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Damas, un futur Las Vegas en terre d'islam ?

Rédigé par | Vendredi 14 Janvier 2011 à 00:19

Les jeux d’argent et de hasard sont formellement proscrits par la religion musulmane. Cette interdiction n'a pas empêché les autorités syriennes à autoriser officieusement l'ouverture d'un casino, en décembre, afin d'attirer les grosses fortunes arabes et de faire de l'ombre à son concurrent libanais.



Poker, black-jack, banco, roulette, baccarat, machines à sous… Autant de jeux d’argent et de hasard formellement proscrits par la religion musulmane. Les musulmans – du moins une partie d’entre eux – seront donc surpris d’apprendre l’inauguration du premier casino en Syrie. Situé non loin de l’aéroport international de Damas, cet établissement a ouvert ses portes en toute discrétion le 24 décembre au soir. Pour ne pas choquer la société syrienne, très conservatrice, la discrétion a été de mise... ou presque.

Jusqu’à cette date, les casinos étaient interdits dans le pays depuis les années 1970. Les propriétaires de l’établissement, dont l'un d'eux est le fils d'un ancien gestionnaire de casinos en Syrie avant l'interdiction, sont parvenus à obtenir le feu vert des autorités, au nom de l’ouverture économique du pays et de la promotion du tourisme, qui peine à se développer dans cette région.

Les premiers ciblés : les touristes arabes fortunés

La Syrie a ainsi souhaité attirer les riches touristes du Golfe et du Moyen-Orient, qui fréquentent habituellement le casino de Jounieh, près de Beyrouth, au Liban, où ils n’hésitent pas à flamber, en misant des centaines de milliers d’euros.

Les responsables du complexe de jeu syrien, qui répond du nom de The Ocean Club, ont su miser juste : il a affiché complet dès le premier soir et fait un malheur depuis. Pour le moment, la majorité des clients sont syriens. Si la réputation du casino continue de grimper en flèche, une clientèle étrangère devrait rapidement ne pas tarder à y affluer. Mais la présence du casino fait polémique et est déjà sous la menace d'une fermeture. Selon certaines sources, les propriétaires n'auraient jamais obtenu la licence officielle.

Cela ne les empêche pas de continuer leur business. A l’exception d’Israël, pays non musulman, The Ocean Club est le deuxième casino à voir le jour au Moyen-Orient après celui de Jounieh. Ils s’ajoutent aux grands casinos de Hammamet et de Djerba, en Tunisie (deux au total), et de Marrakech, Tanger, Agadir et Casablanca, au Maroc (sept au total).

Les temples du jeu des deux principales destinations touristiques du Maghreb, très prisées des Européens et des Américains, ont pour ambition de rivaliser avec les casinos de Las Vegas, mais ce sont ceux du Maroc qui parviennent le mieux à drainer une clientèle dépensière, principalement constituée d’Américains.

Pour preuve, de nouveaux projets touristiques, incluant la construction de casinos, devraient être lancés dans les années qui viennent dans le royaume chérifien.

Une des contradictions du monde arabo-musulman

Partant du principe que l'argent doit être le fruit du travail et du labeur, le droit musulman interdit les jeux de hasard avec mise, qui sont susceptibles de créer une dépendance telle une drogue dont il devient difficile de se passer. Une addiction qui provoque des effets néfastes pour le joueur, s'il ne se ressaisit pas.

C'est pourquoi il y a unanimité entre les savants musulmans pour considérer l'ensemble des formes de jeux d'argent comme un vice, qu'il convient d'interdire absolument, même si le joueur souhaite redistribuer l'argent gagné à des œuvres de charité.

Ces pays à majorité musulmane ont des Constitutions inspirées du droit islamique. Cependant, la grosse manne financière a tôt vite convaincu certains États de permettre les jeux d'argent pour les taxer... le tout de façon discrète. Les nationaux se voient en effet généralement interdits de casinos, généralement situés dans des quartiers huppés et touristiques et dans des complexes hôteliers de luxe.

Quelques pays, comme l'Arabie Saoudite, interdisent encore les casinos sous peine de sanctions. Mais, là encore, cela n'empêche pas des groupes mafieux de développer des petits réseaux de casinos clandestins. Autre phénomène de taille : Internet. Les joueurs peuvent facilement contourner les interdits grâce au Web, où fleurissent les jeux en ligne. Ces derniers font un tabac. La fièvre du jeu n'a pas fini de se propager au grand désarroi des théologiens.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur