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Sur le vif

Théorie du genre : une maîtresse accusée d'atteinte à la pudeur

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 2 Avril 2014 à 11:58

           


Une histoire hallucinante alimentant la polémique sur l'enseignement de la théorie du genre à l'école circule. Tout démarre vendredi 28 mars avec un témoignage choc d'une mère de famille rapporté sur la page Facebook de la Journée de retrait de l'école (JRE), l'initiative lancée par Farida Belghoul, une enseignante proche de l'essayiste d’extrême droite Alain Soral, pour dénoncer l'enseignement de la théorie du genre à l'école.

« Mon fils de trois ans et une petite fille du même âge ont été invités par la maîtresse à baisser leurs pantalons, à se toucher mutuellement le sexe, et à se faire "des bisous "», raconte cette maman de nationalité tchétchène, qui s'est basée sur les déclarations de son jeune enfant. Farida Belghoul, la figure de proue de la contestation anti-gender née il y a plusieurs mois, se rend aussitôt sur les lieux des faits, dans une école de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire), est-il précisé. Puis dans une vidéo, depuis supprimée, Dalila Hassan, responsable JRE de Joué-les-Tours revient sur les accusations portées à l'encontre de l'institutrice qui permettent au mouvement d'illustrer l'existence et les dérives de l'enseignement de la théorie du genre. Un certificat médical établi par un hôpital de Tours faisant état du comportement d'agitation de l'enfant avant l'examen est mis en évidence par les partisans des JRE.

Face à ces accusations, l'enseignante mise en cause et la directrice de l'école ont porté plainte. Le directeur académique des services de l’éducation nationale, Antoine Destrés, qui a apporté son « soutien sans ambiguïté à l’enseignante et à l’équipe pédagogique de l’école » a également « déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse ».

« Une campagne mensongère et réactionnaire » dénoncée

Du côté des syndicats des enseignants, on prend aussi la défense de l'institutrice. Le syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et Pegc (Snuipp) dénonce « une campagne mensongère et réactionnaire qui vise à effrayer les parents d'élèves ». « Il est inimaginable de penser qu’une maîtresse d’école a fait se déshabiller les enfants et les a forcés à se toucher. Mais cela fait gonfler la rumeur », déplore Céline Rigo, la secrétaire nationale du syndicat des enseignants (SE-UNSA) du premier et second degré. Sud Éducation, Réseau éducation sans frontière et d'autres ont également dénoncé des mensonges.

La maman accusatrice qui ne parle pas bien le français devait déposé plainte mardi 1er avril mais elle n'a pas pu le faire. Fait trouble : d'après des informations de La Nouvelle République, « le mouvement JRE et sa responsable nationale, Farida Belghoul, ont tenté d'imposer un traducteur. Les enquêteurs de police ont refusé, préférant avoir recours à un interprète neutre et assermenté ».

A l'occasion de la 3e JRE organisée lundi 31 mars, une telle histoire apparaît comme un bon moyen pour booster la participation des parents à une mobilisation qui semble s'être essoufflée. Difficile de savoir cependant son ampleur car aucun chiffre national sur l'absentéisme n'a été communiqué. « Il n’y a pas de chiffres officiels, mais pour l’instant ça reste marginal. Là où des militants JRE sont implantés, ça se développe un peu, sinon, ça ne prend pas. Ce qui est surprenant, c’est que le mouvement lancé par la JRE au niveau national est suivi y compris dans des académies qui ne font pas ‘’l’ABCD de l’égalité’’», le dispositif dénoncé par les anti-gender, indique Céline Rigo.

Cet enseignement n'est d'ailleurs pas mis en place à l'école incriminée de Joué-les Tours qui dépend de l'académie d'Orléans-Tours. La majorité des parents d'élèves ont conservé leur confiance dans l'établissement. Mais 20 % des élèves de la classe manquaient à l'appel lundi, note La Nouvelle République. Face à la peur qui saisit des parents d'élèves d'une part et les craintes de manipulation des esprits de l'autre, l'affaire qui secoue actuellement l'établissement va devoir être éclaircie rapidement.





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