Société

Grande Mosquée de Marseille : l'extrême droite condamnée par la justice

Rédigé par Sonia Carrère et Huê Trinh Nguyên | Jeudi 10 Décembre 2009 à 00:46

Le Front national distribuait à Marseille des tracts contre le projet de Grande Mosquée, tracts qui ont créé la polémique. Les architectes ont assigné le parti politique en justice pour faire détruire ces prospectus. Le tribunal en a exigé la destruction, mais le FN ne se laisse pas abattre…



Devant l'hôtel de ville, le 6 novembre, ils étaient une vingtaine à manifester leur opposition à la Grande Mosquée. Début décembre, le Front national récidivait en distribuant des tracts au marché de Noël.
À Marseille, le projet de la Grande Mosquée n’est toujours pas le bienvenu. Depuis ses prémisses, le Front national, qui représentait 9,09 % des votes lors des dernières présidentielles, enchaîne les manifestations et autres campagnes pour contrer la construction de cet édifice.

En 2006, le parti d’extrême droite MNR (Mouvement national républicain) avait déposé un recours contre le bail emphytéotique de 50 ans accordé à l'association La mosquée de Marseille, en charge du projet de construction de la Grande Mosquée. Débouté en décembre 2007, le MNR avait fait appel. Le jugement n’est toujours pas prononcé.

Peu avant la remise du permis de construire, délivré par le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin début novembre dernier, c’est au tour de la liste « Ligue du Sud », emmené par le maire d’Orange Jacques Bompard (MPF – Mouvement pour la France) de saisir de nouveau la justice pour « contester la validité du permis de construire et prouver son illégalité ».

Le 6 novembre, jour officiel de la remise du permis de construire, une vingtaine de sympathisants du Front national manifestait encore, brandissant des pancartes « Non à la mosquée », à grands renforts de sifflements et de tapages sonores.

Des tracts pour faire peur ? Non, c'est la liberté d'expression, répond le FN

Mais faire du bruit ne suffit pas, il faut faire peur. La section locale du Front National a décidé de frapper fort, en distribuant des tracts anti-mosquée sur le marché de Noël, près du Vieux-Port. Sur ces tracts, on peut trouver la photo de la maquette de la mosquée, ce qui a scandalisé les architectes Maxime Repaux, Thierry Chambon et Frédéric Roustan. Ces derniers ont alors décidé de régler l’affaire devant le tribunal de grande instance de Marseille.

« C’est une atteinte grave à la liberté d’expression, déclare Stéphane Ravier, conseiller Front national du 7e secteur de Marseille, à Saphirnews. C’est notre devoir d’opposant que d’informer la population sur le projet. »

Le 8 décembre, le verdict tombe : le FN devra détruire les tracts et toute nouvelle reproduction sera interdite sous astreinte de 1 000 euros. Les frais de justice, s’élevant à 1 500 euros, seront versés aussi aux plaignants de la part du parti politique.

Étrangement, le parti d’extrême droite voit ce jugement comme une réussite, la demande des architectes de recevoir des dommages et intérêts ayant été refusée : « Ils n’auront pas un radis ! », se réjouit M. Ravier auprès de Saphirnews.

À la suite de la décision du juge des référés du tribunal de Marseille, tout le monde y trouve apparemment son compte… Tout est bien qui finit bien ?

La vigilance reste bien entendu de mise. Pour les élections régionales de 2010, Jacques Bompard (MPF), tête de liste de la Ligue du Sud, est candidat à la présidence de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, tandis que Stéphane Ravier sera tête de liste FN.

En période préélectorale et en plein pseudo-débat sur l’identité nationale, le minaret de la Grande Mosquée de Marseille apparaît comme du vrai pain bénit pour la droite extrême.