Sur le vif

Grande Mosquée d’Alger : les révélations gênantes sur les dangers sismiques

Rédigé par Saphirnews | Vendredi 20 Mai 2016 à 18:03



Le chantier de la Grande Mosquée d'Alger.
Le quotidien algérien El Watan rapporte, mardi 17 mai, les dernières turpitudes qui entourent la construction de la Grande Mosquée d’Alger. Selon le professeur Abdelkrim Chelghoum, président du Club des risques majeurs, directeur de recherche et expert génie parasismique, l’édifice « est constitué en partie de couches de sédiments reconnus pour être de parfaits amplificateurs des ondes sismiques ». En clair, la proximité du site avec la mer et l’oued El-Harrach présente déjà des risques en matière de tremblements de terre mais la constitution même de la mosquée pourrait agrandir ces risques.

Le spécialiste qualifie de « superficielle » l’étude de terrain réalisée par le Laboratoire national de l’habitat (LNHC) et le Laboratoire central des travaux publics (LCTP). Le ministère de l’Habitat a bien tenté de rassurer la population en déclarant que « la mosquée a été construite selon un système antisismique en mesure d’absorber de fortes secousses telluriques. Il s’agit d’amortisseurs capables d’abaisser la magnitude d’un séisme de 9 à 3,5 sur l’échelle de Richter », mais ces propos ont été jugés « populistes » par Abdelkrim Chelghoum, qui estime qu’ils ont pour but de « tromper l’opinion publique ».

Les révélations du groupement allemand sur l'incompétence de la société chinoise

En parallèle, des informations circulent concernant le groupement allemand KSP Jürgen Engel Architekten et Krebs und Kiefer qui était en charge du suivi technique avant d'être évincé du projet en octobre 2015. Les Allemands viennent de rendre publiques les raisons de leur éviction au profit du bureau d’études français EGIS. Leur rôle était de s’assurer de « la qualité technique liée à la sécurité de l’ouvrage et de l’aspect architectural ». La société chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) s’est, elle, vu confier la réalisation de la mosquée en 2012.

L’édifice aurait dû être livré en 2016 mais les travaux ont pris du retard, d’où l’éviction du groupement allemand. Ce dernier met en cause l’incompétence de la société chinoise : « C’est durant cette phase que les problèmes ont vraiment commencé. Nous avons vu que la qualité et l’organisation de l’entreprise chinoise n’étaient pas à la hauteur des attentes. (…) Nous sommes allés bien au-delà de ce qui se fait normalement dans un processus d’approbation de plans d’atelier et nous avons assisté activement les Chinois dans la production de leurs plans. (…) Les plans contenaient beaucoup d’erreurs et parfois n’étaient même pas finis ; certains ne contenaient que la moitié des informations requises, nous étions dans l’obligation de les rejeter. Cela a été perçu comme une sorte de frein sur le projet. » La mosquée n'est pas prête à une inauguration prochaine.

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