Sur le vif

Burkina Faso : les imams unis contre « l’intolérance religieuse et ethnique » visant les Peuls

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 31 Aout 2022 à 15:30



Au Burkina Faso, la minorité peule dont ses membres sont assimilés aux groupes terroristes d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique, sont victimes d’une stigmatisation qui fait craindre le pire. Des appels à « l’épuration ethnique » des Peuls ont en effet émergé ces dernières semaines, suscitant l’inquiétude des autorités. A l’issue d’un séminaire de formation organisé à Ouagadougou fin août, plus de 700 imams et prédicateurs musulmans ont donné de la voix pour dénoncer la propagation à travers le pays de « discours haineux, véhéments et violents » incitant à « l’intolérance religieuse et ethnique ».

« Il n'est un secret pour personne que notre pays vit les jours parmi les plus sombres de son histoire », signifie, dans une déclaration rendue publique dimanche 28 août, la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB). Celle-ci appelle les Burkinabés à « se surpasser pour donner une chance de survie à la nation ».

« La lutte contre l'insécurité est grandement handicapée par nos mauvais comportements. (…) Nous, Burkinabés, jouons un rôle autodestructeur pernicieux en ce que désormais nous développons une insouciance suicidaire en propageant des messages qui incitent à l'intolérance religieuse et l'intolérance ethnique qui peuvent être sources d'affrontements extrêmement violents ; la stigmatisation ethnique et communautaire ; une haine politicienne qui ferme les cœurs au sens du pardon et les esprits aux appels à la réconciliation », déplore l’instance.

Face à ces constats accablants, la FAIB a indiqué avoir « instruit (ses) imams et prêcheurs de travailler résolument à faciliter l'apaisement des cœurs, promouvoir la réconciliation nationale et la restauration de la cohésion sociale ». Elle encourage aussi, d’une part, le gouvernement « dans ses efforts visant à éradiquer l'insécurité » et « à développer sa politique de la main tendue » et, d’autre part, l'ensemble des acteurs politiques « à transcender leurs intérêts partisans pour favoriser la culture d'une gouvernance vertueuse, du pardon et de la réconciliation nationale ».

Le Burkina Faso, dirigé par la junte militaire après un coup d'Etat en janvier, fait face depuis 2015 à des mouvements terroristes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, rappelle l'AFP. La violence a fait des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés. Plus de 40 % du territoire du Burkina échappe au contrôle de l'Etat.

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