Société

Fusillade de Toulouse : condamnations unanimes des responsables religieux, l'antiterrorisme saisi

Rédigé par Pauline Compan et H. Ben Rhouma | Lundi 19 Mars 2012 à 17:50

Après la fusillade de Toulouse, la classe politique met la campagne présidentielle au second plan. Les condamnations sont unanimes, de même que de la part des responsables religieux. L'arme et le mode opératoire utilisés pour les quatre crimes au collège-lycée juif Ozar Hatorah oriente les enquêteurs vers le tueur qui a perpétré les trois meurtres des militaires, tués dans la région quelques jours plus tôt. L'Etat engage désormais tous les moyens dont il dispose pour arrêter le criminel.



L'école Ozar Hatorah de Toulouse dans laquelle le drame a eu lieu.
Une piste néo-nazi est-elle crédible ? Quel crédit donner à la piste islamiste ? Alors que l'auteur de la fusillade au collège-lycée juif qui a tué de sang-froid un professeur et trois enfants, lundi 19 mars à Toulouse, semble être le même assassin qui a abattu trois soldats, dont deux de confession musulmane, les observateurs s'interrogent.

Les meurtres des parachutistes à Toulouse le 11 mars et à Montauban le 15 mars avaient déjà interpellé les forces de l'ordre. Les premiers résultats de l'enquête autour des meurtres dans l'établissement d'Ozar Hatorah laissent apparaître un lien entre les trois affaires. L'arme, le scooter et le mode opératoire des trois fusillades sont en effet identiques.

Reste à connaître le mobile du meurtrier. Une énigme pour les enquêteurs chargés de l'affaire et confrontés à des actes de barbarie déjà qualifiés d'« antisémites » par de nombreux responsables politiques alors même que les circonstances et les motivations du tueur sont pour le moment inconnues.

La campagne présidentielle en trêve

Face à l'émotion déclenchée par le drame qui a vu mourir trois enfants de 3, 6 et 10 ans ainsi qu'un professeur du collège de 30 ans, la classe politique met unanimement la campagne présidentielle au second plan. Nicolas Sarkozy s'est immédiatement rendu à Toulouse, lundi 19 mars. Il a été rejoint plus tard dans la journée par François Hollande et François Bayrou dans la Ville rose. Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Eva Joly ont également exprimé leur indignation. Marine Le Pen a même annulé sa participation à l'émission « Mots croisés » sur France 2 par « compassion et par solidarité » envers les victimes. « Dans ces moments-là, il n'y a plus de politique, il n'y a plus de campagne, il n'y a plus de droite, il n'y a plus de gauche », a-t-elle déclaré.

Le chef de l'Etat, qui a demandé une minute de silence dans toutes les écoles mardi 20 mars, a ainsi fait savoir qu'il suspendait sa participation à la campagne présidentielle jusqu'à mercredi 21 mars, date à laquelle la cérémonie d'hommage aux trois soldats tués devrait avoir lieu à Montauban, en sa présence et celle du Premier ministre.

Un office religieux s'est déroulé lundi à 17h à la synagogue du centre de Toulouse. En présence du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Pasquier, et du Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, c'est une salle bondée qui a rendu hommage aux victimes. Plus d'un millier de fidèles se sont aussi recueillis lundi en début de soirée à la synagogue Nazareth à Paris, en la présence de Nicolas Sarkozy, de François Hollande, d'Eva Joly et de nombreuses autres personnalités politiques.

Condamnations unanimes des responsables religieux

L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) a fait part de sa « grande tristesse » face au drame, condamnant avec « la plus grande fermeté » cet « acte lâche et barbare ». De son côté, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a fait part, lundi matin, de son horreur « devant cet acte criminel indescriptible ».

Le Collectif des Musulmans de France (CMF) « se joint à la douleur des familles des victimes de cette série de violences infâmes et leur exprime ses condoléances les plus sincères. » Le drame « endeuille l’ensemble de la communauté nationale. Cet acte mérite une condamnation sans réserve d’autant plus qu’il fait suite à l'assassinat des trois militaires de la semaine dernière », précise le CMF.

L'UOIF a également exprimé dans un communiqué sa « terreur » face aux meurtres des trois soldats du 17e régiment du génie parachutiste de la caserne de Montauban, appelant les autorités « à déployer tous les moyens nécessaires pour arrêter le/les auteurs de ces crimes ».

Les hommages en mémoire des victimes juives ont continué dans l'après-midi, avec un « temps de prière » à la cathédrale Notre-Dame de Paris et un communiqué de Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, exprimant la « vive indignation » des catholiques de France « devant cette violence aveugle qui vise des personnes sans défense ». Quant au Vatican, il exprime sa « profonde indignation, son effarement, et sa condamnation la plus résolue ».

La chasse à l'homme est lancée

Selon les premiers commentaires, les pistes d'un acte émanant de groupuscules nazis ou islamistes seraient privilégiées. Mais beaucoup de voix s'élèvent pour appeler au pragmatisme et à attendre les premiers éléments de l'enquête avant d'essayer d'avancer des réponses. A ce titre, le CMF met en garde « tous ceux qui souhaiteraient instrumentaliser cette émotion à des fins politiciennes » et « ne peut que déplorer les dernières déclarations intempestives du président du CRIF qui, en s’empressant d’évoquer la piste de "l’islamisme radical", ne font que salir la mémoire des victimes. » Plus que jamais, la vigilance citoyenne s’impose pour éviter tout abus.

Une chose est sûre désormais, le tueur à scooter est désormais l'homme le plus recherché de France en ce début de semaine. Le plan Vigipiraten qui vise à prévenir un « risque d'attentat majeur », a été levé au niveau maximum (écarlate) dans la région Midi-Pyrénées et ses départements limitrophes et le ministère de l'Intérieur a annoncé la mise en place d'un plan de surveillance renforcé dans tous les lieux confessionnels, particulièrement devant les établissement juifs. L'enquête a été confié au parquet antiterroriste de Paris.