Société

Aïd el-Kébir 2011 : les régions les mieux préparées de France

L'Ile-de-France, bonnet d'âne

Rédigé par | Vendredi 4 Novembre 2011 à 05:30

J − 3 avant l’Aïd el-Kébir, qui sera célébré en France les 6, 7 et 8 novembre. Comme chaque année, nombre de musulmans partent à la recherche des abattoirs où ils pourront accomplir le sacrifice de leur animal. Une quête pas facile dans certaines régions de France, à l’instar de l’Île-de-France et du Nord-Pas-de-Calais. Les musulmans des régions PACA et Rhône-Alpes sont nettement mieux lotis.



L’Aïd el-Kébir (Aïd al-Adha) s’organise discrètement cette année. Pour savoir où sacrifier son mouton, le musulman ne pouvait pas vraiment compter sur la circulaire interministérielle, présentant tous les abattoirs agréés de France : elle n’a toujours pas été publiée à ce jour.

Seule la liste officielle des abattoirs temporaires a été rendue publique [à télécharger plus bas]. 58 établissements se sont vus délivrer une autorisation préfectorale cette année en France contre 52* en 2010, soit six de plus. Cependant, on reste loin du nombre nécessaire qui permettra à tous les musulmans d’effectuer leur sacrifice dans les règles.

La Direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture, qui nous a fait parvenir cette liste, a reconnu que cette augmentation n’était pas significative. « On privilégie les structures fixes existantes plutôt que les abattoirs temporaires », ajoute-t-on. Toutefois, le nombre des structures permanentes devrait rester stable d’une année sur l’autre.

L’exemple PACA face à l’Île-de-France, bonnet d’âne

Avec le temps, on constate tout de même des efforts des services de l’État pour l’organisation de l’Aïd. Cependant, ils ne sont pas assez partagés entre les régions et les départements.

Ainsi, une palme du mérite est décernée à la Région Paca (Provence-Alpes-Côte-d’Azur) avec 24 structures temporaires pour l’Aïd el-Kébir 2011 : 10 dans les Bouches-du-Rhône, 10 dans le Var et 4 dans le Vaucluse. Une douzaine d’autres vont également ouvrir leurs portes aux musulmans durant les trois jours.

La Région Rhône-Alpes n’a pas à rougir de ses efforts, puisque 10 structures mobiles ont été agréées, qui s’ajoutent à la trentaine d’abattoirs permanents autorisés par les autorités. Tout comme l'Aquitaine avec, à son actif, près de 20 établissements, toutes fixes.

En revanche, l’Île-de-France comptera seulement 9 abattoirs, dont 5 temporaires, alors même que les musulmans représentent plus de 10 % de la population de la Région et que la demande n’a cessé de croître avec le temps. En Seine-Saint-Denis, l’unique abattoir, mis en place pour la première fois en 2010 à la Courneuve, sera à nouveau submergé cette année. Un zéro pointé pour les Hauts-de-Seine qui n'ont jamais permis une initiative pareille jusque-là.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, on en compterait seulement 8 aussi et l’agrément préfectoral n’a été délivré à aucun abattoir temporaire. A Dunkerque, la situation est telle que le Conseil de l’islam dunkerquois (CID) appelle les fidèles à ne pas pratiquer le sacrifice rituel de l’Aïd cette année.

Beaucoup choisiront cette option mais d'autres préféreront enfreindre la législation en vigueur et abattre eux-mêmes leur animal. Face à ce choix, les services de l’État se disent prêts à débusquer les abattages clandestins en renforçant les contrôles policiers et vétérinaires. Réprimer est toujours plus facile que de trouver une solution.

Pousser les préfectures à agir

De son côté, la DGAL nous explique qu’elle « ne crée pas l’initiative. On nous remonte simplement les informations. Ce sont aux préfectures départementales et aux responsables musulmans locaux qu’il faut demander des explications. Ce sont eux qui sont à l’œuvre pour mettre en place des structures » lors de célébrations religieuses.

Le dialogue entre les deux acteurs peine cependant dans certains départements mais, une fois la confiance établie, les chances d’obtenir des autorisations grandissent. C’est le cas dans les Yvelines, où l’agrément du seul abattoir temporaire à Élancourt a été obtenu grâce au travail accompli par le collectif des associations musulmanes de Saint-Quentin-en-Yvelines, en concertation étroite avec sept municipalités du département.

Ainsi, pour que la demande puisse mieux correspondre à l’offre, bien du chemin reste à faire dans les années qui viennent. Un travail qui se doit d’être pris à bras-le-corps et en amont par les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), qui se revendiquent comme les interlocuteurs officiels de l’État. Un soutien plus marqué des CRCM aux associations locales donnerait du poids aux initiatives qui seront entreprises.


*Selon la DGAL, un abattoir a été oublié d’être mentionné dans la liste officielle de 2010.
Pour connaître les abattoirs temporaires agréés, cliquez ici






Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur