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Points de vue

Rûmî : un maître universel

Rédigé par Marie-Odile Delacour | Vendredi 16 Novembre 2012 à 20:15

           

Le 2 décembre prochain, à Paris, l’association Les Amis d’Éva de Vitray-Meyerovitch célèbre les « noces » du grand poète mystique de langue persane (XIIIe siècle) en invitant trois spécialistes à méditer sur son œuvre, traduite en français par Éva de Vitray-Meyerovitch à la fin du XXe siècle. Cette dernière rendait enfin accessible aux lecteurs francophones un trésor ignoré d’eux pendant près de huit siècles.



Rûmî : un maître universel

Le Mathnawi

« Somme spirituelle, comédie humaine et divine, apogée de la poésie mystique musulmane (…) à qui il ne manque aucun élément nécessaire à une étude générale sur la vie, la pensée et l’origine de la pensée », écrit la traductrice dans son introduction au Mathnawi.

Rûmî s’y révèle non seulement poète inspiré, mais aussi un commentateur du Coran comme nul autre pareil. Les contes, les allusions, les suggestions, les conseils, les mises en garde, les envolées lyriques ou les traits subtils brûlant d’amour mystique sont agencés de telle façon que le lecteur suit sans forcément s’en rendre compte un vrai parcours spirituel.

Jamais Rûmî n’assène de vérité définitive, il suggère, contredit, détourne l’attention pour mieux la dérouter et finalement amène en douceur le lecteur à affiner ses propres critères, à oser penser par lui-même.

Une démarche trop rare en islam où, comme dans de nombreuses religions, beaucoup sont tentés de penser à la place des autres,

Les Noces

À sa mort, le 17 décembre 1273, la dépouille du poète, simplement enveloppée d’un drap sans couture selon la tradition, fut suivie dans les rues de Konya, en Turquie, où il vécut la grande partie de sa vie, par des musulmans, des juifs et des chrétiens, qui, tous, d’un seul cœur désiraient rendre hommage à leur maître.

Au-delà des formes parfois étroites des religions, les mots de Rûmî touchent tous les cœurs avides de dépassement.

Pour lui, la mort fut une fête, toujours célébrée en Turquie où l’on évoque encore « les noces » de Rûmî avec Dieu, c’est-à-dire l’union tant recherchée au cours de sa vie sur les traces du maître qui lui enflamma le cœur d’amour mystique : Chams ed-Din de Tabriz.

Trois éclairages

Les Amis d’Éva de Vitray-Meyerovitch, une association créée en 2009, l’année du centenaire de sa naissance et du 10e anniversaire de sa mort à Paris, ont invité trois éminents chercheurs spécialisés dans le soufisme.

Le premier, Fra Alberto Fabio Ambrosio, dominicain et spécialiste du soufisme turc, vit et enseigne à Istanbul. Il évoquera l’histoire de la fondation des derviches tourneurs à Konya et la vivacité du souvenir de Rûmî en Turquie.
Leïli Anvar, franco-iranienne, enseignante à l’INALCO, s’interrogera sur les effets de la lecture de cette œuvre sur ceux qui s’y engagent.
Éric Geoffroy, enfin, auteur de nombreux ouvrages sur le soufisme, s’intéressera à l’influence de Rûmî sur la pensée d’Éva de Vitray-Meyerovitch, à partir de son introduction suscitée.


« Lire Rûmî », table ronde organisée par l’association Les Amis d’Éva de Vitray-Meyerovitch, dimanche 2 décembre 2012, Forum Vaugirard, 104 rue de Vaugirard, 75006 Paris.
En savoir plus : ici






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