Sur le vif

De fausses vidéos de propagande d’Al-Qaïda financées par les Etats-Unis

Rédigé par | Mardi 4 Octobre 2016 à 12:26



Les enquêteurs Bureau du journalisme d’investigation (BIJ), une ONG basée à Londres et spécialisée dans la réalisation d’enquêtes journalistiques, ont révélé que le Pentagone a produit des vidéos de propagande pour Al-Qaida.

Le ministère de la Défense américain a ainsi dépensé près de 540 millions de dollars entre 2006 et 2011 pour ces opérations. L’agence de communication Bell Pottinger, habituée à fournir ses services pour plusieurs régimes autoritaires (Syrie, Biélorussie, Sri Lanka…), aurait largement bénéficié de ce programme avec un contrat de 120 millions de dollars par an.

Martin Wells, vidéaste et ex-salarié de l’entreprise, a été l’une des sources principale des journalistes du BIJ. Selon lui, des vidéos de propagande d’Al-Qaïda ont été produites afin de piéger les personnes qui les visionnaient sur Internet. Les vidéos étaient gravées sur des CD qui, une fois encodées, lançaient automatiquement un signal sur Internet qui permettait à la CIA de localiser l’ordinateur, grâce à son adresse IP. Les CD étaient introduits par les soldats américains lors des perquisitions dans les habitations irakiennes. Certains de ces disques se sont retrouvés en Iran, en Syrie et aux Etats-Unis.

Le rôle de Bell Pottinger et une quarantaine d’autres agences du même type était aussi de se rendre en Irak et de produire des clips publicitaires contre Al-Qaïda et de faux reportages vidéos en basse qualité, de façon à les présenter aux chaînes de télévision comme des « productions de télévisions arabes ». Ils étaient ensuite vendus puis diffusés comme tels par les chaînes locales et continentales, sans préciser que l’armée américaine en était le commanditaire. Dès mars 2004, Bell Pottinger s’est chargé de créer des contenus faisant la promotion de la tenue d’élections démocratiques.

Le Pentagone confirme avoir eu recours aux services de l’agence Bell Pottinger en Irak durant cette période. Tim Bell, l’ancien patron de l’agence, a également confirmé que sa société avait un signé un contrat pour des opérations militaires, « protégé par plusieurs clauses de confidentialité », et devait régulièrement en rendre compte auprès du Pentagone, de la CIA et du Conseil national de la sécurité.

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