voyage, ce sont les forfaits d’une quinzaine de personnes qui l’ont été. Mais « certaines agences ont du annuler le voyage de 200 pèlerins », fait savoir Salim.

Les professionnels du secteur pointent du doigt l’organisation des autorités saoudiennes qui tardent trop souvent à leur communiquer des prises de décisions, pourtant cruciales pour la préparation des voyages des candidats aux pèlerinages. Ainsi, pour les agences, le renouvèlement annuel de l’agrément Hajj relève d’un parcours du combattant, indique Saer. « Il y a beaucoup de contraintes. On cherche la petite bête » dans les dossiers, déplore-t-il.

Quant aux informations fournies par les autorités saoudiennes, à travers notamment le consulat, elles sont « très opaques » et assez « floues », juge Salim, d’Ariane Voyages. « Il faut comprendre que le contexte saoudien est un contexte particulier » marqué par « la lenteur de l’administration », explique-t-il. Pourtant, nous avons « un engagement financier et un engagement humain » auprès des clients, insiste M. Said.

Des travaux urgents

La Grande Mosquée (Masjid al-Haram) en travaux.
« Pour peser » face à une administration saoudienne qui ne leur facilite pas la tâche, plusieurs agences agréées Hajj dont celles où travaillent Saer et Salim se sont regroupées à travers un collectif sous l’égide du ministère de l’Intérieur.

Mais une nouvelle déconvenue pourrait les frapper car une législation interdisant les personnes de faire le Hajj plus d’une fois tous les cinq ans pourrait être appliquée cette année. Une note officielle dans ce sens a été envoyée aux agences au mois d’avril. Si Méridianis ou Ariane Voyages ont pris leur « précaution » en n’acceptant aucun client ayant effectué le Hajj il y a moins de cinq ans, ce n’est pas le cas de certaines agences qui risquent de se retrouver avec des annulations à un mois du Hajj. Agrément en poche, les agences restent tributaires des dernières décisions de l’Arabie Saoudite. Pour l’heure, à près d'un mois avant le Hajj, les visas ne leur sont pas encore attribués.

Reste que les travaux menés à La Mecque restent capitale face à l’afflux des fidèles. « C’est un mal nécessaire, c’est plus qu’urgent », estime M. Said. A La Mecque, la construction de l'Abraj Al Bait, un complexe de plusieurs tours destinées à l’accueil des pèlerins, s’est achevée en 2012. A présent, les travaux dans la ville sainte se concentre autour de l’agrandissement de la Grande Mosquée. A terme, ils devraient permettre d’accueillir plus de 2 millions de personnes.

Le Hajj 2013 devrait être marqué par une baisse importante du nombre de pèlerins. Que les agences françaises se rassurent : les pays musulmans ont bien plus de mal à gérer cette baisse des quotas.