Arts & Scènes

« Al Musiqa », l’expo immersive sur les musiques du monde arabe enchante nos oreilles

Rédigé par | Jeudi 24 Mai 2018 à 16:25

Jusqu’au 19 août, la Philharmonie de Paris convie petits et grands à découvrir les musiques arabes, dont la richesse est bien peu connue sous nos contrées. Des déserts de la période préislamique aux places des villes arabes sous les contre-coups de la révolution, chants, sons, rythmes et musiques se font entendre sous leurs formes multiples. Les œuvres d'artistes contemporains et les installations interactives viennent en dialogue et donnent, elles aussi, le tempo dans une scénographie colorée qui en appelle à tous les sens.



C’est casque sur les oreilles grandes ouvertes et sens en éveil que l’on se balade dans l’exposition « Al Musiqa », à la Philharmonie de Paris, jusqu’au 19 août. « Un voyage immersif dans l’histoire du monde arabe, où l’on fait se confronter les points de vue d’artistes avec le patrimoine musical, depuis l’époque préislamique jusqu’à aujourd’hui », explique Véronique Rieffel, commissaire d’exposition. « C’est une exposition très joyeuse, qui veut rendre hommage à la diversité et à la beauté des musiques arabes », indique-t-elle.


« Food for Thought 11000 », de l’artiste saoudienne Mahah Malluh.
Après les paysages du désert d’Arabie où nous est présentée la qasida, à l’origine de la poésie arabe classique, le visiteur est enveloppé d’une polyphonie d’appels à la prière.

Dans cet espace est présenté le personnage de Bilal, premier muezzin. En contrepoint, l’œuvre monumentale Food for Thought 11000, de l’artiste saoudienne Mahah Malluh, qui aligne une multitude de cassettes de récitation coranique dans des planches à pain, dénonce l’envahissement du religieux au quotidien à l’ère de la globalisation.

« Infinity Sound », de Maïmouna Guerresi.
Suit un très bel espace qui suggère un jardin andalou : au sol, des mosaïques interactives qui se modifient quand on marche dessus ; au-dessus le chant des oiseaux ; dans des alcôves l’on s’assoit et écoute des morceaux de musique de cour au temps des califats.

Plus loin, une pièce sombre jonchée de tapis invite à l’écoute des musiques mystiques des zaouïas, ces lieux de rassemblement où se pratique le samâ’ des soufis.

S’ensuit une grande salle dédiée à l’Égypte, qui devient, à partir du XIXe siècle, le nouveau centre du monde arabe. Le premier congrès de musique arabe s’y est tenu au Caire en 1932. Par leurs peintures et leurs dispositifs créatifs interactifs, les artistes contemporains tels Chant Avedissian et Lamia Ziadé redonnent vie aux stars de la chanson égyptienne : Abd El Halim Hafez, Farid El Atrache et, bien sûr, Oum Kalthoum…

Luth oud, venant de Damas (Syrie, 1931).
Un café de Barbès met en scène les musiques de l’exil dans la France d’après-guerre. Les musiques venues du Maghreb sortent des premiers cercles d’immigrés et deviennent populaires avec le raï qui se frotte, à partir des années 1980, aux influences rock, pop et reggae.

L’exposition se clôt par « une grand-place de ville arabe, où chacun peut exprimer de façon sensorielle son rapport aux musiques arabes », suggère Véronique Rieffel. Les mouvements révolutionnaires arabes de 2011 enclenchent en effet une effervescence musicale : slogans politiques sont remixés avec de l’électro-chaabi.

Un parcours ludique et didactique est également proposé pour les visites en famille.

En savoir plus sur l’exposition « Al Musiqa - Voix et musiques du monde arabe », du 6 avril au 19 août 2018 : philharmoniedeparis.fr



Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur