Société

Abdallah Zekri/Mila : Schiappa monte au créneau, le CFCM déplore l'occultation médiatique de sa position

Rédigé par | Mardi 28 Janvier 2020 à 13:00

La polémique enfle autour des propos tenus par le président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, sur l'affaire dite Mila. La secrétaire d'Etat à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa a dénoncé des « propos criminels », tandis que le Conseil français du culte musulman (CFCM) a déploré l'occultation médiatique de sa position officielle.



« Rien ne saurait justifier les menaces de mort à l’égard d’une personne quelque soit la gravité des propos qu’elle aurait tenus. » Cette déclaration responsable du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont Saphirnews s'est fait l'écho dès jeudi 23 janvier après les menaces visant une adolescente après des propos anti-islam, est passée quasi-inaperçue.

Le président de l’Observatoire national de lutte contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, ont, en revanche, été abondamment repris et commenté. « Elle l’a cherché, elle assume. Qui sème le vent récolte la tempête », a-t-il lâché, vendredi 24 janvier, dans les ondes de Sud Radio. Abdallah Zekri a certes clairement condamné les menaces de mort visant Mila – qui, depuis, s’est excusée pour ses mots – mais ses propos n’en demeurent pas moins malheureux.

Les propos d'Abdallah Zekri vivement condamnés

Les propos ont suscité une vive polémique, jusqu’à faire réagir, mardi 28 janvier, la secrétaire d'Etat à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, pour qui les propos d’Abdallah Zekri sont « criminels ». « Je trouve que ce sont des propos criminels, ce sont des propos coupables, et je me bats contre cette idée selon laquelle une femme, une jeune fille en l'occurrence mais qui que ce soit qui serait victime de violence, de cyberharcèlement, ce serait parce que cette personne l'aurait cherché », a-t-elle déclaré sur France Inter.

De son côté, le CFCM a décidé de réagir, mardi 28 janvier, pour rappeler qu’il s’est officiellement exprimé par la voix de son président Mohammed Moussaoui pour condamner fermement les menaces de mort envers Mila.

« Il convient de rappeler qu’Abdallah Zekri (…) a clairement condamné les menaces de mort dont l’adolescente a fait l’objet. Toutefois l’expression "Elle l’a cherché", utilisée par Abdallah Zekri et sortie de son contexte, pour pointer la responsabilité de la jeune fille face aux propos qu’elle a tenus, n’était pas appropriée », indique l’instance dans un communiqué.

Le CFCM déplore que l'occultation de sa position

Depuis, le délégué général du CFCM « s’est expliqué sur cette expression et a réaffirmé qu’il parlait de la responsabilité de la jeune fille devant la justice qui a ouvert une enquête sur ses propos et, qu’en aucun cas, il n’avait cautionné les menaces ou insultes visant la jeune fille », affirme-t-on. « Aussi accuser cet homme, lui-même régulièrement objet de menaces de mort et d’insultes, de verser dans l’extrémisme, est injuste et inacceptable. »

« En occultant la position officielle du CFCM sur cette affaire, certains médias ont voulu entretenir la polémique au lieu de faire écho à la parole juste et responsable de l’instance représentative du culte musulman », conclut ainsi l’institution.

A noter aussi, cette réaction de Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris et vice-président du CFCM, sur Twitter : « Rien ne peut justifier des menaces de mort. Ceux qui prétendent défendre l’islam en menaçant et en insultant ceux qui le critiquent, alimentent ces derniers. Un croyant doit demeurer calme, serein et digne en toutes circonstances. C’est la ligne que nous défendrons toujours mort. »

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Vienne (Isère) dans le cadre de l’affaire dite Mila : l’une pour « provocation à la haine raciale » afin de vérifier si les propos tenus par l'adolescente peuvent être poursuivis ou pas, et l’autre pour « menaces de mort ».

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur