Sur le vif

Décès de Claude Mademba Sy, tirailleur sénégalais pour l’honneur des « indigènes »

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 9 Avril 2014 à 12:16



Claude Mademba Sy, dernière grande figure des tirailleurs sénégalais, est décédé, mardi 8 avril, à l’âge de 90 ans. Comme ses aïeux, l’homme fit carrière dans l’armée française. Son grand-père fut nommé officier « indigène ». Son père Abdel Kader fut le premier chef de bataillon (commandant) noir de l'armée française et trois de ses oncles furent tués pendant la Première Guerre mondiale.

Lui, né le 11 décembre 1923 à Versailles, participera à la Seconde Guerre mondiale. Il rejoint en 1943 le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, à Tunis, où s’est installée sa mère après le décès de son père. Sous-officier, il participe à la campagne de Normandie, à la libération de Paris et de Strasbourg et à la prise du nid d'aigle d’Hitler à Berchtesgaden, près de Munich. Lors de la libération de Paris, il est le seul Noir de la 2e Division blindée du général Leclerc. Les Américains qui avaient équipé en chars et matériels cette unité étaient opposés à la présence des Noirs dans les divisions blindées.

Puis Claude Mademba Sy part en Indochine, où il est blessé, puis en Algérie, où il sert comme capitaine au 6e régiment de parachutistes coloniaux (RPC). Il termine sa carrière en tant que commandant du 9e bataillon d'infanterie de marine (Bima). Au moment des indépendances des pays africains, il se rend au Sénégal pour former l’armée, Il est ensuite nommé ambassadeur du Sénégal dans plusieurs pays européens et africains et à l'ONU.

Au cours de son parcours, l’ancien officier supérieur de l'armée française va batailler pour que les anciens tirailleurs sénégalais qui ont combattu pour la France touchent des pensions militaires équivalentes à leurs homologues français. Ce n’est qu’en 2010 que la « décristallisation » mettant fin au gel des pensions des anciens combattants coloniaux, dont celles des Africains, fut mise en place après une « décristallisation » partielle votée en 2006 par le Parlement, à la suite de la sortie du film Indigènes.

Dans un communiqué paru à la suite du décès de Claude Mademba Sy, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a tenu à rendre hommage à un « artisan de paix et de justice dévoué à la reconnaissance des services des anciens combattants africains par la France ». Elevé au grade de grand officier de la Légion d'honneur en 2012 et titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec huit citations, dont trois à l'ordre de l'Armée, il sera inhumé samedi 12 avril en l'église de Biriatexte, un village du Tarn où il vivait ces dernières années.

Lire aussi :
La France reconnaît sa « dette » envers ses soldats musulmans
Indigènes
Anciens combattants: la France revalorise les pensions