Religions

Hajj 2013 : la galère des pays musulmans face à la restriction des visas

Rédigé par | Jeudi 19 Septembre 2013 à 07:00

Chaque année, plus de trois millions de musulmans se rendent en Arabie Saoudite pour le grand pèlerinage à La Mecque. Cette fois, le chiffre de la fréquentation des Lieux saints lors du Hajj va être sérieusement revu à la baisse : le royaume a ordonné à chaque pays de baisser le quota des pèlerins de 20 % (-50 % pour les Saoudiens). Autant de pèlerins frustrés de devoir reporter le voyage à une date ultérieure, sachant les difficultés à surmonter pour obtenir le visa d’entrée. Comment les pays musulmans gèrent-ils cette décision ?



20 % : c’est la réduction de pèlerins exigée en juin par l’Arabie Saoudite à chaque pays pour la saison du Hajj 2013, officiellement en raison des travaux d’extension de La Mecque. Dans le même temps, les autorités saoudiennes ont déconseillé aux femmes enceintes, aux personnes âgées et atteintes de maladies chroniques de faire le déplacement cette année pour limiter le risque de contamination au coronavirus. Autant de fidèles qui pourraient contribuer à atteindre les 20 %. Cependant, beaucoup reste à faire pour atteindre cet objectif.

Les difficultés ne manquent pas, notamment pour les pays musulmans qui attribuent souvent les visas Hajj par tirage au sort, mesure pour faire face aux fortes demandes de visas, en constante progression. Comment choisir les pèlerins qui, après avoir été choisis au terme parfois de longues années d’attente, seront empêchés de partir faire le voyage de leur vie ?

Des pèlerins tirés au sort devront patienter

Au Maroc, ce sont « 6400 places » qui sont supprimées cette année 2013 de la liste des pèlerins « des deux sexes, nés en 1961 ou après (…) en prenant en considération le cas des femmes accompagnées par leurs maris », a indiqué le ministère des Habous et des Affaires islamiques dès le 24 juin, période à laquelle le tirage au sort a été effectué (17 au 28 juin). « La réduction n'affectera pas la liste des personnes âgées ainsi que leurs accompagnateurs (15%) » et « les pèlerins dont le voyage a été reporté pour l'année prochaine auront la priorité d'effectuer leurs pèlerinages », précise-t-on.

En Tunisie, 8 300 visas sont délivrés cette année contre 10 300 à la base. Le ministère des Affaires religieuses a décidé de supprimer le quota réservé aux pèlerins tunisiens résidant à l’étranger, soit un millier de personnes en moins dans la liste, rapporte L’économiste maghrébin fin août.

L’ancienneté de la demande qui prime

Par mesure d’équité, le principe de l’ancienneté dans l’enregistrement a été mis en œuvre pour attribuer les visas. « Nous comptons sur les retraits et les désistements personnels de candidats ayant permis notamment une réduction de 400 places sur un total nécessaire de 2 100 », indique le ministre tunisien des Affaires religieuses, Noureddine Khademi, rappelant que ces mesures ont été annoncés avant la mise en œuvre des procédures pour participer au tirage au sort.

Ce n'est pas le cas en Turquie. Sur les 1 370 000 personnes qui ont déposé leur candidature, 74 000 ont été choisis au hasard en mars. Sauf que l'Etat a dû signifier en juin à 14 800 d'entre eux qu'ils n'iront finalement pas en Arabie Saoudite tout en leur promettant que 2014 sera la bonne pour eux. Le gouvernement a mis en priorité dans la liste des heureux ceux qui ont présenté leur dossier pour la huitième fois consécutive... Sur cette base, aucun tirage au sort ne devrait d'ailleurs lieu en 2014, a prévenu Ankara dans l'espoir que les quotas seront revus à la hausse, rapporte Hurriyet Daily News.

L'Algérie a préféré un autre critère. Les autorités se sont vues retirées près de 9 000 places (27 800 visas). Alors les plus âgés auront la priorité sur les jeunes, ont-elles fait savoir. Les agences de voyages qui s’étaient engagés avec l’Etat à prendre en charge un nombre de pèlerins ont dû se plier à cette décision et se voient dans l’obligation de rembourser ceux qui n’iront pas à La Mecque, sans aide publique.

Sale temps pour les agences de voyage

Ailleurs également, les sociétés privés agrées spécialisées dans le pèlerinage sont très affectés par cette baisse aussi soudaine que spectaculaire. Le Hajj, monopole d'Etat dans les pays musulmans, est le voyage sur lequel dépend leurs chiffres d'affaires de l'année.

En Indonésie, les agences auront bien plus de mal à faire face. Le plus grand pays musulmans du monde, qui devait avoir 211 000 visas, doit faire face à une réduction de 42 200 places. La minorité musulmane d’Inde, qui est tout de même forte de 140 millions d’âmes, fait aussi face à une diminution conséquente (136 000 visas contre 170 000 selon le ministère indien des Affaires étrangères).

Partout, les prétendants au Hajj ont été invités à reporter leur voyage pour faciliter les procédures. Ils devront prendre leur mal en patience.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur